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«Le spectacle de rue est revenu au premier plan»
Yverdon, 16.08.19, Place Pestalozzi, Jeux du Castrum, Caddilibriste Companimi Baptiste Raffanel. © Carole Alkabes

«Le spectacle de rue est revenu au premier plan»

19 août 2019 | Edition N°2562

Le Castrum a fait vibrer la Cité thermale pendant quatre jours, à l’occasion de sa 20e édition. Un jubilé qui a permis de revenir sur la création et les évènements marquants de la manifestation.

«La musique correspond plutôt aux goûts des moins de 80 ans, mais bon, à chaque époque ses plaisirs», plaisante Pierre Duvoisin. Ancien syndic de la ville d’Yverdon – devenue officiellement Yverdon-les-Bains au cours de son mandat, comme il se plaît à le rappeler –, l’homme a vu naître les anciens Jeux du Castrum, devenus entre-temps Le Castrum.

La manifestation, dont la 20e édition s’est déroulée de jeudi à hier, voit le jour en 1979. «L’époque était morose, les usines fermaient les unes après les autres, de plus en plus de gens perdaient leur travail, se remémore-t-il. Il fallait relancer l’économie, chose faite avec le Centre thermal notamment, et redonner espoir aux gens.» La solution arrive par l’entremise de Roger Zanetti, dit Zaneth, fraîchement engagé comme éducateur auprès de la jeunesse et qui décide de fonder les Jeux du Castrum, nommés en référence au site romain du lieu, alors en pleine réhabilitation.

«L’idée était d’utiliser les talents de la région et de rassembler des gens de milieux et d’âges différents. Car à cette période-là, il ne se passait pas grand-choses au niveau culturel», indique l’ex-syndic. Dès la première édition, la sauce prend et il est décidé que les Jeux seront organisés tous les deux ans.

Des spectacles hauts en couleur

En 1981, la manifestation donne d’ailleurs lieu à une soirée d’anthologie. «Une comédie musicale, La nuit, avait été montée avec la participation de Léo Ferré, raconte Christiane Vincent, ancienne cheffe du Service des affaires culturelles de la ville. Celui-ci avait chanté dans la cour du château pratiquement jusqu’au petit matin, c’était complètement fou!» Celle qui a également dirigé le Théâtre Benno Besson poursuit: «à l’époque, nous choisissions toujours un thème autour duquel tournaient les expositions et les spectacles. Je me souviens notamment d’une édition où nous avions organisé un voyage en train entre Yverdon-les-Bains et Six-Fontaines. Tout le monde était en costume d’époque et il y avait un spectacle différent dans chaque wagon.» Au fil des ans, la manifestation évolue et le nombre d’animations proposées augmente. Mais les Jeux finissent par connaître une période plus délicate et sont temporairement suspendus.

En 2017, la Ville souhaite redynamiser le concept et un nouveau comité prend les rênes du festival, qui devient Le Castrum et passe en mode annuel. «Depuis trois ans, chaque projet est réfléchi en fonction de l’endroit où il se déroulera, de façon à ce que l’espace fasse partie de la performance. Cette année, nous avons investi des lieux en transition ou voués à être transformés, car cela permet de créer une sorte de pont entre le passé, le présent et le futur. C’est aussi une façon de se fabriquer des souvenirs avant que l’endroit ne soit remodelé», explique Damien Frei, directeur-programmateur du festival. Et de poursuivre: «Les deux dernières éditions nous ont permis de voir comment réagissait le public. Cette année, il y a eu un véritable retour du spectacle de rue, avec du cirque contemporain notamment. Et ça a visiblement plu, car nous estimons que près de 15 000 spectateurs ont fait le déplacement.» Damien Frei défend aussi le choix de programmer Thierry Romanens. «Il s’agit certes de quelqu’un de connu, mais c’est avant tout un ancien Yverdonnois, et je pense qu’il est important de faire revenir des artistes qui ont gravité dans la région.» Quant aux projets participatifs, un peu en retrait cette année, ils resteront au programme. «Ils font partie de l’esprit Castrum, au même titre que le spectacle de rue. Nous prévoyons de poursuivre dans cette voie, tout en mettant l’accent sur les lieux que nous souhaitons faire (re)visiter au public.»

Muriel Ambühl