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Le procureur rejette la thèse du viol

17 juillet 2014

Le Ministère public a demandé au Tribunal de ne pas retenir le viol contre les trois jeunes suspectés d’avoir commis des actes d’ordre sexuel avec une enfant de 13 ans.

Certains des avocats ayant pris part au procès.

Certains des avocats ayant pris part au procès.

Six mois de prison ferme. Si le jugement correspond aux peines articulées par le Ministère public, voilà ce que risquent deux des trois jeunes hommes dont l’audience s’est déroulée, hier et avant-hier, au Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, à Yverdon-les-Bains (lire La Région d’hier). «Cela n’est pas une cause simple car elle implique une équipe de menteurs patentés, presque pathologiques. La victime n’a pas non plus beaucoup collaboré », a déclaré le procureur en préambule de son réquisitoire.

Selon lui, les jeunes gens, des ressortissants du Cap-Vert et du Portugal âgés de 18 et 19 ans au moment des faits, soit en juillet 2011, savaient néanmoins pertinemment que pratiquer des actes d’ordre sexuel avec Juliette*, derrière la poste, était répréhensible. «Ils la connaissaient pour être une fille avec des difficultés et qui mentait tout le temps», a précisé le procureur. Dans ce contexte, ils auraient dû, à ses yeux, faire preuve d’une méfiance extrême lorsqu’elle leur a donné son âge. «Ils s’en sont fichus, en fait cela les arrangeait de ne pas savoir», a commenté le représentant du Ministère public.

Selon le procureur, les trois individus ne devraient cependant pas se voir sanctionner de la même manière. Il requiert une peine privative de liberté de 22 mois, dont 6 de prison ferme, avec un délai d’épreuve de trois ans, pour l’un d’eux, sur lequel trop de doutes subsistent pour pouvoir le déclarer coupable de contrainte sexuelle ou viol commis en commun. Néanmoins, ce prévenu fait preuve d’une «volonté délictuelle importante» traduite par des vols et des infractions à la circulation routière à répétition. Le prévenu est aussi coupable de récidive en ce qui concerne les actes d’ordre sexuel avec des enfants, dans la mesure où il a, au moins à une reprise selon son propre aveu, couché avec une mineure de 14 ans avec laquelle il entretenait une relation.

La culpabilité d’un autre jeune homme a été qualifiée de «relativement lourde» par le procureur. Celui- ci a admis se douter que Juliette n’avait pas atteint la majorité sexuelle et a donné, lors de la nuit fatidique, un couteau à son camarade sans savoir ce qu’il allait en faire. Il est accusé d’avoir violenté une femme en cours d’enquête, un cas aussi traité lors du procès. Le Ministère public requiert à son encontre une peine privative de liberté de 16 mois, dont six ferme, avec un délai d’épreuve de deux ans. Enfin, l’individu qui a coupé le string de la victime, un geste très humiliant aux yeux du procureur, a fait l’objet d’une peine de privative de liberté de 24 mois avec un sursis portant sur trois ans. La Défense a, notamment, demandé au Tribunal de prendre en compte dans son jugement, qui sera connu prochainement, le jeune âge des prévenus et le fait qu’il n’y ait pas de certitude quant au déroulement des faits. Actuellement en fugue, la victime a déclaré à son avocate : «Ils m’ont détruite ce jour-là.»

*prénom d’emprunt

Ludovic Pillonel