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Le retour à la réalité de Sébastien Lacroix

22 mai 2014

Unihockey – Après un peu plus de deux ans en Suède à tutoyer le haut niveau, le gardien baulméran a décidé de mettre l’accent sur sa vie professionnelle, sans tourner le dos à sa discipline.

Avec son maillot des Landskrona Falcons, Sébastien Lacroix mime un arrêt dans une rue de Baulmes.

Avec son maillot des Landskrona Falcons, Sébastien Lacroix mime un arrêt dans une rue de Baulmes.

Du rêve à la réalité, il y a 1700 kilomètres. Soit la distance entre Landskrona, près de Malmö, et Baulmes. Sébastien Lacroix les a parcourus en voiture avec toutes ses affaires dans le coffre voilà deux semaines, mettant fin à un exil de deux ans et quatre mois en Suède, où il s’était établi pour vivre sa passion de l’unihockey à fond. Il aurait pu rester : les Falcons, son club, lui ont proposé trois ans de contrat supplémentaires. Mais le jeune gardien de 25 ans a fait le choix de privilégier sa vie professionnelle et de rentrer en Suisse, après une expérience qu’il ne regrette en tout cas pas.

A l’american dream des basketteurs et des acteurs en herbe, les unihockeyeurs préfèrent le svensk dröm, le rêve suédois. Car c’est bien dans ce pays scandinave que l’on manie la petite balle blanche à trous avec le plus de savoir-faire. L’équipe nationale a remporté sept des neuf derniers Mondiaux et la Superliga locale fait figure de meilleur championnat du monde. Quand Sébastien Lacroix a eu l’opportunité de s’engager avec les Landskrona Falcons, alors en troisième division, il n’a pas hésité.

Arènes de 5000 places

Là-bas, il a découvert la vie de sportif d’élite. Il a fallu s’acclimater. «En Suisse, on joue avec beaucoup de contre-attaques, détaille-t-il. En Suède, les équipes posent plus le jeu. Il faut un moment pour se faire aux différences.» Il passe donc quelques mois avec la «deux», avant d’être intégré à l’équipe fanion.

Mais, lors de la première saison, c’est surtout avec les M20 du club, qui peuvent aligner quelques joueurs plus âgés, qu’il glane du temps de jeu. «J’y ai des souvenirs incroyables, sourit-il. Nous avons joué contre des jeunes des plus grands clubs, parfois dans des arènes pouvant accueillir 5000 spectateurs.»

Lors de sa deuxième saison, on lui donne un peu plus sa chance, mais la concurrence est rude et il ne peut s’affirmer comme titulaire. «C’est vrai : je n’ai pas joué autant que je le souhaitais, reconnaît-il. Ça, plus le fait que nous avons manqué la promotion en deuxième division à deux reprises, ça a compté dans ma décision de rentrer en Suisse.»

La réalité en face

Mais si l’unihockey était la raison de son départ, son retour a été motivé par d’autres facteurs. A Landskrona, il avait un statut semi-professionnel. «J’avais un boulot à côté, explique-t-il. Je faisais des déménagements, des nettoyages, différentes choses, à raison d’environ quarante heures par mois.» De quoi subsister au quotidien, sans plus, insuffisant pour économiser. «A un moment donné, on se rend compte que ce ne sera pas possible de véritablement vivre de son sport. C’était un rêve d’aller en Suède, mais après l’avoir réalisé, il fallait que je regarde la réalité en face. Si, là-bas, j’avais pu travailler dans mon domaine, les choses auraient peut-être été différentes. Explique celui qui, avant son exil, exerçait dans le marketing sur internet, après une formation au CPNV.

De retour en Suisse, il va donc logiquement mettre l’accent sur sa vie professionnelle, mais en recommençant des études en vue d’obtenir une maturité sociale. «J’ai envie de travailler au contact des gens, pas tout le temps derrière un ordinateur», précise Sébastien Lacroix.

Rebondir en 2e ligue

C’est qu’il est animé d’une envie de transmettre ce qu’il sait. «Mon expérience du haut niveau, je veux en faire profiter les autres, notamment en Belgique, mon pays, où je garde la cage de l’équipe nationale», note-ti-l. D’autres vont profiter de côtoyer le Baulméran, dont les joueurs du club de Lausanne (2e ligue), où il va rebondir, malgré des contacts positifs avec des équipes de LNA et de LNB. «Avec les études et les trajets à prévoir, ce n’était pas envisagable de m’y engager», coupe-t-il, en signalant qu’il n’exclut pas de retenter sa chance plus haut un jour.

Sébastien Lacroix est serein. Il a parfaitement mesuré les conséquences de son retour. Il a eu 1700 kilomètres pour y penser.

 

 

Carte d’identité

Sébastien Lacroix

Sébastien Lacroix

Nom : Sébastien Lacroix

Age : 25 ans.

Clubs successifs : Yverdon, Lausanne, Köniz, Genève, Landskrona Falcons (Suède) et Lausanne dès la saison prochaine.

 

 

La Suède selon Sébastien Lacroix

La langue

«Difficile à apprendre pour un francophone, le suédois demeure assez chantant. Maintenant, je ne suis pas bilingue, mais je me débrouille.»

Le climat

«Landskrona est situé près de la mer et son surnom, la ville du vent, n’est pas usurpé.

Sinon, en hiver, les jours sont très courts. Le soleil se lève vers les 10h, pour se coucher à 15h. Et l’été, c’est l’inverse : il y a le fameux soleil de minuit.»

Les gens

«Assez distants au départ, les Suédois se révèlent chaleureux lorsqu’on les connaît mieux. Mais ils tiennent à leur espace personnel.»

La nourriture

«Fils de cuisinier, je suis assez critique ! Les spécialités sont assez bonnes. Il y a beaucoup de hareng, de boulettes de viande et de plats sucrés-salés à base d’airelles ou de moutarde sucrée. Je referai peut-être certaines choses, à l’occasion.»

Lionel Pittet