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Le Manège d’Yverdon est en vente
© Michel Duperrex

Le Manège d’Yverdon est en vente

12 mai 2021

Le propriétaire Max Studer envisage une transition en douceur.

 

«Pour moi, la boucle est un peu bouclée. J’ai développé et rénové les installations ces dernières années. J’ai 60 ans et il faut penser l’avenir. C’est une entreprise qui conviendrait à quelqu’un qui se projette», explique Max Studer, l’homme qui a redonné, c’est le moins que l’on puisse dire, ses lettres de noblesse au Manège d’Yverdon-les-Bains.

Le ou les futurs repreneurs bénéficieront d’installations modernes, en pleine activité. «Idéalement, cela conviendrait bien à un couple qui participe à des concours et qui enseigne. Il faut avoir la fibre de l’enseignement, car ici c’est important. Et de pouvoir accompagner les élèves en concours, c’est l’idéal», explique le propriétaire.

Evidemment, une telle entreprise n’est pas à la portée de tout le monde. Le ou les futurs acquéreurs devront débourser près de 10 millions de francs. «C’est ce que cela m’a coûté», explique Max Studer.

Plusieurs agences immobilières, en Suisse et en France, proposent les installations à la vente. «En début d’année, nous avons eu pas mal de demandes. Même celle d’un acquéreur étranger intéressé à s’implanter en Suisse. Mais les restrictions ont un peu freiné les choses», souligne le propriétaire.

En effet, ceux qui ont connu les installations existantes avant la reprise par l’entrepreneur yverdonnois, qui avait créé et exploité durant de nombreuses années la société de travail temporaire qui porte encore son nom – elle a été acquise par le groupe français Leader – sont admiratifs.

L’entrepreneur yverdonnois a non seulement réorganisé les structures, mais il les a rénovées, parfois reconstruites, et complétées. Le grand manège couvert, bien visible depuis le viaduc autoroutier qui contourne la ville, aménagé il y a cinq ans, en constitue l’immeuble le plus emblématique. Le Poney Club dispose de son propre manège. Un immeuble d’habitation abritant des appartements et des studios a aussi été construit. Les surfaces habitables totalisent 1234 m2.

Le complexe dispose d’une bonne centaine de boxes, avec sellerie intégrée et, pour certains, une douche, voire un solarium et une terrasse. Un club house chauffé, un bar-restaurant et des bureaux complètent l’ensemble dispersé sur une parcelle de quelque 18 000 m2, comprenant notamment 5000 m2 de parcs de verdure.

L’ensemble est situé sur une parcelle communale en zone équestre, et bénéficie d’un droit de superficie (DDP) d’une durée de cinquante ans.

En temps normal, le Manège accueille plusieurs dizaines de concours chaque année. Et au quotidien, ce sont de nombreux enfants qui y suivent des cours. Des propriétaires y placent leurs équidés et viennent les monter régulièrement. Même si les restrictions imposées par les autorités dans le cadre de la pandémie ont, sur ce dernier point, modifié les choses.

En effet, si l’enseignement peut avoir lieu dans des conditions proches de la normale, moyennant les précautions d’usage, il en va autrement des concours. «L’année dernière, on a été bouclés durant deux mois. Après, cela a repris gentiment. Mais nous avons été pénalisés. Et cette année cela recommence. Depuis le printemps, nous avons déjà perdu quinze jours de concours en avril et mai. Et je viens d’annuler les épreuves prévues prochainement», explique Max Studer.

Lorsqu’on aborde ce problème, le propriétaire du Manège est franchement irrité: «A Berne, Schaffhouse et Fribourg, ils peuvent organiser des concours. Nous on a annulé… et ils ont tout de suite repris nos dates! Nous avons proposé un concept avec des groupes de quinze concurrents, comme à Berne. Mais nos autorités ne veulent pas en entendre parler. Dans le canton de Vaud, c’est quinze personnes, jury et personnel compris. Autant dire que ce n’est pas possible», tonne l’entrepreneur.

La demande a été formellement faite à la Police du commerce, qui l’a soumise au groupe manifestations de l’Etat-major de conduite (EMCC). «Notre association faîtière vaudoise a même écrit aux services de Monsieur Leuba, sans succès…», déplore Max Studer.

Et lorsqu’on lui pose la questions sur d’éventuelles aides, le propriétaire du Manège précise qu’il n’en a pas bénéficié. Sans doute parce que vu du point de vue des autorités, les chevaux placés en pension suffisent à assurer le nécessaire.

Or il n’en est rien, assure le propriétaire. Pour s’en occuper et les sortir, il faut presque plus de personnel. Par ailleurs, les boxes ne sont pas pleins. «Avec la crise, certains propriétaires ont décidé de réduire les frais. Ils ont par exemple placé leur cheval chez un agriculteur, près de leur domicile. Cela leur coûte moins cher et leur permet de réduire les déplacements», ajoute Max Studer.

Président de la société du Manège à l’époque où l’institution était contrôlée par la Ville, le syndic Jean-Daniel Carrard est simplement admiratif lorsqu’il évoque le travail réalisé par Max Studer: «Il faut reconnaître qu’il a dynamisé le Manège de manière extraordinaire en organisant des concours hippiques et en développant les installations. C’est une plus-value pour la ville.»

Le syndic «comprend que le propriétaire ait envie de lever le pied» et espère qu’il trouvera des repreneurs déterminés à suivre la direction qu’il a donnée.

Isidore Raposo