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Le géant de Dakar
© Gabriel Lado

Le géant de Dakar

20 janvier 2022

Elesson Mendy fait le bonheur de l’USY depuis l’automne. Itinéraire d’un ex-pro, qui a toujours la flamme, peu importe le niveau.

«Au foot, je n’ai même pas fait une semaine. Il faisait tellement froid! Il y avait même la neige, c’était la première fois que j’en voyais.» En débarquant à Paris en plein hiver à 13 ans, après des années passées à taper dans le ballon avec ses copains de quartier à Dakar, Elesson Mendy a très vite changé de discipline de cœur pour se retrouver au chaud. Et son parcours lui a donné raison.

On vit la fin du mois de décembre 1998. Le jeune Elesson Mendy rejoint en France son papa, sur place depuis quelques années, avec ses deux sœurs et son frère (trois demi-frères supplémentaires sont nés dans l’Hexagone). Le jeune homme ne parle pas un mot de français en débarquant dans la banlieue parisienne, mais le langage du sport est universel, et lui permet de s’intégrer. «C’est un de mes copains, un voisin, qui m’a proposé de le suivre au basket. Sa maman était alors présidente du club d’Evry, se souvient, avec beaucoup de reconnaissance, celui qui culminait alors déjà aux alentours de 1m95. J’étais tout le temps chez eux, c’est devenu comme chez moi.»

Rapidement, sur les parquets, Elesson Mendy fait des étincelles. Le club rival d’Evry, Ris Orangis, essaie de le débaucher, puis c’est au tour de Cholet. Pour finir, le jeune homme ira parfaire sa formation du côté de Mulhouse, dès l’an 2000, puis à Strasbourg, jusqu’à intégrer l’effectif professionnel. Le début d’une belle carrière dans le basket, qui l’a notamment mené en Suisse, à Boncourt, où il évoluait en tant qu’étranger sous les ordres de Randoald Dessarzin.

Et puis, au printemps 2020, commence le confinement. La dernière saison d’Elesson Mendy – connu sous le nom d’Elson Mendy dans le milieu du basket, en raison d’une erreur administrative commise il y a bien longtemps – ne se passe pas très bien, avant le coup d’arrêt lié à la pandémie. Il rejoint alors Yvonand, où vit sa conjointe. «Je voulais revenir jouer en Suisse, pour être auprès d’elle. Je devais signer à Lausanne, puis ça ne s’est pas fait.» Dans le même temps, l’ex-basketteur pro entreprend sa reconversion. Il s’agit de préparer l’avenir.

«J’ai eu des touches au Qatar, en Iran, en Belgique et même en France, mais je ne voulais pas partir. Si j’avais eu 20 ans, oui, mais là, j’ai décidé de privilégier la famille.» Arrive le jour où sa copine lui signale qu’il y a une équipe à Yverdon. «Il ne s’était pas passé deux minutes que je téléphonais au club. Je voulais jouer!» Et voilà comment Elesson Mendy, désormais 36 ans, fait le bonheur de l’USY, avec 25,8 points de moyenne lors des quatre matches disputés sous ses nouvelles couleurs.

Alors bien sûr, en 1re ligue, il trouve un niveau bien loin de ses standards, lui qui, à 36 ans, pourrait encore évoluer avec des pros. Mais le basketteur de 2 mètres prend tellement de plaisir à se retrouver sous les paniers, que ce simple bonheur lui suffit. «Il faut dire que j’ai été super bien accueilli. Les gars sont super sympas, l’ambiance est excellente dans l’équipe, assure-t-il, un grand sourire illuminant son visage. Je suis ravi de pouvoir apporter mon expérience à l’équipe.» Une formation néo-promue, qui plus est.

Simplement content de rejouer, motivé, Elesson Mendy espère encore fouler longtemps les parquets. «Jusqu’à ce que je ne puisse plus. Si je peux aider Yverdon, je suis là!» Voilà qui va faire des heureux.

 

«J’adore la fondue»

 

«J’ai grandi près de l’océan, au Sénégal. Ici, à Yvonand, il y a le lac à côté. C’est comme si c’était les vacances.» Elesson Mendy adore sa vie dans le Nord vaudois, lui qui y entreprend sa reconversion. «Le confinement m’a aidé à bien réfléchir», souligne le basketteur qui s’est lancé dans une formation d’instructeur de fitness. Depuis le 1er septembre dernier, il travaille dans une salle à deux pas de son domicile.

«Tout le monde est adorable ici, que ce soit ma famille, les gens au travail, les joueurs de mon équipe», lance celui qui s’intègre très bien. «J’aime la vie en Suisse, et surtout la fondue!» se marre-t-il. Et de poursuivre: «Les enfants de ma belle-sœur m’ont appris à jouer au jass. Ils m’ont dit qu’à présent j’étais un bon Suisse. Il me reste encore le ski à bien apprendre. J’ai déjà pris quelques cours, mais ce n’est pas encore ça.»