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Le Garage Bel-Air change de famille
Vincent et Antoine Martin. © Michel Duperrex

Le Garage Bel-Air change de famille

5 janvier 2021

Le doyen des agents Ford du pays passe dans les mains du Groupe Leuba. Retour sur une saga familiale presque centenaire.

Le Garage Bel-Air, agent général des marques Ford et Peugeot, vient de changer de mains. L’entreprise présente à l’avenue des Sports et à Payerne, passe des mains de la famille Martin à celles de la famille Leuba. Les clients ont été informés à la veille de Noël. Cette transmission s’effectue en douceur, entre des acteurs du marché automobile qui se connaissent depuis des décennies. Avec cette transmission, c’est une page de l’histoire de l’économie locale qui se tourne. En effet, l’entreprise était dirigée par la famille Martin depuis près d’un siècle. Et le Garage Bel-Air est le doyen des agents Ford du pays.

«Les premières approches ont eu lieu il y a trois ans. La famille Leuba a manifesté son intérêt pour le garage. J’en ai parlé avec mon fils Vincent, directeur et propriétaire de l’entreprise. Finalement, nous nous sommes dit que c’était une opportunité», explique Antoine Martin, administrateur et père du directeur. Il relève au passage que l’intérêt de la famille Leuba est très ancien: «à l’époque, ils avaient approché mon grand-père.»

Les deux partenaires se sont d’autant mieux entendus qu’ils se connaissent de longue date. Le Groupe Leuba, l’un des plus importants de la branche en Suisse romande, est aussi présent dans la capitale du Nord vaudois depuis de longues années, avec, entre autres, la représentation de Mercedes.

Le caractère familial des deux sociétés a facilité les choses. Les 34 collaborateurs du Garage Bel-Air – huit, dont un apprenti, œuvrent sur le site de Payerne –, au nombre desquels figurent sept apprentis, continuent leur activité au service de leur nouvel employeur.

L’histoire du Garage Bel-Air débute dans les années vingt à la rue Roger-de-Guimps, sous Louis Spaeth, l’arrière-grand-père de Vincent. Au gré d’un mariage, la famille Martin poursuit l’aventure dès la génération suivante avec Michel Martin. Antoine prend le relais il y a quarante ans, et passe la main à son fils Vincent, diplômé en hautes études économiques, il y a près de vingt ans.

«J’hésitais à m’engager dans l’entreprise, j’avais envie de tenter des expériences ailleurs. Mais à ce moment-là, Ford redistribuait les territoires d’activité. C’était finalement le bon moment», témoigne Vincent Martin.

Non seulement il n’a jamais regretté son choix, mais, en l’espace de quelques années, il a réussi à donner une belle dynamique à l’entreprise. D’ailleurs, son père Antoine ne tarit pas d’éloges: «A l’époque, on vendait 180 véhicules neufs par année. Vincent, avec l’aide du réseau, a porté les ventes à 800 véhicules. Je dois dire que je suis assez admiratif.»

Il faut dire que peu après l’arrivée de Vincent dans l’entreprise, le Garage Bel-Air, jusque-là représentant exclusif de Ford, est aussi devenu, en 2002, lorsque la famille Humberset a vendu son garage de la route de Lausanne – le site est occupé par la station-service BP –, l’agent général Peugeot pour la région. Jusqu’à cette époque, les importateurs exigeaient une exclusivité, qui a été anéantie par les nouvelles règles du marché.

Antoine et Vincent Martin sont des témoins privilégiés de l’extraordinaire évolution de la branche automobile, tant du point de vue des véhicules eux-mêmes, que des habitudes d’achat. Pour résumer, les acquéreurs sont passés de la fidélité absolue à une marque, voire à un modèle, à une forme de «zapping». Dans le même temps, internet a engagé une véritable révolution.

«Avant, les gens allaient au Salon de l’automobile de Genève pour découvrir les véhicules. Puis, ils venaient les essayer au garage. Aujourd’hui, ils trouvent tous les détails en ligne», explique Antoine Martin. Au point d’ailleurs que la pandémie a achevé la manifestation genevoise, qui faisait d’ailleurs de moins en moins figure de pôle d’attraction pour les plus grandes marques mondiales.

Au Garage Bel-Air aussi, les choses ont évolué. Il fut un temps où l’atelier et la qualité du service contribuaient à soutenir la vente des véhicules. Les rôles respectifs se sont inversés. Même si l’atelier, et la qualité du service, restent primordiaux.

De ce point de vue-là, le Garage Bel-Air a la chance de disposer de collaborateurs qualifiés et d’un chef d’atelier, Jean-François Perrier, qui fait figure d’éminence. Il n’est pas rare que ce vétéran, fidèle à la société depuis trente-trois ans, reçoive des téléphones de collègues de tout le pays confrontés à un problème ardu, en particulier lorsqu’il s’agit d’un véhicule Ford.

A l’heure de dresser un bilan, Vincent Martin souligne aussi la qualité du réseau, les Garages Mattei à Baulmes, Gobalet à La Sarraz, Le Marais à Yvonand, pour la marque Ford, et Le Repuis à Grandson, le Garage de Ballaigues et le Garage Grandjean au Mont-sur-Lausanne pour Peugeot. C’est grâce à ce réseau, sans oublier la succursale de Payerne, que le Garage Bel-Air est monté en puissance ces vingt dernières années.

Au moment de passer le témoin, Vincent Martin n’émet aucune nostalgie. Il relève les bons rapports avec les collègues de la place, notamment au travers du Groupement des garagistes yverdonnois, où se retrouvent en particulier les entreprises familiales. Mais dans ce cadre aussi, les habitudes des automobilistes ont évolué. Le Salon de l’occasion a vécu. Quant aux portes ouvertes organisées simultanément après le Salon de Genève, elles devraient subsister malgré la disparition de la grande manifestation genevoise.

La famille Martin a toujours privilégié la qualité du service qui reste, malgré l’évolution des coutumes d’achat, le point d’ancrage du client. «Ils sont bons nos mécaniciens. Et nous avons toujours eu à cœur de former des apprentis. La famille Leuba hérite d’une belle équipe», ajoutent en conclusion Antoine et Vincent Martin. Pour ce dernier, âgé de 49 ans, l’heure de la retraite est encore loin. Après avoir assuré la transition, il compte se consacrer à des projets personnels.

L’acquisition du Garage Bel-Air par le Groupe Leuba ne tient pas du hasard. En effet, le Garage la Plaine est non seulement à l’étroit, mais en raison de l’évolution urbanistique, aucune extension ne serait possible. A contrario, la parcelle de l’avenue des Sports (10 000 m2), présente une belle opportunité de développement pour un groupe ambitieux.

 

Le Groupe Hotz s’implante dans la région

 

Le Nord vaudois est décidément une région très convoitée par les garagistes neuchâtelois. Non seulement en raison de sa proximité avec le canton voisin, mais aussi et surtout parce que le dynamisme démographique, qui a contribué au développement récent de la région d’Yverdon-les-Bains, est un véritable atout en termes d’économie et de consommation, deux bases essentielles pour la bonne marche des affaires.

Ainsi, après la famille Senn (Audi, Volkswagen), qui a repris l’ancien garage Amag du Bey, et la famille Lanthemann (Skoda), qui a construit un garage flambant neuf à Champagne, c’est au tour de la famille Hotz – les frères Grégoire et Valentin Hotz – de devenir très prochainement un acteur incontournable de la branche automobile dans la région.

En effet, désaffecté depuis près d’une année, le Garage des Lovats, situé au Bey, sur le territoire de Montagny-près-Yverdon, va revivre dès le mois de février. Il a en effet été acquis par les Garages Hotz, un groupe familial basé à Travers (NE). «Lorsque nous nous sommes intéressés à nous établir dans le Nord vaudois, on nous a proposé ce garage en location. Nous, on voulait acheter. Nous avons finalement pu l’acquérir de la Fondation Nitos», confirme Valentin Hotz, administrateur délégué du groupe.

Et de poursuivre: «Nous effectuons actuellement des travaux. Nous pensons ouvrir en février. Nous avons déjà engagé, courant décembre, les douze personnes qui y travailleront.»

Représentant des marques Peugeot et Citroën dans les cantons de Neuchâtel et du Jura, le Groupe Hotz – Valentin est associé avec son frère Grégoire, président – assurera également la représentation des deux grandes marques françaises dans la région dès le début de l’été prochain.

Le Groupe Hotz est également présent à La Chaux-de-Fonds et à Bevaix (NE), où il exploite l’ancien garage Apollo, fondé il y a plus de cinquante ans par la famille Favre, qui avait longtemps représenté Citroën à Yverdon (Apollo, puis Apollo Rouge).

Isidore Raposo