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Le Nord vaudois est une terre dont on s’exile

6 janvier 2010

Ce ne sont pas moins de quatorze équipes vaudoises qui évoluent en ligue nationale. Mais pas la moindre n’est régionale. Du coup, les meilleurs joueurs du coin choisissent souvent d’aller voir ailleurs. Tendance et perspectives.

L’équipe masculine d’Yverdon (de face), alors qu’elle évoluait en 1re ligue. C’était lors de la saison 07-08. Depuis, le Nord vaudois n’est plus représenté en ligue nationale.

L’équipe masculine d’Yverdon (de face), alors qu’elle évoluait en 1re ligue. C’était lors de la saison 07-08. Depuis, le Nord vaudois n’est plus représenté en ligue nationale.

Quatorze équipes vaudoises évoluent en ligue nationale de volleyball, soit en 1re ligue, en LNB et en LNA. La deuxième ville du canton nichant dans le Nord vaudois, il ne serait pas étonnant que quelques-unes de ces formations soient de la région. Mais il n’en est rien. Les meilleurs représentants de ce coin de canton ne militent qu’en 2e ligue, ce qui tend à pousser les joueurs les plus affûtés, ou les plus ambitieux, à aller voir ailleurs.

«Il y a dix ou vingt ans, beaucoup de monde s’investissait dans le club et, du coup, cela tournait mieux», note Christophe Duruz, président du VBC Yverdon-Ancienne, club qui a souvent été représenté en ligue nationale. Manque d’entraîneurs, d’arbitres: à bien des niveaux, il est difficile de trouver des personnes susceptibles d’assumer des responsabilités et c’est toute la structure qui en pâtit. D’autant que bien des tâches finissent par être assumées par les mêmes forçats. «Dans le Nord vaudois, il y a eu un renouvellement insuffisant des gens qui s’impliquent et certains se sont logiquement lassés, car cela demande beaucoup de travail», affirme François Hess, ancien entraîneur au VBC Grandson, aujourd’hui actif à Cossonay. Par ailleurs, pour lui, les clubs du nord du canton n’ont peut-être pas, simplement, la volonté de voir leurs équipes monter en grade. «C’est clair qu’à Cossonay, on est davantage poussées à progresser, à faire des résultats», souligne Anjali Vaswani, transférée du VBC Yverdon-Ancienne cet été. Très attachée à son club d’origine, dans lequel elle reste très active à différents niveaux, elle n’a pas facilement pris la décision de partir. «Mais j’y ai vu une opportunité unique de progresser», note-t-elle.

Et ils sont beaucoup, avant elle, à avoir plié bagage ces dernières années, quittant le Nord vaudois pour s’ouvrir de nouvelles perspectives. «A Yverdon, il y avait peu d’encadrement, de possibilités d’apprendre», souligne Vincent Aubert, qui avait quitté Yverdon pour l’équipe de 1re ligue du Lausanne UC il y a quelques années. Mais une fois envolé, tout n’est pas forcément évident pour les talents régionaux. «Je suis partie pour améliorer ma technique. Or, il y a eu des imprévus et l’accent n’a pas été mis là-dessus, au départ», se souvient Fanny Molliet, transférée de Grandson à Cheseaux il y a quelques saisons et qui, aujourd’hui, milite en LNB avec Cossonay, une équipe où elle se sent mieux.

Un manque de personnes prêtes à assumer des responsabilités, des joueurs qui s’en vont: le volley nord-vaudois peut-il encore rêver de ligue nationale à moyen terme? «Nous allons au devant de quelques saisons de transition durant lesquelles nous devons notamment former des entraîneurs», estime Christophe Duruz. Mais si tout le monde s’accorde sur le fait que le développement du volleyball régional passe par une amélioration de la formation, il faudra aussi savoir conserver les talents, lorsqu’ils écloront, en leur proposant un véritable projet ambitieux. «Dans l’absolu, la volonté du club est d’avoir une équipe masculine et une féminine en 1re ligue», assure, ainsi, le président du VBC Yverdon-Ancienne. Alors, peut-être, le Nord vaudois ne serait plus une terre d’où les volleyeurs s’exilent. Mais où ils viennent parfois même chercher asile.

Olivier Ducros