La Cour d’assises du Doubs a rendu un verdict de culpabilité à l’encontre du meurtrier d’une jeune Yverdonnoise.
«Il a littéralement mis à mort sa victime et l’a vue mourir pendant plusieurs minutes», a soutenu Me Manuela Ryter Godel, avocate du frère de Marine*, la jeune Yverdonnoise tuée le 22 janvier 2017 par son compagnon Michel*, dans leur appartement de l’avenue Haldimand, à Yverdon-les-Bains. Cette image a sans doute marqué les esprits. Et si elle n’a pas suivi l’avocat général dans la quotité de la peine – la procureure Alexia Marquis avait requis 30 ans de réclusion –, la Cour d’assises du Doubs a été convaincue que l’accusé, un jeune Français domicilié aux Hôpitaux-Neufs (F) mais de fait à Yverdon-les-Bains, s’est bel et bien rendu coupable de meurtre aggravé et de délaissement d’enfant. Elle l’a condamné à 25 ans de réclusion. Après avoir étranglé Marine, Michel avait quitté les lieux, laissant leur bébé, alors âgé de 7 mois, seul dans la chambre voisine. L’enfant avait été découvert le lendemain vers 14h30 par sa grand-maman, en même temps que celle-ci réalisait l’ampleur du désastre.
L’avocate yverdonnoise est persuadée que Michel a infligé une dernière humiliation à sa compagne en lui retirant une partie de ses habits: «Jamais elle n’aurait exposé son corps.» Me Ryter Godel a dit à quel point cette affaire avait révolté le frère aîné de la victime. Ils étaient très attachés. Marine était sa confidente. «Son frère se sent immensément coupable de ne pas avoir vu la souffrance de sa sœur.» Au point qu’il n’a pas eu la force d’assister aux audiences.
Conseil des parents et de l’enfant, Me Céline Party a retracé le calvaire subi par la jeune femme durant les mois qui ont précédé le drame, les vexations, les humiliations infligées par l’accusé, dont la véracité avait été confortée la veille par trois ex-amies de Michel, entendues par visioconférence depuis Foix (Ariège).
L’avocate a enfin insisté sur la détresse et l’inquiétude des parents de la victime, «de ne pas être là assez longtemps, avec l’énergie et la force nécessaires, pour aider leur petit-fils à grandir». Un petit garçon auquel il faudra expliquer, un jour, «qu’il est privé de sa maman, parce que son papa l’a tuée».
Pas un mot pour son fils
A l’instar des avocats de la défense peu après, la procureure Alexia Marquis a demandé aux jurés de faire abstraction du contexte actuel de la libération de la parole de la femme. Selon elle, l’accusé a donné volontairement la mort. «Marine ne s’est pas soumise. C’est la seule raison pour laquelle elle n’est pas là aujourd’hui.» Et de requérir 30 ans de réclusion et le retrait de l’autorité parentale.
La défense, par la voix de Me Patrick Uzon a, sans surprise, plaidé les coups et blessures ayant entraîné la mort. Sans succès. Après l’annonce du verdict, l’avocat a déclaré qu’il ferait appel.
Avant que la Cour ne se retire pour délibérer, Michel avait été invité à prendre la parole. Il n’avait pas eu un mot pour son fils, ni pour les proches de Marine. Seul son père, très digne, avait déclaré la veille: «Je m’excuse de tout le tort que mon fils a fait à cette famille.» Il avait aussi relevé que Marine, qu’il se réjouissait d’accueil
*prénoms d’emprunt