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Le Raisin de Peney va encore fermer…

1 février 2013

A bout de ressources, mais aussi victime de manoeuvres financières, la famille Delachaux met la clé sous le paillasson.

Pour Pascale et Denis Delachaux, l’avenir est plus incertain que jamais.

La restauration est une branche sinistrée et les cafés des petits villages, plus que les autres, sont menacés. Le Raisin de Peney-Vuiteboeuf va fermer ses portes ce soir.

«Nous ne pouvons plus nous battre et alimenter agents d’affaires et avocats. On va tomber au social. Mais je suis prêt à travailler, à nettoyer des bureaux la nuit», explique Denis Delachaux. L’homme est d’autant plus désabusé qu’il va mettre un point final à une reconversion que, avec le soutien de son épouse Pascale, il avait imaginée plus positive.

Les tenanciers du Raisin fermeront donc ce vendredi soir l’établissement, dont ils se retrouvent aujourd’hui expulsés. Le pire, c’est qu’ils doivent aussi quitter l’appartement attenant… à moins qu’un répit leur soit accordé. Mais cela tiendrait du miracle, vu l’injonction qui leur est parvenue hier matin.

Prévoyance engloutie

Pour Denis et Pascale Delachaux, la situation est d’autant plus dramatique que cet ancien chauffeur routier, contraint à se reconvertir pour des raisons de santé, a investi son capital de prévoyance dans l’opération. «Il ne nous reste rien», lâche-t-il dans un sentiment d’amertume.

Pire, il doit affronter la réclamation de l’ancien tenancier… alors qu’il a dû commencer par régler ses dettes -loyers et fournisseurs impayés- au moment de la reprise du commerce, opération réalisée au travers d’un intermédiaire aujourd’hui en faillite.

Le bail, porté au nom d’un autre intermédiaire, a été résilié en avril de l’année dernière. Car avec les difficultés qui s’accumulaient, certains loyers sont restés impayés. «Le loyer de 2500 francs était sans doute trop élevé. Nous avons proposé 1500 francs», expliquent les tenanciers. Malgré cela, un certain retard a été accumulé et les propriétaires de l’immeuble ont perdu patience. D’autant plus qu’au départ, ils avaient envisagé de le vendre plutôt que de le louer. Mais le prix, jugé trop élevé, a dissuadé les acheteurs potentiels.

Denis Delachaux est d’autant plus dépité qu’il affirme ne jamais s’être trouvé dans une pareille situation: «On ne doit pas un centine à nos fournisseurs. On payait tout comptant. On tournait juste, mais on tournait.»

Et son épouse d’ajouter: «Le plus difficile va être de trouver un appartement, même si les services sociaux se portent garants. Comme indépendants, nous n’avons pas droit au chômage.»

 

Six tenanciers en l’espace de cinq ans

Une branche sinistrée

Syndic de Vuiteboeuf, Georges Karlen déplore la fermeture du Raisin: «Il y a eu beaucoup de changements de tenanciers ces dernières années. Cette fermeture est regrettable. Heureusement qu’il nous reste l’Hôtel de l’Ours.»

Président régional de GastroVaud et tenancier du Guillaume Tell, à Ependes, Francis Bavaud dénonce une certaine légereté: «La suppression de la clause du besoin a tout fichu en l’air. Et les changements d’habitudes n’ont rien arrangé.» Selon Francis Bavaud, les nouveaux-venus se font trop d’illusions.Le métier est dur. Plus de 35% des établissements publics vaudois changent de mains chaque année!

Isidore Raposo