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Le passé industriel ravivé
De g. à dr.: la conservatrice Corinne Sandoz, la responsable de la médiation et de la communication Fanny Blanc et le directeur du musée Vincent Fontana devant les étagères remplies par une partie des dons reçus.

Le passé industriel ravivé

30 avril 2025 | Textes et photo: Maude Benoit
Edition N°3935

Un bon dans le passé industriel. C’est ce que promet Le Musée d’Yverdon et région (MYR) pour sa nouvelle exposition temporaire.

Machines à écrire, projecteurs, tourne-disques, calculatrices, radios, habits de travail, photographies… Des témoins d’un autre temps où le fleuron industriel qu’était le Nord vaudois a connu un déclin brutal. En effet, le choc pétrolier de 1973 met fin à l’essor industriel des Trente Glorieuses et souffle un vent de fermeture violent. Après ça et pendant longtemps, les témoignages de cette période se sont entassés dans les greniers, les garages et les caves des personnes qui l’ont vécue. Pour mettre en valeur cette histoire, le Musée d’Yverdon et région (MYR) a entrepris une collecte de patrimoine industriel il y a deux ans.

Et le retour a été massif. Nombreux sont celles et ceux qui ont fait don d’un trésor caché depuis longtemps sous la poussière. «On a reçu une masse d’objets, près de 500 en tout», explique Vincent Fontana, le directeur du musée. Et en amenant leurs objets, les habitants ont aussi déposé des souvenirs et des anecdotes apportant des éclairages vivants sur cette période.

Les quatre étapes d’une crise

«Le but est de valoriser cette mémoire, de parler de la fierté des personnes qui l’ont vécue, tout en abordant aussi la douleur et les émotions fortes que cette crise a entraînées, le tout sans complaisance ni cynisme», explique le directeur.

L’exposition commence par l’âge d’or industriel, marqué à la fois par une certaine nostalgie, mais aussi par des tensions sociales déjà présentes. Elle évoque ensuite la période d’inquiétude et d’angoisse qui précède la crise. Puis s’attaque à la crise elle-même, brutale, avec un effondrement soudain. Enfin, la visite se conclut sur l’héritage de cette période. Car la région, résiliente, a su transformer ce traumatisme en patrimoine. Une partie de l’exposition est alors consacrée à la HEIG et aux infrastructures d’Y-Parc.

Sous toutes ses facettes

En plus des dons de particuliers, le musée a reçu des ensembles particulièrement importants, comme le don magistral de Pierre Chevalley, celui des héritiers de la teinturerie d’Yverdon Ehinger, celui de la fabrique de céramique d’Yverdon par la famille Beney et celui de Leclanché Capacitors.

Et il n’y aura pas que des objets dans l’exposition: des archives filmographiques grâce à un partenariat avec la RTS et des fonds photographiques seront également mis en valeur. Le tout présenté avec une scénographie réalisée à partir de mobilier récupéré. À noter que l’exposition a été construite en collaboration avec des étudiantes et des étudiants de l’Université de Neuchâtel.

Enfin, tout au long de la durée de l’exposition, des activités de médiation seront organisées. Il faudra rester aux aguets, car l’exposition est vouée à bouger grâce à la collaboration des visiteurs.

«On ferme ! Mémoire de la crise industrielle»: 2 mai 2025 au 11 janvier 2026. Vernissage le jeudi 1er mai à 17h.


«Un pur hasard»

Il se trouve que cette exposition fait écho à la crise commerciale et industrielle qui traverse le monde en ce moment. «C’est un pur hasard. Quand on a entrepris l’exposition il y a deux ans, on ne pouvait même pas deviner qu’une crise allait revenir», explique Vincent Fontana.

Cette actualité n’a donc pas été intégrée dans l’exposition. En revanche, on retrouve celle du sentiment des Yverdonnois quant au déclin des boutiques du centre-ville.

Le directeur précise d’ailleurs que l’exposition ne se veut pas partisane, ni de gauche ni de droite. «Cette histoire appartient à tout le monde, de l’ouvrier au patronat.»