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Le retour aux sources de Julien Marendaz

24 juillet 2015

Football – 1re ligue – Le nouvel entraîneur d’Yverdon Sport a passé toute sa vie sur la Côte, mais les racines de son arbre généalogique sont ancrées dans le Nord vaudois. Jeune, ambitieux, il aspire à accompagner l’équipe de la Cité thermale à «sa juste place».

Julien Marendaz n’a que 32 ans, mais les idées claires. Il n’y a qu’un patron dans le vestiaire, et c’est lui. © Michel Duperrex

Julien Marendaz n’a que 32 ans, mais les idées claires. Il n’y a qu’un patron dans le vestiaire, et c’est lui.

Aucun entraîneur fraîchement nommé ne se permet de minimiser l’identité ou l’histoire de son nouveau club. D’autant moins lorsqu’un journaliste lui fait face. Mais quand Julien Marendaz affirme qu’Yverdon Sport a un statut très spécial à ses yeux, il faut y voir davantage qu’un réflexe de relations publiques. Ses souvenirs d’enfance le prouvent. «Avec mon père, quand on affichait le Teletext, on regardait le résultat d’Yverdon avant celui de Lausanne», se marre-t-il. Pourtant, celui qui reste sur une expérience de trois ans à la tête d’Echallens n’a jamais vécu dans le Nord vaudois. C’est sur la Côte qu’il a passé le plus clair de ses 32 ans. N’empêche: à l’instar des joueurs régionaux éparpillés dans le canton que les dirigeants ont voulu réunir au Stade Municipal, Julien Marendaz, en paraphant son contrat, a fait le choix du retour aux sources.

Son patronyme indique sa localité d’origine, Mathod. Son grand-père paternel, lui, a longtemps été l’agriculteur du château de Champvent, tandis qu’il compte aussi au rang des membres fondateurs du club de football du village. «La famille a migré sur la Côte quand mon père avait 10 ans, raconte Julien Marendaz. Mais Yverdon Sport est toujours resté le club favori de mon grand-père, comme de mon père d’ailleurs.» Il se rappelle de nombreux déplacements au Stade Municipal, où il applaudissait Jean-Philippe Karlen ou Victor Diogo. Forcément, quand l’opportunité de travailler dans la Cité thermale s’est présentée, il s’est montré intéressé. «Pour mon papa, c’est une fierté de me voir entraîner ici», souligne-t-il.

Tout pour se sentir à l’aise

Bien sûr, rien n’est plus vraiment pareil, à Yverdon Sport. La Ligue nationale A et la Super League paraissent loin. «Si je suis là, c’est pour apporter ma pierre au projet des dirigeants actuels, martèle Julien Marendaz. L’équipe n’est pas à sa juste place. Il faut l’y ramener.» Il vante «la compétence» des responsables du club, autant que l’accueil qu’ils lui ont réservé. Tout a été mis en oeuvre, dit-il, pour qu’il se sente à l’aise. Il a pu participer activement à la confection du nouvel effectif, au sujet duquel il ne tarit pas d’éloges.

A Echallens, il était habitué à diriger une bonne équipe, mais une promotion n’était pas un impératif de son cahier des charges. A Yverdon, faire moins bien que la saison dernière, soit ne pas participer aux finales, serait assurément vécu comme un échec. D’où une certaine pression? «Vous savez, la pression, je me la mets toujours. Je veux toujours gagner le match d’après. Mais je ne vais pas parler des finales. Regarder trop loin est inutile. Construire une équipe, faire passer un message, cela peut prendre du temps. On va d’abord commencer par penser philosophie de jeu et atmosphère de travail.»

En la matière, il se définit comme un entraîneur proche des joueurs, mais assez dur. Très exigeant. «Je définis une ligne de conduite, et tout le monde doit la suivre, explique-t-il. On ne peut pas se permettre de sortir du plan de jeu.» Tacticien, il se plaît à construire chaque semaine d’entraînement en fonction de l’adversaire du week-end, afin que chacun connaisse son rôle. «Ce qui prime, c’est le groupe, pas les individualités», lâche-t-il encore. Plusieurs joueurs qui ont évolué sous ses ordres attestent du fait que l’homme se pose en chef d’orchestre et qu’il n’est pas du genre à prêter sa baguette. «Ce qui ne m’empêche pas d’être ouvert au dialogue», tient à préciser le principal intéressé.

La personnalité bien affirmée de Julien Marendaz pourrait surprendre, eu égard de son âge. Mais le trentenaire s’étonne presque qu’on lui demande comment il parvient à diriger des footballeurs parfois plus vieux que lui. Il faut dire qu’il entame, tout de même, sa douzième saison sur le banc. A l’âge de 20 ans, une pubalgie chronique le contraint à interrompre sa carrière sur le terrain, après être passé par les jeunes de Servette et du Stade Nyonnais. Il se recycle immédiatement, entraîne des juniors, puis la «deux» de Colovray, qu’il monte en 2e ligue. Il a aussi été l’assistant d’Arpad Soos, à Lausanne, l’année de la finale de Coupe perdue contre Bâle (6-0). Cette «reconversion» lui a permis de rester dans le football, au plus près du jeu, alors même qu’il avait suivi une formation de masseur pour se doter d’une casquette susceptible de lui permettre d’intégrer un staff.

Sur le long terme

Marié, père de deux petits garçons, Julien Marendaz est homme au foyer. Sylvie, son épouse, est enseignante, et, en entraînant, il apporte le revenu d’appoint du ménage. «Très vite, on s’est rendu compte que c’était assez idéal de fonctionner ainsi», explique-t-il. Forcément, il aborde donc le football de manière professionnelle. Chaque jour, il arrive au stade plusieurs heures avant la séance, afin de se préparer minutieusement. Et il ne cache pas ses ambitions. Oui, il se verrait bien entraîner plus haut, un jour. En Challenge League, en Super League. «Pourquoi pas avec Yverdon Sport?», sourit-il. Relations publiques? Toujours pas: en choisissant de déménager, fin août, avec toute sa famille, de Bursinel à Yverdon, Julien Marendaz atteste de sa volonté de s’engager sur le long terme dans le Nord vaudois.

Lionel Pittet