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Le Salon de l’auto dévoile ses fastes

3 mars 2016 | Edition N°1694

L’événement incontournable du secteur de l’automobile international commence, aujourd’hui, à Palexpo. Nous avons découvert, en avant-première, son univers.

Mardi, peu avant 8h. La halle 4 de Palexpo, où se déroule le 86e Salon international de l’auto et accessoires, vient d’ouvrir ses portes aux médias. Les voitures rutilantes et les hôtesses pimpantes agissent déjà comme des aimants à smartphones et caméras de tous les formats et de toutes les provenances. Comment résister à l’envie d’immortaliser de si belles ambassadrices? Autour du coeur de l’événement, une ceinture d’écrans géants relaie les performances des véhicules en mouvement, au rythme des décibels de musique électro-pop du moment. La gent féminine, bien représentée sur les estrades des stands, se fait plus discrète sur les tapis rouges des allées ou se côtoient l’anglais et la testostérone.

Les trésors cachés de la halle 7

Certaines personnes sont à l’interview, d’autres ripolinent le sol, avec le même objectif: présenter la marque pour laquelle ils travaillent sous son meilleur jour.

Des modèles sont restés sous cape et sous bonne garde, avant d’être dévoilés en grande pompe, lorsque le moment est venu.

Ce temple scintillant de l’automobile de demain, un environnement où l’effervescence grandit au fil des minutes, stoppe net sous l’enseigne «Infinity». Il ne s’agit pas de la fin de la visite: des escaliers, un couloir vide cerné par des écrans, puis un escalator mènent à la halle 7.

Changement de décor

Le contraste est saisissant. La musique a disparu. La foule aussi. Les stands sont, pour moitié, déserts. C’est l’univers des accessoires, équipements et autres produits dérivés de l’industrie automobile.

Le lieu a, certes, un déficit de glamour par rapport aux étages supérieurs, mais il recèle d’histoires et d’anecdotes qui ne demandent qu’à être contées.

© Michel DuperrexA quelques encablures du fond de la halle 7, un homme -Frédéric Ponsard (photo ci-contre)- se démène pour habiller un mannequin qu’il place sur un véhicule Mini. Avant d’afflubler son égérie en plastique d’une perruque blonde, il explique qu’il est venu présenter son concept de lingettes multi-usages Noline «sans solvant, ni acétone, ni silicone», dévoilé en première mondiale lors de l’édition précédente du salon.

«Mes clients principaux sont les motards. Dans l’automobile, les gens n’aiment, habituellement, pas nettoyer eux-mêmes leur véhicule. Je m’adresse donc plutôt aux collectionneurs et aux femmes conduisant de petites voitures», explique le fondateur de la société Phoenix- Innovations SAS.

Un autre exposant s’approche en émettant un siffflement d’admiration, alors que notre interlocuteur réajuste la touffe de cheveux artificiels de sa protégée.

© Michel DuperrexLe chambreur, c’est Xavier Gauthier (photo ci-contre), le roi de la voiture miniature, qui participe depuis douze ans au Salon de l’auto. «Je suis passionné de modèles réduits depuis mon enfance. J’ai démarré mon activité en 1988, en vendant des miniatures de voitures de course au circuit automobile de Dijon, d’où je viens», déclare-t-il.

La guerre des places

S’il admet que le prix de location d’une surface est «très raisonnable» à Palexpo, il regrette de devoir, quasi à chaque édition, s’installer à un emplacement différent. Selon le commerçant, les boutiques de moins de 100m2 peinent à susciter l’intérêt des organisateurs. Le Dijonnais aurait, par exemple, été déplacé, d’une année à l’autre, car il faisait de l’ombre aux locataires des panneaux publicitaires situés à proximité de son stand. Il précise, toutefois, que ce type de traitement est commun aux événements de ce genre.

© Michel DuperrexIndépendamment de ces considérations, la halle 7 mérite un petit détour, et ce jusqu’à son extrêmité, où les joyaux de Recycle Art sont exposés, à l’image de L’Incroyable Hulk (photo ci-contre).

 

Le clan Sbarro mise sur la polyvalence

Grandson et Montbéliard – L’inoxydable constructeur, les élèves et les professeurs de son école, ainsi que l’un de ses premiers poulains, qui vole aujourd’hui de ses propres ailes, présentent leur approche de l’automobile.

Franco Sbarro explique, très démonstratif, comme à son habitude, les caractéristiques de la «Ginevra 2016», sa nouvelle création. © Michel Duperrex

Franco Sbarro explique, très démonstratif, comme à son habitude, les caractéristiques de la «Ginevra 2016», sa nouvelle création.

Franco Sbarro est au Salon de l’auto comme à la maison. Pour preuve, le constructeur basé à Grandson était, déjà, très sollicité mardi matin, à l’aube de sa 44e participation à la grand-messe de l’automobile. «Il n’y a que toi pour imaginer des trucs comme ça», lui lance, admiratif, un visiteur enthousiasmé par le déploiement du coffre à bagages de la «Ginevra 2016» -la dernière création de l’inventeur présentée dans notre édition de mardi dernier.

Lorsqu’on lui demande quel est le secret de sa longévité, le Transalpin d’origine répond, badin, qu’il possède les clés du salon. Avant de révéler son parti pris: pas de publicité, mais un investissement dans la transmission, par le biais de l’école Espera Sbarro, basée à Montbéliard, où a commencé la 28e année de formation.

Diversité de provenances

«Haze» a été réalisé en soixante jours par les nouvelles recrues de l’école Espera Sbarro, basée à Montbéliard. © Michel Duperrex

«Haze» a été réalisé en soixante jours par les nouvelles recrues de l’école Espera Sbarro, basée à Montbéliard.

Des gens de tous les horizons y affluent. Enzo Pellini n’a, par exemple, pas hésité à venir de Marseille pour habiller de théorie et de savoir-faire ses compétences dans la mécanique. «J’ai travaillé, dans un permier temps, essentiellement sur des 4×4. Je me suis ensuite dirigé dans la sellerie automobile, tout en procédant à la restauration de véhicules sur mon temps libre», précise le jeune homme.

Tout comme ce dernier, Sébastien Muller a suivi le cursus d’une année au sein de l’institution créée par Franco Sbarro. Il y officie, désormais, comme formateur depuis 2012. «Il y a peu de critères à remplir pour pouvoir entrer dans l’école. Il faut être majeur, avoir le bac, un diplôme jugé équivalent et, si cette deuxième condition n’est pas remplie, une expérience professionnelle. Il n’est pas nécessaire d’avoir travaillé dans le domaine automobile. La motivation manifestée par le candidat lors de l’entretien est un prérequis primordial», indique ce Français de Belfort.

https://www.youtube.com/watch?v=Lqkdf1Eefj0

Assemblage de compétences

Ce melting-pot de compétences est précieux dans l’optique du challenge à relever, chaque début année, par la volée: préparer un véhicule de A à Z pour le Salon de l’auto de Genève. Le stand Sbarro, situé dans la halle numéro 2, permet, justement, d’admirer «Haze», la création des jeunes pousses, un prototype de voiture de course destinée au circuit automobile. «Compte tenu de cette particularité, il a fallu prêter une grande attention à plusieurs paramètres, comme le choix du tube et des amortisseurs. Le châssis est très solide et sa partie arrière est démontable facilement, pour pouvoir intervenir sur le moteur ou le changer», relève Enzo Pellini. «Miglia», l’autre véhicule de l’école en exposition à Palexpo, est, en fait, la seconde création de la volée précédente.

Les deux voitures de Ludovic Lazareth complètent le panorama. Cet habitant d’Annecy fait partie des premiers disciples de Franco Sbarro. A son compte depuis 1998, il transforme et construit les deux roues, les trois roues, les quads et les voitures. «Je réalise l’essentiel de mes ventes en France. J’ai un revendeur en Arabie Saoudite, et j’ai ponctuellement des clients en Chine et en Russie», indique celui qui participe à son troisième salon.

Tous ces membres de la famille Sbarro partagent, en plus des compétences pluridisciplinaires, la même philosophie de l’automobile: la partie fonctionnelle -la mécanique- prime. Or, cet aspect est parfois négligé au profit du design, selon Sébastien Muller. «Le grand public ne le remarquera sans doute pas, mais certaines voitures présentent des incohérences qui peuvent sensiblement compliquer le travail des mécaniciens.»

Ludovic Pillonel