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Le tourisme d’achat grève le commerce

10 janvier 2012

Dans les zones frontalières, le commerce de détail souffre du tourisme d’achat. Selon une étude du Credit Suisse, celui-ci a augmenté de 20 à 30% l’an dernier.

Sandra Carnazzi Weber a présenté les résultats de l’étude «Retail Outlook» réalisée en collaboration avec la société de conseil Fuhrer et Hotz.

«En 2011, le tourisme d’achat a fortement augmenté (entre 20 et 30% selon les estimations) et a eu d’importantes répercussions, en particulier sur le commerce de détail suisse dans les régions frontalières.» Ce constat a été dévoilé hier à Lausanne lors de la présentation d’une étude du Credit Suisse consacrée au commerce de détail.

Les conséquences du tourisme d’achat sont loin d’être négligeables, puisque les auteurs de l’étude parlent «d’une fuite de 4 à 5 milliards» de francs, sur un marché évalué à 100 milliards de francs!

Le phénomène s’explique bien entendu par le franc fort, et les zones frontalières sont bien évidemment frappées de plein fouet. Le commerce de détail du Nord vaudois souffre ainsi de la proximité des grandes surfaces de Jougne-Pontalier.

Seule consolation, les experts relèvent que si ce tourisme d’achat va se poursuivre cette année, il ne devrait toutefois pas s’aggraver.

Résultats décevants

Les résultats 2011 des grands distributeurs suisses confirment d’ailleurs la tendance relevée par l’étude du Credit Suisse. Migros Vaud a par exemple enregistré une baisse du chiffre d’affaires de 4%. Pour Migros Genève, elle devrait être plus importante encore.

Stagnation…

Si 2012 ne s’annonce guère mieux. L’incertitude règnant sur le plan économique, la crise de la zone euro et une dégradation sur le marché du travail induisent les auteurs de l’étude à faire preuve de prudence. La consommation sera toutefois soutenue par l’immigration. Celle-ci ralentira un peu, mais ce sont tout de même 65 000 nouveaux habitants qui devraient être accueillis en Suisse. Le chiffre d’affaires du commerce de détail devrait progresser d’un pourcent, mais les marges, elles, seront une fois encore à la baisse.

Les prix ont baissé

Même s’il y a eu un décalage avec la baisse de l’euro face au franc, les prix ont baissé en moyenne de 2% l’an dernier. Dans l’électronique de loisirs, cette baisse atteint même un niveau record de 11%, a souligné Sandra Carnazzi Weber, responsable de recherche au Credit Suisse pour la Suisse romande. Cette tendance devrait se poursuivre en 2012.

La force du franc déplorée

S’ils se félicitent des mesures prises par la Banque nationale (BNS), les décideurs considèrent que le plancher fixé à 1,20 franc pour un euro est encore trop bas. C’est du moins l’avis de 49% des personnalités interrogées. 65% des entreprises actives dans le commerce de détail jugent que le franc fort a un impact négatif sur leurs affaires.

En ce qui concerne ces prochains mois, les responsables de ces entreprises restent relativement pessimistes. 38% d’entre eux pensent que leur chiffre d’affaires va stagner ou reculer. En ce qui concerne le bénéfice, 51% s’attendent à une stagnation ou à un recul.

Il n’en demeure pas moins que 55% des entreprises planifient une augmentation de la surface de vente de plus de 5%. Sandra Carnazzi Weber est d’avis que cela contribuera à augmenter la pression sur la productivité des surfaces de vente.

Attractivité du centre-ville

Une partie de l’étude, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir est consacrée à l’attractivité des centres-ville, «un modèle à succès malgré la concurrence croissante des agglomérations», souligne Sandra Carnazzi Weber, à condition d’offrir des conditions cadre. Clairement, un bon dosage zones piétonnes, accessibilité, parkings et transports publics permet de conserver le commerce au coeur de la cité. Un souci toutefois: les prix des surfaces ont considérablement augmenté et deviennent prohibitifs pour le petit commerce.

 

Isidore Raposo