Six millions de francs seront dédiés à la protection des sols vaudois. Le Canton a présenté hier son plan d’action à mener d’ici 2050, avec des dizaines de mesures concrètes à mettre en place entre 2025 et 2030, dont des fermes pilotes, un centre d’essai à Grange-Verney et de la cartographie.
«Il y a plus d’êtres vivants dans cette motte de terre que d’êtres humains sur la Terre», a lancé Vassilis Venizelos pour ouvrir la conférence de presse du Canton sur le nouveau plan d’action en termes de protection des sols, «qu’on foule tous les jours en les ignorant».
A la gravière des Clées, le ministre de l’Environnement était au côté de sa collègue Valérie Dittli qui, en sa qualité de conseillère d’État chargée de l’agriculture, a insisté sur la collaboration entre leurs deux départements. «C’est vraiment le message que nous voulons faire passer car c’est le seul moyen de faire face au changement climatique.»
«Le sol est le grand oubli du XXe siècle», a déploré la ministre, saluant toutefois les projets déjà existants. Menacés par les pollutions, les imperméabilisations et autres utilisations excessives, les sols vaudois seront remis en lumière grâce à 79 actions concrètes. Et ceci moyennant six millions de francs – pour autant que le Grand Conseil accepte ce crédit sollicité par le Conseil d’État. Le but est de garantir la résistance des sols face aux perturbations, notamment pour qu’ils puissent remplir leurs fonctions pour les générations suivantes.
Grange-Verney comme laboratoire
Sur ces six millions de francs, 1,325 million sera injecté dans l’agriculture. Grange-Verney servira de centre d’essai, autant sur le plan scientifique que sur le terrain, a expliqué Valérie Dittli. Les études du sol seront menées avec les hautes écoles. Autre mesure phare: un réseau de fermes pilotes – sur une base volontaire – pour développer les pratiques d’amélioration des sols. Pour le Canton, une meilleure connaissance du sol doit améliorer le rendement financier des agriculteurs.
Cartographier pour mieux préserver
Cette meilleure connaissance des sols passe aussi par la cartographie, autre mesure de ce plan d’action impliquant là aussi des projets pilotes. Tout en constatant la diversité des sols vaudois, ces projets permettront d’identifier les sols pollués et dégradés, mais aussi les surfaces où les matériaux peuvent être réutilisés. Avec ce projet, le Canton prend de l’avance sur la cartographie nationale des sols prévue par la Confédération dès 2029. L’un des huit objectifs du plan d’action consiste d’ailleurs à limiter la consommation des sols d’ici 2050. Pour y parvenir, le Canton entend montrer l’exemple lors de ses projets de construction, notamment en pratiquant le principe d’économie circulaire dans les gravières. Les matériaux sont triés et reconstitués, une méthode chronophage mais permettant au sol de retrouver son état naturel.
Sensibiliser la population
Un autre volet important comprend la sensibilisation et l’information, non seulement auprès des maîtres d’ouvrage, des constructeurs et des agriculteurs, mais aussi auprès du grand public et des élèves, avec des ressources pédagogiques pour les enseignants.
Relevons encore que ce plan d’action s’inscrit dans le Plan climat vaudois 2020, qui a fait de la protection des sols l’une de ses mesures prioritaires.