Double championne d’Europe, Kayla Cuche, 10 ans, a commencé le bicross en voyant les trophées de son papa Laurent Miéville.
Textes: Manuel Gremion | Photo: Michel Duperrex
Il avait 19 ans, Laurent Miéville, lorsqu’il a rangé son vélo de BMX du jour au lendemain, en 2001. Plus tard, il n’a pas souvent parlé de sa carrière à la maison. Toutefois, chez ses parents, sont encore exposés les trophées remportés par le pilote de l’ancien club d’Yverdon. Des honneurs qui ont avivé la curiosité de sa fille, Kayla Cuche.
Désireuse d’essayer la discipline, la jeune Pomérane a convaincu ses parents de participer à une journée d’initiation avec un camarade de classe, fin 2021. Le bien était fait : depuis, elle n’a plus lâché le guidon.
Aujourd’hui, Kayla Cuche est déjà double championne d’Europe, avec les filles de 9 ans l’an passé, avec celles de 10 ans il y a quelques semaines. Le pilotage, elle l’a dans les gènes, couplé à des qualités de puissance qui lui ont permis d’atteindre deux fois le top 5 aux Championnats du monde.
Quand sa fille a pris le vélo sur la piste de Grandson, Laurent Miéville s’y est remis lui aussi. Au départ, «juste pour lui montrer deux, trois trucs». Finalement, lui aussi s’est pris au jeu et, à 42 ans, le Nord-Vaudois fait des ravages sur le circuit des anciens (+25 en Suisse romande, +35 aux niveaux national et international). Le duo père-fille parcourt ainsi la Suisse, et même parfois l’Europe, au rythme des courses. « Au début, j’avais promis à ma femme que ce ne serait qu’occasionnel » , se souvient, tout sourire, le papa qui, quand il en a l’opportunité, profite de rouler lui aussi.
Cette année, il s’est même rendu à Rock Hill, aux Etats- Unis, pour accompagner sa fille aux Championnats du monde, deux semaines avant les Championnats d’Europe de Vérone, en Italie. «Tant qu’on peut le faire, on essaie de se rendre à ces courses ! » Une magnifique expérience que Kayla Cuche a adorée.
La première épreuve à laquelle la sportive de Pomy a participé s’est déroulée en mars 2022, à Echichens. Il s’agissait de se faire une idée de son niveau sur le circuit romand… et elle a gagné. Le genre d’émotions qui lui ont donné le goût de persévérer. Dès la première année, elle avait remporté les titres vaudois, romand et suisse de sa catégorie. Une année plus tard, elle s’imposait en Coupe d’Europe à Vérone, puis décrochait le titre européen à Besançon. «L’entraîneur du club, Romain Tanniger, nous avait dit qu’après cela, on était presque obligés d’aller aux Mondiaux.» Quelque temps plus tard, elle finissait 5e de la compétition à Glasgow. Kayla Cuche a des fusées dans les mollets.
Selon toute vraisemblance, l’année prochaine sera du même acabit, avec des Européens en Lettonie et des Mondiaux au Danemark. Il n’y a toutefois aucune pression sur les épaules de la jeune championne, dont le moteur est le plaisir à rouler. «On y va à son rythme», assure son papa, qui sait qu’il a tout intérêt à continuer à bien s’entraîner pour suivre le tempo imposé par sa fille.
24 courses sont au programme de Kayla Cuche, cette
saison. Dont une partie à l’étranger, ce qui a forcément
un coût, essentiellement pour les déplacements et l’hébergement, évalué à environ 18 000 francs cette année.
