C’est aujourd’hui la Journée internationale des câlins. Un geste simple en apparence, mais qui aurait de nombreuses vertus thérapeutiques. Rencontre avec Katia Siciliano, câlinothérapeute pratiquant à Ballaigues.
câlin? Un jour? Une semaine? Un mois? Pour beaucoup, l’étreinte platonique est un geste qui se partage dans l’intimité et occasionnellement, voire rarement. Pourtant, la pratique tend à se démocratiser. Il suffit, pour s’en rendre compte, de constater la multiplication des free hugueurs, ces personnes qui proposent gratuitement des câlins aux passants dans l’espace public.
Les câlins ont d’ailleurs droit à leur propre jour officiel, le National Hugging Day, lancé le 21 janvier 1986 aux Etats-Unis, et qui s’est depuis répandu à d’autres pays. En Suisse, les étreintes restent, malgré tout, marginales. La faute à des Helvètes trop peu tactiles? «On est peut-être plus réservés en Suisse, où on aime être indépendant et autonome. Il faut du courage pour oser demander un câlin», estime Katia Siciliano, infirmière en psychiatrie devenue câlinothérapeute en 2017 après une formation via internet. «J’ai eu la chance de rencontrer Amma (ndlr: une gourou indienne qui a étreint des millions de personnes à travers le monde). Ses câlins ont un pouvoir inexplicable, mais ce n’est qu’après avoir appris l’existence des câlineurs pour bébés de mères toxicomanes que je me suis lancée.»
Un geste aux nombreuses vertus
Car les câlins, c’est du sérieux. Bien plus qu’un simple geste empathique, l’étreinte apporte de nombreux bienfaits en permettant au corps de produire diverses hormones comme la sérotonine ou la dopamine, deux hormones liées au plaisir et au bonheur. «Il existe plusieurs études scientifiques qui démontrent les effets thérapeutiques des câlins», appuie Katia Siciliano, qui liste d’autres bienfaits comme l’amélioration du système immunitaire, de l’estime de soi, de la patience, de l’anxiété ou la baisse de la tension artérielle et des douleurs.
Les effets se feraient déjà sentir après vingt secondes de contact humain. «Il faudrait huit séances de vingt secondes de câlins par jour pour s’assurer de rester en forme.»
La thérapeute attire notamment l’attention sur le fait que le câlin thérapeutique reste platonique sans connotations sexuelles ou érotiques. «Il y a toujours un entretien téléphonique préalable et un travail sur le consentement. En général, on y va très doucement et je demande toujours si je peux toucher les mains, ou une autre partie du corps.» La Ballaiguise s’est d’ailleurs déjà demandé si elle pouvait travailler avec des hommes. «J’ai déjà eu de mauvaises expériences lors de séances, c’est pour ça que j’ai rédigé une charte et que je demande aux patients de bien lire mon site internet avant de prendre rendez-vous.» Ceci afin que chacun comprenne les limites.
Les séances de câlinothérapie peuvent durer trente minutes, une heure, voire davantage – comptez soixante francs la demi-heure de thérapie. «Chaque séance se déroule différemment. On peut se parler, rire, dormir ou ne rien dire. On travaille assis ou allongé, avec des exercices de respiration. Moi, je suis présente pour être à l’écoute, montrer de l’empathie et aider la personne à se détendre.»
De la naissance au décès
La câlinothérapie s’adresse aux personnes souffrant de dépression, d’un cancer, en situation de handicap, victimes d’attouchement ou, tout simplement, en recherche de tendresse.
Il suffit donc parfois d’une étreinte pour se sentir mieux, et c’est tout le principe soutenu par la Journée internationale des câlins. «On voit que les bébés qui naissent sans contact humain peuvent souffrir de troubles psychiques. A l’autre bout, on remarque que les personnes âgées, au moment où les sens comme l’ouïe ou la vue se perdent, privilégient le toucher et vous prennent spontanément la main», conclut la thérapeute, soulignant l’importance des contacts humains tout au long de l’existence.