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Le moniteur de ski était un peu trop tactile

7 février 2019 | Edition N°2431

Nord vaudois  –  Un musicien et enseignant qui accompagnait des élèves lors d’un camp d’hiver aurait caressé et embrassé deux jeunes filles. Il a comparu hier devant le juge. Le Parquet exige une peine privative de liberté de huit mois.

Le camp de ski de trois jeunes écolières aurait tourné au cauchemar, en janvier 2016, lorsque Mathieu*, un moniteur de ski, se serait introduit dans leur chambre. Ce musicien âgé d’une quarantaine d’années, était jugé hier pour actes d’ordre sexuel avec des enfants, contrainte sexuelle et contravention à la Loi fédérale sur les stupéfiants. Face au Tribunal de police de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, il a nié en bloc.

Les faits se seraient produits alors qu’il effectuait des remplacements dans un établissement scolaire de la région. Moniteur durant un camp de ski organisé dans les Alpes bernoises, il se serait introduit à 4 heures du matin dans la chambre qui était occupée par trois jeunes filles âgées de 12 ans. Il se serait alors approché du lit d’Elisa* pour lui dire bonne nuit et l’aurait embrassée sur la joue. Alors que l’écolière le priait d’arrêter, il lui aurait caressé le bras, puis touché la joue. Mathieu se serait ensuite dirigé vers le lit d’Anaïs*. Il se serait couché à côté d’elle, la coinçant contre le mur, puis l’aurait caressée et embrassée sur la bouche. La jeune fille l’aurait menacé de crier s’il ne sortait pas de la pièce.

Choquées, les écolières avaient immédiatement alerté leurs enseignantes pour leur relater les faits. Des accusations que Mathieu réfute totalement. «Je n’ai jamais eu d’attirance pour des mineurs», a-t-il assuré.

Fragilité psychologique

Si l’avocat de la défense, Me Gabriele Sémah, a mis en doute les propos des deux écolières, le procureur Julien Aubry a estimé que leurs déclarations étaient tout à fait crédibles. «Lors de leur première audition, Elisa et Anaïs n’ont pas exagéré les faits, a-t-il affirmé. Selon le Parquet, les deux écolières n’avaient aucun mobile pour inventer une telle histoire. L’une d’entre elles avait par ailleurs indiqué à la Brigade des moeurs que Mathieu sentait l’alcool.

Si le Ministère public a souligné que les deux filles n’avaient jamais changé de version, il a insisté sur «la fragilité psychologique» du prévenu. Durant son parcours de vie, le quadragénaire a en effet connu des succès, mais aussi des déboires musicaux. Par le passé, il a fait l’objet de deux inculpations, l’une pour conduite en état d’ivresse et l’autre pour vol, lorsqu’il avait voulu dérober de la marchandise dans un commerce pour un montant de 950 francs. Devant la Cour, il a par ailleurs admis qu’il fumait «occasionnellement» des joints, mais qu’il n’en avait pas sur lui lors du camp de ski.

Le Parquet a demandé une peine privative de liberté de huit mois, avec un sursis de cinq ans et une interdiction de toute activité, professionnelle ou non, en lien avec des enfants. La défense a exigé, pour sa part, l’acquittement de Mathieu, ainsi qu’une indemnité pour tort moral d’un montant de 5000 francs.

Le dernier mot est revenu au prévenu: «Pour m’attaquer, vous utilisez toute les ficelles de la communication. Malgré mes défauts, je n’ai jamais souhaité le malheur d’autrui. Vous me traitez de beau parleur, mais je parle avec mon cœur et c’est la dernière chose qu’il me reste.» La lecture du jugement aura lieu cet après-midi.

*Prénoms d’emprunt

Valérie Beauverd