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Le hockeyeur devenu entraîneur de foot
Giuseppe Pappalardo. © Michel Duperrex

Le hockeyeur devenu entraîneur de foot

28 avril 2023

Football - Attaquant du HC Yverdon, Giuseppe Pappalardo est un passionné du ballon rond depuis toujours, ce qui lui vaut parfois d’être chambré par ses coéquipiers. Depuis l’hiver écoulé, il coache la «deux» du FC Suchy, en 5e ligue.

Certains de ses coéquipiers du HC Yverdon disent de lui qu’il joue au hockey comme si c’était du foot, et plaisantent en affirmant qu’ils ne sont pas sûrs que Giuseppe Pappalardo connaisse les règles de la discipline qu’il pratique depuis petit. «Ils me taquinent souvent à ce sujet, et ils ont rigolé dans le vestiaire quand ils ont appris que je m’étais mis au foot. Encore plus quand ils ont su que je coachais, sourit le principal intéressé. Je regarde beaucoup de matches, et le travail des entraîneurs m’a toujours intrigué. En janvier dernier, j’ai écrit à Olivier Gaillard (ndlr: en charge de l’administration du FC Suchy), et je lui ai dit que j’étais intéressé à être entraîneur assistant de n’importe quelle équipe, de juniors ou d’actifs. J’avais envie d’apprendre le métier.»

Avec le départ d’Eudis, une place s’est libérée sur le banc de la «deux» durant la pause hivernale, et l’étudiant en droit, qui est en train de finir son master, s’est finalement retrouvé entraîneur principal. «Contrairement à ce qui était prévu au départ, je ne joue pas, parce que j’estime que tu perds un peu le contrôle si tu es entraîneur-joueur. La seule exception, c’est si je découvre qu’il manque quelqu’un les jours de match. Parce qu’il arrive qu’un joueur ne soit pas là le dimanche matin et ne m’écrive que deux jours plus tard pour s’excuser…»

L’Yverdonnois, qui habite à présent aux Tuileries-de-Grandson, n’avait avant cela vécu que six mois d’entraînements de foot, au printemps dernier. «Je voulais commencer à jouer, et deux, trois gars m’avaient proposé de rejoindre leur équipe respective, aussi en 4e ligue. Mais comme j’avais peur de ne pas avoir le niveau, je suis allé sur le site de l’association cantonale, j’ai regardé les classements, et j’ai vu que Suchy II était dernier. Donc je me suis dit que si je n’arrivais pas à jouer là, c’est que je n’avais rien à faire dans le foot. C’est comme ça que j’ai atterri au FCSS», rigole Giuseppe Pappalardo.

Pour sa nouvelle fonction, le Nord-Vaudois de 28 ans s’est inspiré des coaches qu’il a côtoyés au hockey. «Aussi pour éviter de répéter auprès de mes joueurs des choses que je n’ai pas appréciées, notamment le manque de compréhension et de retours, glisse-t-il. Je me rends également compte que c’est très bien d’avoir un assistant, et on s’appelle toujours la veille du match avec Omar Coly, qui endosse ce rôle tout en jouant, notamment pour faire le point et discuter de qui sera titulaire. Il me dit aussi quand il pense que quelque chose ne va pas, ce qui est bien.»

 

«J’ai regardé les classements, et j’ai vu que Suchy II était dernier. Donc je me suis dit que si je n’arrivais pas à jouer là, c’est que je n’avais rien à faire dans le foot.»

 

Celui qui donne régulièrement de la voix aux matches d’Yverdon Sport au sein de la Section Lac a suivi les quatre heures de cours de base nécessaires pour coacher, où il s’est retrouvé avec… trois joueurs d’YS. «Il y avait Kevin Martin, Miguel Rodrigues et Hugo Fargues, c’était cool! J’aimerais bien faire les modules suivants pour essayer d’avoir un diplôme en plus. Je me suis lancé là-dedans un peu comme ça, mais si, par la suite, ça fonctionne bien et que j’ai l’occasion d’aller entraîner plus haut, pourquoi pas.»

Bien qu’il ne vienne pas du monde du foot, ses débuts à la tête de Suchy II se sont relativement bien déroulés. «La plupart des joueurs me connaissaient du fait qu’on avait évolué ensemble le printemps d’avant. Ils connaissaient mon engagement, mon sérieux, et je pense qu’ils apprécient le fait que je ne fasse pas trop de blabla. Je me suis beaucoup préparé en amont, je suis arrivé avec mon tableau, ce que nous n’avions pas avant, et un système de jeu, le 4-2-3-1. J’étais sûr de vouloir jouer à quatre derrière, parce qu’avec une équipe de 5e ligue qui joue à 10h du matin le dimanche, je préférais assurer, rigole le fan de la Roma. C’est un système prudent, avec beaucoup de joueurs au milieu, et qui passe pas mal par les côtés, ce que j’aime. J’ai effectué beaucoup de recherches, j’ai regardé des vidéos, aussi pour avoir des idées d’entraînements spécifiques. Au final, je n’ai jamais eu de remarques du style mais il raconte quoi, le mec ne comprend rien au foot!»

Ses deux disciplines de prédilection ont beau comporter des différences, Giuseppe Pappalardo peut s’appuyer sur son vécu de hockeyeur pour certains aspects de son rôle d’entraîneur. «Il y a des choses extrêmement prenantes, par exemple le fait d’avoir 25 joueurs et de ne devoir en retenir que 18 pour les matches. C’est difficile de ne pas avoir d’états d’âme, de se dire je ne prends que les meilleurs, c’est comme ça. Souvent, je mets un message à ceux que je n’ai pas choisis pour leur expliquer pourquoi. Ne pas être convoqué, et parfois sans explications, c’est quelque chose que j’ai vécu au hockey, je sais ce que cela fait. Alors je préfère être clair. Et j’ai aussi remarqué qu’on ne faisait pas assez de tactique au HCY, donc j’en fais à Suchy avant les matches. Je dis toujours à mes joueurs que le but est qu’ils sachent exactement ce qu’ils doivent faire, qu’ils aient la balle ou non. C’est difficile à mettre en place, mais si tu veux avoir une équipe performante, tu es obligé.»

 

Il a choisi le hockey grâce à un entraîneur

Avant de rejoindre Suchy II, la saison dernière, Giuseppe Pappalardo avait déjà eu l’occasion de jouer au foot en club quelques mois lorsqu’il était petit, en parallèle du hockey. «Je préférais l’entraîneur dans cette dernière discipline, c’est ça qui a dicté mon choix, rigole celui que sa maman a inscrit au hockey après qu’il a vu passer une photo dans le journal. Mais j’ai toujours beaucoup joué au foot dehors, avec les copains, surtout quand j’habitais à Yverdon.» Le Nord-Vaudois a récemment prolongé son contrat au HCY, qui évoluera en 2e ligue la saison prochaine, et espère réussir à concilier le foot et le hockey cet automne, quand les deux disciplines seront en plein championnat.

 

La Ligue 2 au lieu du derby

Giuseppe Pappalardo ne cache pas qu’il regarde bien plus de matches de foot que de hockey, à la télé comme en vrai. «Je suis un peu de tout, même des rencontres improbables. Une fois, il y avait le derby mancunien, entre City et United. Mais, à l’époque, Eurosport diffusait la Ligue 2, et j’ai choisi de regarder ça. J’avais suivi la saison jusque-là, je voulais voir comment les joueurs continuaient d’évoluer. Mon frère a dit que j’étais complètement malade!»

Muriel Ambühl