L’association Pro Ursins a inauguré samedi un panneau didactique mettant en lumière la richesse archéologique qui sommeille dans et autour du village.
«Quand je suis arrivé à Ursins il y a plus de trente ans avec ma famille, quelqu’un m’a dit que si je faisais un trou, je ne devais le dire à personne. Sinon les petits pinceaux allaient débarquer!» Une citation qui en dit long sur la densité des vestiges archéologiques qui demeurent dans les sols de la commune. Son auteur, Didier Bonnard, entend désormais mettre en avant ce patrimoine grâce à l’association Pro Ursins, qu’il préside, créée avec d’autres citoyens et passionnés.
L’association avait d’abord frappé un grand coup en automne 2024, avec une première conférence organisée dans l’église du village pour révéler à la population l’importance du site gallo-romain d’Ursins (La Région du 8 novembre 2024). Pour rappel, les terres du village abritent un sanctuaire de grande ampleur, avec trois bâtiments religieux, des fanums, et d’autres ouvrages laïcs, des thermes ou encore un aqueduc. «En termes d’importance, il faut aller voir du côté germanique de l’empire romain pour trouver un équivalent. Le site d’Ursins était l’un des plus grands du territoire helvétique», a rappelé Daniel Burdet, archéologue, natif d’Ursins, qui avait réalisé son travail de spécialisation en master à l’UNIL sur ces vestiges gallo-romains.
Un site qui demeure en très grande partie invisible. Seuls l’église actuelle et des objets retrouvés sur place permettent de le documenter, tandis que des photos aériennes, sur lesquelles apparaissent les fondations antiques enfouies sous les champs, attestent de sa taille prodigieuse.
Afin de mettre en lumière ce patrimoine invisible, l’association Pro Ursins a mis en place un grand panneau didactique près de l’église. «Il s’agit de la première action concrète de l’association. D’autres suivront», a promis Didier Bonnard devant une petite foule d’amis et d’intéressés, venant d’Ursins et d’ailleurs.
L’événement se voulait à la fois festif, avec un petit apéro suivi d’un repas sur la place du village, mais aussi instructif. Plusieurs visites ont ainsi été organisées durant la journée, principalement autour de l’église. «Car il n’y a rien à voir dans les champs», rappelle Daniel Burdet. «À ma connaissance, il s’agit des premières visites organisées sur ce site, a remarqué le syndic Henri Wiser, venu apporter les félicitations des autorités. L’association Pro Ursins est une initiative citoyenne qui mérite d’être soutenue.» En ce sens, Pro Ursins a déjà reçu le soutien de l’ADNV, de la Fondation CEPY et de la Loterie Romande, en plus de celui de ses membres (une quarantaine) et de la Commune. L’Archéologie cantonale a, pour sa part, vérifié et validé le contenu des panneaux didactiques.
À quand les fouilles?
D’autres conférences suivront, toujours dans l’idée de révéler au public l’importance du site. Daniel Burdet a aussi dans l’idée de réaliser des journées «cartons ouverts», pour permettre aux habitants de venir présenter les éventuelles trouvailles, estimées nombreuses, qu’ils auraient pu faire autour du village «sans répercussion. Les gens pourront même garder leurs objets s’ils le souhaitent. L’important pour nous est de pouvoir les recenser», appuie l’archéologue.
Toutefois, la grande question demeure celle de la possibilité, ou de l’impossibilité, de pouvoir faire des fouilles ouvertes. «Une première chose à faire serait une analyse géophysique pour avoir une idée du contenu des sols sans avoir à creuser. Pour des fouilles ouvertes, ce sont des choses qui s’évoquent, car le site est considéré comme étant menacé. Mais le spectre est large. Il pourrait très bien s’agir de fouilles de deux semaines où on ouvre et on referme la terre très vite, voire d’une campagne bien plus longue», avance prudemment Daniel Burdet, qui précise que rien n’a été décidé pour d’éventuelles fouilles.
Infos et futurs événements: pro-ursins.ch