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Le manque d’or blanc inquiète
Les conditions étaient idéales, sans même l’aide des canons à neige, sur les pistes fin novembre pendant deux jours, avant que le domaine ne se mette à nouveau en hibernation, faute de nouvelles chutes d’or blanc. dr

Le manque d’or blanc inquiète

18 décembre 2024 | Textes: Robin Badoux
Edition N°3855

La neige manque toujours au domaine de Sainte-Croix – Les Rasses. Une ouverture pour Noël est néanmoins envisagée. Malgré tout, cette situation engendre inquiétudes et questionnements quant à l’avenir du ski dans le Nord vaudois.

La saison hivernale avait démarré sur les chapeaux de roues avec une ouverture très précoce cette année du côté du domaine de Sainte-Croix – Les Rasses. Le grand épisode neigeux du mois de novembre avait permis d’ouvrir pendant deux jours, les 23 et 24 novembre, pour le plus grand plaisir des habitués «qui ont répondu présent», témoigne Corinne Graf, de la Société coopérative des Remontées mécaniques du Balcon du Jura vaudois (SCRMBJV). «C’est une première mise en jambes qui a valu le coup, les gens étaient reconnaissants.»

Deux jours bénis pour le domaine nord-vaudois, qui a cependant dû fermer aussitôt, faute de nouvelles chutes d’or blanc. «On a décidé de ne pas s’acharner avec les canons à neige. Avec le froid, un fond reste, mais l’enneigement est très faible avec seulement cinq centimètres à la station aujourd’hui», ajoute la responsable caisse, événements et secrétariat.

Survie menacée

Une situation loin d’être idéale pour le domaine skiable, dont les jours d’ouverture s’amenuisent au fil des ans. «On joue la survie de la société. Si la neige ne vient pas, on ne sait vraiment pas ce qui va se passer», admet Yvan Pahud, vice-syndic de Sainte-Croix en charge du tourisme, qui rappelle que les communes de Sainte-Croix et Bullet ont dû intervenir par deux fois ces derniers temps pour venir en aide financièrement à la SCRMBJV.

Déjà, deux téléskis ont été fermés: d’abord celui des Avattes 2, puis celui du Couvert. «Nous avons décidé de ne pas rouvrir le téléski du Couvert, dont l’entretien coûte 10 000 francs par an. Pour sauver le reste du domaine, il faut faire des économies par-ci, par-là», appuie le délégué municipal auprès de la SCRMBJV, qui ajoute: «On n’en est pas encore là, mais si rien ne change, le ski pourrait disparaître du Balcon du Jura.»

Tourisme 4 saisons, la panacée?

Présenté parfois comme la solution miracle pour les stations de moyenne et basse altitude, le tourisme 4 saisons fait également partie des réponses envisagées pour sortir le domaine des Rasses de la tourmente. «Nous sommes en pleine réorganisation stratégique en lien avec le 4 saisons», explique Yvan Pahud, qui émet toutefois quelques réserves, affirmant que même si, sur le papier, cette solution semble bonne, son application est très difficile. «Cela nécessite l’adaptation des installations et des calculs de coûts de fonctionnement fins, surtout que certaines stations qui misent sur le tourisme 4 saisons sont déficitaires en été.»

D’autres solutions sont envisagées, comme le fait de compter sur la générosité des communes de la région. «Il s’agit quand même de la seule station d’importance du Nord vaudois et la seule munie de canons à neige, soutient Yvan Pahud. Il est donc envisagé de demander l’aide d’autres communes qui y trouveraient de l’intérêt en plus de Sainte-Croix et Bullet, sans émettre d’obligation.»

L’optimisme reste

Malgré tout, les différents acteurs de la SCRMBJV restent optimistes pour l’avenir de la station. D’abord à très court terme, pour le reste de la saison, où on compte sur de nouvelles chutes de neige: «Une vague de froid devrait arriver dès la fin de cette semaine. S’il tombe une bonne couche, on pourra rouvrir pour les fêtes», déclare Corinne Graf.

L’enthousiasme demeure aussi sur le long terme: «Le personnel est toujours optimiste. Le Magic Pass aide bien au démarrage de la saison hivernale et il sera toujours possible de venir skier sur le Balcon du Jura pendant encore plusieurs années», explique Yvan Pahud, qui estime que le potentiel de la station, en termes d’affluence, reste fort: «On voit que la clientèle est au rendez-vous. Lors de l’ouverture en novembre, on a fait carton plein durant deux jours. Si on compte les 90 000 habitants du Jura-Nord vaudois, ou encore ceux qui viendraient du Gros-de-Vaud ou du district de Morges, le potentiel est énorme.»