Le «quadra» qui se détend en LNA
30 octobre 2013Volleyball – Ligue nationale A n A 40 ans, Patrick Dijkstra a quitté le VBC Orbe et la 3e ligue pour faire son retour à la «une» de Lutry-Lavaux. Juste pour le plaisir.
La «une» du VBC Lutry-Lavaux avait besoin d’un nouveau central pour aborder sa deuxième saison en Ligue nationale A ; elle l’a trouvé en la personne de Patrick Dijkstra. Un mètre 95, nonante centimètres de détente, près de cent kilos de muscles. Une bête. A son arrivée dans sa nouvelle équipe, certains le surnomment Terminator, puis Robocop. «Bon, il y en a bien un qui m’appelle papa», rigole-t-il. Papa ? Plutôt quatre fois qu’une : à la maison, le renfort de «l’autre» club vaudois de Ligue nationale A élève Ylan (11 ans), Loan (8 ans), Lucie (bientôt 4 ans) et Maël (14 mois) en marge d’un emploi d’appoint à 20%. Il a soufflé ses 40 bougies en avril dernier. Et avant d’accepter un nouveau challenge au bord du Léman, il jouait au VBC Orbe, en 3e ligue.
Un transfert étonnant ? Bien sûr. Mais Patrick Dijkstra n’était pas un joueur de 3e ligue comme les autres. A vrai dire, ce Franco-Suisse, qui doit son patronyme à un père hollandais, est arrivé en Suisse par le biais du volleyball. «En 1999, mon frère Pascal quittait Lutry-Lavaux, en LNA, pour Chênois, se souvientil. Il a proposé au club de m’engager pour le remplacer, même si on n’évolue pas au même poste.» Il militait alors en N3, cinquième division française, mais se consacrait avant tout… à l’athlétisme. «J’ai été champion de Bourgogne de saut en hauteur», glisse-t-il. Il joue donc à Lutry, puis à Ecublens, entre la LNA et la LNB. En 2010, il ressent le besoin de ralentir la cadence. Il déménage à Orbe et rejoint le club local, en 3e ligue. L’histoire classique du sportif d’élite qui termine sa carrière tranquillement, dans l’anonymat des ligues inférieures ?
Pas exactement. Au bout d’une saison, Ecublens le rappelle : «Viens, on réunit une équipe pour monter en LNA.» Athlétiquement, Patrick Dijkstra n’a rien perdu. Il accepte le défi. Et participe à le relever : au bout du compte, la promotion est acquise. «Je me réjouissais de pouvoir terminer ma carrière dans l’élite, à près de 40 ans», soupire-t-il. A l’approche imminente de la reprise, le club doit retirer son équipe, faute d’avoir assez de joueurs à disposition. Grosse déception pour le central qui, du coup, revient à Orbe. L’histoire classique du sportif d’élite qui… Non, non, toujours pas.
Deux accords conclus
Après une nouvelle saison en 3e ligue, toujours aussi affûté physiquement, toujours aussi motivé, il a l’opportunité de rejoindre Lutry-Lavaux, promu une année auparavant dans l’élite. Il passe deux accords : le premier avec le club, qui accepte de lui rembourser ses frais de déplacement ; le second avec son épouse, qui le laisse aller à ses trois entraînements hebdomadaires et à ses matches pour autant que «les enfants soient prêts pour aller au lit avant que je parte», sourit-il. Un pacte conclu pour une année. Car s’il est à nouveau un joueur de LNA, sa famille est bien sa priorité. «Je joue très clairement pour me faire plaisir. Après des journées à la maison, cela fait du bien d’aller faire du sport. En fait, je fais du volley-détente, mais en Ligue nationale A», se marre-t-il.
Pour autant, il n’a pas abordé son retour dans l’élite à la légère. Il a travaillé dur, au fitness, pour être au point physiquement, ce qui a toujours fait sa force sur un terrain de volley. «Franchement, entre 20 et 40 ans, je n’ai pas perdu grandchose, si ce n’est que j’ai plus de micro-blessures», dit-il. Plus étonnant, il a la sensation de pouvoir encore progresser, notamment sur le plan technique. «Je viens d’avoir un déclic au niveau des passes hautes, après 26 ans de volley !», rigole Patrick Dijkstra. Un «quadra» fier qu’on l’appelle «papa» à la maison. Mais qui préfèrera sans doute toujours Terminator ou Robocop dans une salle de sport.
Objectif playoffs
Patrick Dijkstra et Lutry-Lavaux ont, pour l’instant, perdu leurs deux rencontres de championnat. Le club espère voir sa «une» se qualifier pour les playoffs, qui réuniront les six premiers du classement. Une mission difficile, mais pas impossible pour une équipe qui réunit «des joueurs avec un joli potentiel», selon le central urbigène.