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Le mur qui fait jaser tout le vallon du Nozon

20 février 2014

Le mur situé à l’entrée de Romainmôtier serait déjà reconstruit, s’il ne se trouvait pas à l’intersection de deux voies de communication historiques de la Suisse.

Effondré en décembre 2012, le mur de Romainmôtier n’est toujours pas réparé.

Effondré en décembre 2012, le mur de Romainmôtier n’est toujours pas réparé.

«Pourquoi ce mur n’est-il pas encore réparé ? Ce mur se trouve dans l’arrière- pays, l’Etat n’est pas pressé d’intervenir ou encore le propriétaire n’a pas les moyens de le reconstruire», sont des réflexions fréquemment entendues dans le vallon du Nozon depuis quelque temps. Après enquête, nous avons découvert une situation complexe.

Premièrement, ce mur, qui borde la route cantonale Orbe-La vallée de Joux, est situé sur un terrain privé. Construit au XIXe siècle, il a pour fonction de retenir les poussées de terrain de la colline qui le surplombe. Il n’est pas possible de reprocher aux bâtisseurs de l’époque de ne pas avoir été visionnaires en imaginant que la route serait un jour empruntée par des camions et fréquentée durant au moins trois décennies par des blindés de l’Armée suisse. «Les vibrations du trafic et les conditions météorologiques désastreuses du mois de décembre 2012 sont à l’origine de l’effondrement de ce mur», affirme Fabrice De Icco, syndic de Romainmôtier-Envy.

Deuxièmement ce mur est situé sur deux itinéraires recensés par l’inventaire des voies de communication historiques de la Suisse. La plus ancienne empruntée par les Romains déjà et la traversée Nord-Sud de l’Europe, qui passait par le Petit- Saint-Bernard, rejoignait Annecy, puis l’axe Genève Besançon via Eclépens, La Sarraz, Envy, Romainmôtier et Les Clées. La seconde empruntée par les moines clunisiens pour relier le couvent de Romainmôtier au Prieuré de Vallorbe. Des itinéraires protégés, qui légalement doivent être préservés par la Confédération et les cantons. Concrètement, pour le propriétaire, cela se traduit par l’obligation de se conformer aux exigences de la loi sur la protection de la nature et du paysage.

Solution à long terme

Donc, bâtir un mur de béton qui résoudrait le problème essentiel du soutènement du terrain est simplement impossible. Qui plus est, «le pan de mur détruit jouxte des vestiges bâtis au Moyen âge sur le tracé d’origine », précise Francine Bujard, architecte au Service du Patrimoine de l’Etat de Vaud. Ce qui implique une reconstruction à l’identique. «Au printemps 2013, j’avais déjà un projet de restauration du mur, lance Christian Zimmermann, propriétaire de l’ouvrage. Mais, il n’a pas eu l’aval du Canton.» Ce chef d’entreprise Bernois a hérité de la maison de maître sise à la route de Vaulion. Il y est attaché par les souvenirs qui le relient à son grand-père. Aussi, il a remis l’ouvrage sur le métier, un projet élaboré avec un ingénieur en génie civil prévoit une paroi de soutènement en béton cachée par un mur de pierre. Il soumet les plans à l’Office fédéral des routes (OFROU), qui gère aussi l’inventaire des voies historiques.

En réponse à son courrier, l’OFROU préconise comme solution idéale la construction d’un mur en pierres sèches. Une proposition moins onéreuse et subventionnée qui laisse songeur Christian Zimmermann. Toutefois, le propriétaire ayant pour objectif la meilleure solution sur le long terme, a décidé de mandater un expert neutre. Ce dernier rendra son rapport ce printemps. Ce qui devrait permettre la réalisation des travaux ce printemps, ou cet été au plus tard.

Pierre Blanchard