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Le tracteur fait s’enflammer Chavornay

28 février 2011

Les conseillers communaux de Chavornay se sont enflammés pour savoir s’il était pertinent ou non d’acquérir un tracteur d’occasion. Résultat des courses? Le préavis municipal, en apparence anodin, a fini par être accepté.

 

La Voirie de Chavornay aura droit à un nouveau tracteur!

La Voirie de Chavornay aura droit à un nouveau tracteur!

Dans la majorité des conseils du district, un préavis intitulé «Achat tracteur d’occasion – demande de crédit» suscite un intérêt très relatif de la part des conseillers, lesquels écoutent les conclusions du rapporteur de la commission, avant de lever la main pour approuver la dépense, laquelle s’élève dans ce cas précis à 33 000 francs, amortis sur dix ans. Mais Chavornay n’est pas un village comme les autres.

 

Résumons les faits: la Voirie de Chavornay possède un tracteur polyvalent, acquis par la Commune en 2002, lequel donne entière satisfaction, que ce soit pour le déblaiement de la neige des trottoirs ou pour la tonte des gazons, entre autres usages. Le véhicule est encore en fonction, mais arrive gentiment en fin de vie, sans que la date exacte de son trépas ne soit encore estimable. Et là, la Municipalité flaire la bonne occasion! Un tracteur de démonstration, n’ayant que 427 heures au compteur. Son prix est donc fixé à 33 000 francs «frais d’expertise et d’immatriculation compris».

Le problème? Le véhicule est vieux de huit ans et la maison le fabriquant a cessé la production de ce modèle. Pas de quoi décourager la Municipalité, mais de quoi refroidir les conseillers communaux, et notamment Pierre-Alain Auberson: «Il y a trois minutes, je n’aurais encore pas su quoi voter, mais en écoutant les arguments des uns et des autres, j’ai pris ma décision! Je voterai non!»

La raison principale du refus de l’agriculteur? Le rabais proposé par le constructeur. Patrick Pfister a en effet obtenu du municipal Guy Müller la réponse à la question qui le taraudait depuis un moment: le prix neuf du véhicule: «S’il est de 150 000 francs, je pourrais comprendre qu’il s’agit là d’une occasion sur laquelle nous pouvons prendre position. Si le prix neuf était d’environ 60 000 francs, il ne s’agirait pas du tout d’une bonne affaire.» Guy Müller: «Je n’ai plus exactement en tête le prix du véhicule à l’état de neuf, mais, comme ça, je dirais qu’il se situe aux alentours de 45 000 francs.» Silence dans la salle, suivi de murmures, et, si l’on a pu craindre pour la santé de certains conseillers, aucun malaise cardiaque n’a heureusement été à déplorer. Patrick Pfister toujours: «33 000 francs, à la place de 45 000 francs, pour un véhicule de démonstration vieux de huit ans, vous appelez cela une bonne affaire?» A Chavornay, personne n’apprendra à un agriculteur à négocier un rabais, et surtout pas la Municipalité!

On l’a compris, le préavis qui devait être une formalité, a fini par diviser complètement le Conseil communal, composé, faut-il le rappeler, à l’unanimité (moins un conseiller) de membres du Parti libéral-radical. Le préavis semblait ainsi passer à la trappe, avant que l’intervention salvatrice de Pierre Malherbe ne vienne renverser la tendance: «Je pensais également voter non, mais, en tant que membre suppléant de la commission, j’ai étudié le dossier et j’ai pu entendre les employés de la Voirie, qui sont les seuls concernés. Ce n’est pas vous, ni moi, qui seront assis dans ce tracteur, mais bien eux. Ils ont dit que ce tracteur était adapté à leurs besoins. A-t-il un équivalent sur le marché? Non, m’ont-ils répondu, ce véhicule est celui qu’il nous faut.»

Olivier Thibaud, dont la voix est toujours très écoutée, appuyant son collègue Pierre Malherbe directement après, le préavis a fini par passer la rampe, avec 21 oui, 10 non, et 8 abstentions. Mais la Municipalité a entendu les réprobations, celles de Pierre-Alain Auberson en tête, et a senti passer le vent du boulet.

Timothée Guillemin