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Le pilote qui a dépassé les galères

19 juin 2014

Motocyclisme – Jacques Cornu, multiple champion suisse et champion du monde, a eu une carrière peu commune. Le Panathlon-Club d’Yverdon a invité cet homme, qui a connu des hauts et des bas, mais qui a toujours su se relever.

© Duvoisin

© Duvoisin

A 18 ans, Jacques Cornu enchaîne les boulots. Apprenti mécano, il travaille à côté au camping de Colombier, où il fait la vaisselle. Son but ? Acheter une voiture. Il parvient à récolter la somme de 900 francs. Pas suffisant. Il va alors faire le choix qui va changer le cours de sa vie : il opte pour une moto. «Je viens d’une famille très modeste. Mes parents n’avaient pas d’argent. Je voulais m’acheter une vieille deux chevaux et, à la place, j’ai acheté la moto.»

Le Vaudois, né à Aigle, atteindra les sommets dans son sport, avec un palmarès impressionnant qui n’est pas dû au hasard. Champion de Suisse en plusieurs cylindrées différentes, champion du monde d’endurance, vainqueur de trois Grand Prix et plusieurs fois sur le podium, Jacques Cornu, invité par le Panathlon- Club, était mardi à Yverdon pour partager son expérience.

«A l’époque, il n’y avait pas de limitation de vitesse hors localités. Avec un ami qui voulait prendre une licence de pilote, on s’est retrouvé à Yverdon. On a décidé d’aller à Neuchâtel en passant par Sainte- Croix, pour voir qui arriverait en premier. Je suis arrivé avant, j’ai fait ma licence et pas lui !» C’est ainsi que Jacques Cornu va commencer sa carrière de pilote. «J’allais aux courses en 4L. Dans ma voiture, il y avait la moto, le moteur, l’essence et le mécanicien, mais il faut se débrouiller pour survivre dans ce milieu !»

Le pilote, qui a commencé la compétition par passion, n’envisageait alors pas que cela le mènerait plus loin. Lorsqu’il gagne son premier titre national en 1977, il espère se faire recruter par un team pour participer au championnat du monde. Malheureusement, il ne reçoit que des refus. Il décide de continuer dans le championnat suisse. Il va alors réaliser un exploit incroyable lors de l’année 1978 : gagner trois titres de champion de Suisse en 250, 350 et 500 cm3.

Si Jacques Cornu, 61 ans aujourd’hui, se rappelle des bons moments, il ne néglige pas les mauvais, qui l’ont aidé à se surpasser. C’est le cas de ces nombreuses blessures qui ont jalonné sa carrière. «Je me suis pris une monumentale gamelle en Grand Prix. Je me suis retrouvé à l’hôpital pour une fracture ouverte du fémur. J’ai découvert plus tard que j’avais également une double fracture du bassin et les ligaments croisés déchirés.»

Six semaines après, Jacques Cornu était de nouveau sur les circuits. «Je suis arrivé au contrôle médical exprès sans béquilles et je me suis fait pousser ma moto par quelqu’un en dernière ligne.» Une persévérance qui le mènera loin également au niveau international, tant en championnat du monde de vitesse que d’endurance. Jacques Cornu était un compétiteur assidu, mais avant tout un homme attachant et apprécié. «J’aime les gens. J’ai eu des grands et bons moments dans ce sport. J’ai eu la chance de voyager et d’avoir une vie aussi active, tout en sachant d’où je suis parti !»

Gianluca Agosta