Médaillé de bronze sur le grand tremplin des Championnats du monde en Autriche, le sauteur du Ski-Club Vallée de Joux a réussi à résister à la pression samedi. Il raconte cette journée, cette semaine incroyable.
Un nouveau sauteur suisse est entré dans l’histoire, samedi après-midi. A 23 ans, Killian Peier a remporté la médaille de bronze des Championnats du monde d’Innsbruck. Une incroyable surprise, même si les indices d’un possible exploit s’étaient accumulés les jours précédant le concours.
Le sauteur à skis de La Sarraz a choisi le meilleur moment pour monter pour la première fois sur le podium au plus haut niveau. «Je suis arrivé en Autriche avec les bonnes sensations de la Tournée des Quatre Tremplins en tête, confiait-il hier matin, au lendemain de son exploit. J’avais l’esprit libre.»
S’il a bien dormi, Killian Peier s’est réveillé vers 6h30, et n’a pas été capable de retrouver le sommeil. Les émotions ont été fortes, mais il a tâché de se reconcentrer pour l’épreuve par équipes du jour. «L’échauffement matinal s’est déroulé dans la bonne humeur avec mes coéquipiers.»
Dans le coup dès les entraînements du concours individuel – «j’étais presque surpris que ça aille aussi bien» –, le champion du Ski-Club Vallée de Joux a senti la pression monter après la qualification: «J’ai commencé à m’imaginer ce que ce serait de remporter une médaille. Je me suis alors dit qu’il faudrait rester cool. A partir du souper, vendredi, j’ai tourné le bouton sur off, et ça a bien fonctionné. J’ai pu me relâcher en allant m’aérer l’esprit dehors.»
Avec des sauts mesurés à 131 et 129,5 mètres, Killian Peier a laissé derrière lui des hommes du calibre de Ryoyu Kobayashi, grand dominateur de la saison, Kamil Stoch, triple champion olympique, et Stefan Kraft, double champion du monde. Seuls les Allemands Markus Eisenbichler et Karl Geiger ont fait mieux que lui, samedi à Innsbruck. Le Sarrazin pointait même en tête après une incroyable manche initiale. «En première phase de vol, j’ai pensé que j’avais trop attaqué, puis je me suis dit qu’il fallait y aller.» Une agressivité qu’il explique par «l’effet du concours». Mais après son envol, rapidement reparti dans la cabine, il ne connaissait pas son résultat. «C’est après avoir revu la vidéo avec mon entraîneur que je lui ai demandé le classement!»
Comme dans un rêve
Entre les deux manches, Killian Peier est parvenu à rester dans sa bulle. Il a certes entendu crier le public, mais ne savait pas à quel point les deux Allemands avaient placé la barre haut. «Le pire moment, c’était l’attente du résultat. Je voyais mes coéquipiers me regarder n’en sachant pas plus que moi et j’entendais le speaker se demander si ça suffirait pour la 3e place.» Puis ça a été l’explosion de joie quand il a vu un grand 3 s’afficher sur l’écran. Ses camarades se sont rués sur lui. «Cela m’a rappelé les images de Sylvain Freiholz en train de courir vers Simon Ammann lors des Jeux olympiques de Salt Lake City. C’est une sacrée sensation que d’être celui vers qui on se dirige! C’est un rêve qui se réalise.»
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