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Le nouveau boss de l’Echandole devra muscler les nuits de la salle 
Yverdon, 28 mai 2020. Echandole, Sylvain Maradan. © Michel Duperrex

Le nouveau boss de l’Echandole devra muscler les nuits de la salle 

29 mai 2020 | Edition N°2737

Yverdon-les-Bains - Cette semaine, la Ville a annoncé la nomination d’un vétéran du monde de la culture romande. Sa mission: faire évoluer le petit théâtre dans un contexte particulier à plus d’un titre.

Il s’appelle Sylvain Maradan et les Yverdonnois le connaissent essentiellement pour son rôle dans la redynamisation du Castrum dès 2017, dont l’épisode de la tour en carton a durablement marqué les esprits. Mais à Fribourg, sur ses terres, cette figure du monde culturel a aussi fait ses preuves en tant que programmateur au Nouveau Monde et au festival Les Georges, sans oublier différents projets en lien avec l’animation du centre-ville historique.

Cette riche expérience, celui qui gère actuellement le café-restaurant du Théâtre Équilibre, toujours à Fribourg, en aura bien besoin dans le cadre de ses nouvelles fonctions, en remplacement de Sophie Mayor à la tête de l’Echandole. Lors de la dernière séance du Conseil communal, peu avant la plongée dans la crise du Covid, le petit théâtre niché dans les caves du château avait focalisé toute l’attention de l’organe délibérant. Le départ de sa directrice, qui faisait suite à d’autres démissions dans le monde de la culture yverdonnoise, avait été décrit comme le dernier acte d’une véritable «hémorragie» par la droite. Dans une interpellation, le PLR Maximilien Bernhard avait profité de la situation pour suggérer une gouvernance unique entre les deux théâtres de la ville, Benno Besson et l’Echandole, tandis que l’UDC avait demandé – et obtenu – la préparation d’un plan directeur de la culture.

Pourtant, pour la municipale verte Carmen Tanner, ce n’est pas à cause des ces joutes politiques que l’arrivée de Sylvain Maradan se déroulera dans un contexte particulier. Ces débats, selon elle, s’inscrivent dans «un monde d’avant» la crise sanitaire. Loin, donc, très loin derrière nous.

Redonner confiance après le Covid

«Le défi, désormais consistera à faire évoluer une salle dans un contexte instable, à cause de normes sanitaires changeantes», analyse-t-elle. Elle vante l’expérience de son nouveau collaborateur, son côté fédérateur et ses qualités humaines. Signe d’un processus de recrutement unique à bien des égards, une partie des rencontres a eu lieu en visioconférence et le nouveau patron de l’Echandole débute dans ses nouvelles fonctions avec la programmation de sa prédécesseuse, interrompue jusque-là par le Covid. Lorsque les affaires reprendront, le nouveau directeur aura notamment pour mission de «muscler l’aspect festif» de la salle, sans transformer pour autant les caves du château en boîte de nuit, précise encore Carmen Tanner.

Sylvain Maradan, pour sa part, se montre très prudent avant de débarquer dans l’arène. élégant, il tient à saluer le travail de Sophie Mayor, qui lui remet une salle dont les finances sont saines, le taux de remplissage satisfaisant et les qualités reconnues: «J’ai des idées d’évolution pour l’Echandole, bien sûr, mais avant de les présenter sur la place publique, je tiens d’abord à les expliquer à mon équipe», confie ce chaleureux néoquadragénaire.

Ce sens politique lui sera utile dans le contexte pré-électoral de la Cité thermale. Maximilien Bernhard, d’ailleurs, ne cache pas que selon lui, la culture «peut s’estimer heureuse d’avoir pu remplacer la direction du théâtre», des modifications structurelles ayant été envisageables. Il dit attendre «une très forte collaboration entre les deux théâtres (ndlr: le Théâtre Benno Besson et l’Echandole)», dont il juge qu’une partie du public est le même. Sans a priori sur la personne nommée, à laquelle il souhaite la bienvenue, il regrette que l’annonce de son arrivée n’ait pas été assortie d’une réponse de la Ville quant à sa stratégie pour l’augmentation des synergies entre les théâtres.

Ruben Ramchurn, président de la section yverdonnoise de l’UDC, se réjouit pour sa part d’une nomination qui va dans le «bon sens». Fervent défenseur de la vie nocturne, il milite avec passion pour l’installation d’espaces lounge et clubbing au château. Un peu dans le sens, donc, d’une des tâches confiées au nouvel arrivant. Le trublion de l’UDC relève néanmoins que «l’on retrouve toujours un peu les mêmes têtes dans le monde de la culture yverdonnoise», pour lequel la ville de Fribourg semble «un vivier».

Le socialiste Jean-François Cand, qui s’exprime en son nom propre, se dit pour sa part «enchanté» par l’annonce de la Municipalité. Il appelle cependant à une certaine patience: «Je me réjouis de voir ce que Sylvain Maradan va nous proposer, mais il faudra lui laisser le temps: les modifications viendront petit à petit. L’essentiel, c’est qu’on continue à avoir deux théâtres.»

Raphaël Pomey