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Le projet des nouveaux Ateliers se précise
Le site actuel changera forcément de visage dans les années à venir. gabriel lado

Le projet des nouveaux Ateliers se précise

18 mars 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-Wenger / Com.
Edition N°3912

Les CFF ont partagé quelques détails par rapport à l’immense projet prévu pour moderniser le site de la Cité thermale. Près de 500 millions de francs y seront investis. Début des travaux planifié en 2029.

On savait que les CFF allaient entreprendre quelque chose de conséquent du côté d’Yverdon-les-Bains. Hier, la régie fédérale a communiqué sur les différentes étapes autour desquelles se structurera le projet de modernisation du site. Un réaménagement devenu nécessaire en regard de l’augmentation constante de la demande. Cette croissance doit donc logiquement impliquer une offre plus élargie, qui passe aussi par des capacités industrielles plus importantes.

Les chiffres annoncés sont impressionnants puisque environ 500 millions de francs seront ainsi investis dans la capitale du Nord vaudois. La première des deux étapes du projet devrait durer deux ans et débuter en 2029. La suivante est plutôt prévue à l’horizon 2040.

Quadrupler la capacité

Quatre points principaux vont occuper les responsables de ce lifting pharaonique. Dans un premier temps, les voies de débord situées au sud du site, actuellement utilisées pour le trafic de marchandises, feront l’objet d’un déménagement à Onnens-Bonvillars. Cet immense espace ainsi obtenu permettra de construire un nouveau bâtiment dit «des voies longues», et ainsi de quadrupler la capacité de révision des rames. Ensuite, les travaux se concentreront sur la rénovation des bâtiments historiques. Certains parmi eux datent de 1855 et sont classés comme biens d’intérêt patrimoniaux.

Le troisième point névralgique du projet prendra la forme d’un tout nouveau bâtiment, à l’intérieur du périmètre actuel, dédié à la révision des bogies (ndlr: châssis porteur supportant l’extrémité d’un wagon, relié au châssis par une articulation).

Finalement, le dernier point ne concerne pas directement la construction, mais plutôt les énergies. En effet, les CFF prévoient que la production et la distribution des énergies aux Ateliers soient complètement renouvelées. Toute l’énergie utilisée et produite devrait être à 100% renouvelable et décarbonée. Les détails de cette décarbonation des énergies n’ont pas encore été rendus publics, tout comme les ébauches en images de synthèse des futurs bâtiments. «Il est encore trop tôt pour cela», a commenté Jean-Philippe Schmidt, le porte-parole des CFF. Les équipes travaillent au développement de l’avant-projet qui permettra d’affiner les plans.

Créateur d’emploi

Les Ateliers CFF ont aujourd’hui un avenir bien ancré dans la vie des Yverdonnois et des Yverdonnoises. Mais des réflexions de la part du transporteur fédéral, au début des années 2000, avaient mis en péril la pérennisation de l’exploitation du site. En 2001 et 2002, sous la syndicature du socialiste Olivier Kernen, d’âpres discussions avaient eu lieu avec, au final, une issue heureuse pour les Ateliers puisqu’une somme importante avait été investie pour la révision des rames ICN.

Aujourd’hui, les Ateliers CFF d’Yverdon-les-Bains représentent plus de 720 postes de travail.  Et ce chiffre est logiquement amené à croître encore une fois que les travaux auront débuté.

Ainsi, les CFF vont poursuivre dans cette direction et renforcer encore leur pôle dans le Nord vaudois. Les projections prévoient plus de 800 postes de travail à l’horizon 2036, une perspective forcément réjouissante pour la ville.  Par ailleurs, le personnel pourra, dans les nouvelles infrastructures prévues, disposer d’un nouveau restaurant et de nouvelles surfaces administratives qui répondront mieux aux attentes et aux besoins des différents corps de métier. Ainsi, les Ateliers demeurent le deuxième employeur de la Cité thermale, derrière la Commune elle-même.

Positionnement stratégique

L’annonce d’hier a évidemment rencontré un écho positif au niveau politique également. «Nous sommes bien sûr très contents de voir que ce projet va concrètement consolider le site d’Yverdon-les-Bains, a reconnu la municipale Brenda Tuosto, en charge du dossier. Cela représente d’une part une véritable opportunité pour toute la région, et d’autre part cela vient confirmer le positionnement stratégique de notre ville pour le développement du réseau ferroviaire.» La conseillère nationale a également insisté sur le fait que ce grand projet constitue une preuve supplémentaire qu’Yverdon demeure un endroit stratégique intéressant sur le plan industriel.

Les grandes manœuvres ne sont pas pour tout de suite. Toutefois, le fait de savoir que le site prendra un visage assez différent et continuera d’employer bon nombre d’habitants de la région est forcément réjouissant. Surtout dans la perspective des éventuels changements liés au futur quartier Gare-Lac.


Une rénovation déjà engagée

L’automne dernier, plus précisément le 24 octobre, les Ateliers yverdonnois des CFF avaient déjà un petit air de fête. En effet, la régie fédérale avait entamé la rénovation de 44 rames initialement mises en service en 2001. Ces rames, surnommées «rames Expo.02», seront rénovées jusqu’en 2031. Les principales améliorations toucheront le confort des voyageurs, une réception améliorée pour les téléphones portables ainsi que des économies d’énergie notables. Ces travaux de remises à niveau devraient permettre à ces trains de gagner encore une vingtaine d’années de circulation, avant de prendre une retraite méritée.

Cette rénovation de masse, qui va donc durer environ sept ans, occupera 150 personnes dans les ateliers. A l’époque de leur mise en circulation, une nouvelle technologie d’inclinaison active avait été intégrée, notamment pour le passage dans les courbes. Ainsi, ces trains avaient la possibilité de circuler à 200 km/h, au lieu de 160km/h auparavant.


De sérieux remous avaient secoué les Ateliers il y a quelques années

La situation actuelle est apaisée et le futur s’avère assurément plus joyeux qu’il y a quelques années. En effet, en 2020 les CFF s’étaient penchés sur plusieurs solutions concernant les Ateliers CFF d’Yverdon-les-Bains. Ils avaient imaginé une réflexion sur «les différentes possibilités de développement des capacités d’entretien dans le canton de Vaud», impliquant possiblement un  éventuel abandon progressif  du site nord-vaudois, ou en tous les cas sa transformation. La raison? Le site yverdonnois semblait trop petit et un déménagement paraissait une solution envisageable. A l’époque, la mobilisation contre ce déménagement avait été forte, au niveau politique également, puisque le Grand Conseil avait clairement enjoint le Conseil d’Etat à agir fermement. Au final, les investissements vont donc continuer à affluer pour faire du pôle nord-vaudois un centre d’importance dans la maintenance du matériel roulant.