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L’école dans un autre monde
Les élèves et leurs accompagnateurs ont très vite été intégrés et bien accueillis à Toubacouta.

L’école dans un autre monde

6 juin 2025 | Texte: Robin Badoux | Photos: DR
Edition N°3955

Tous les trois ans, une classe d’écoliers du Cycle d’orientation (CO) d’Estavayer-le-Lac s’envole pour l’Afrique avec l’association Soutien Sénégal. Une manière de sensibiliser les jeunes aux enjeux humanitaires et aux inégalités entre les continents. Rencontre avec Maya Duperrex de Cheyres-Châbles, qui vient tout juste de revenir de cette aventure enrichissante.

«On leur a apporté beaucoup, mais on a reçu bien plus. On a découvert une autre version de nous-même.» Il est des voyages qui peuvent changer ses perspectives sur le monde et sur soi-mêmes du tout au tout. Cela, une trentaine d’élèves en dernière année au CO d’Estavayer l’ont bien appris. Durant les vacances de Pâques, ils se sont envolés pour un périple humanitaire au Sénégal dans la région de Toubacouta après deux ans de préparation. «Au début, on ne se rendait pas compte qu’on y était vraiment. On en parlait tout le temps entre nous ces dernières années», témoigne Maya Duperrex, une des élèves qui a participé à l’aventure (photo du milieu, à gauche).

Longues préparations

Les élèves ont pu partir grâce à l’association Soutien Sénégal, créée en 2007 au sein de l’aumônerie du CO. «On s’est rendus dans la région de Toubacouta pour la première fois en 2002 avec l’association Enseignants sans frontières. Après, on a tout de suite eu l’idée d’un projet pour aider les populations locales en y intégrant les élèves du CO, comme une option en marge du programme scolaire», explique Barbara Julmy Diolo, enseignante et cofondatrice de Soutien Sénégal.

Ainsi, tous les trois ans, une volée d’élèves ont la chance de pouvoir s’inscrire lors de leur 9e année scolaire. Ils ont ensuite deux ans pour préparer la future expédition. Les participants se réunissent alors tous les mois pour planifier, mais aussi réfléchir au financement du voyage. Maya et ses camarades ont effectué des ventes de pâtisseries et de fondues durant les préparatifs. De gros efforts pour un but qui peut paraître lointain au moment de l’inscription. «Il y en a qui s’inscrivent, mais qui renoncent entre-temps. Moi, j’avais envie de m’impliquer dans quelque chose. L’humanitaire me parle, mais je n’avais jamais rien fait de concret», décrit Maya Duperrex, qui ambitionne de pouvoir travailler dans un métier de la santé.

Les élèves ont décollé le 19 avril. Ils et elles étaient 29 à s’embarquer, suivis par une quinzaine d’accompagnateurs, dont d’anciens élèves participants qui souhaitaient renouveler l’expérience.

Choc émotionnel

Arrivés au Sénégal, à Dakar, les participants ont d’abord pu profiter de l’océan, faire un safari-photo dans une réserve et visiter une pouponnière avant de se rendre à Toubacouta. «Les habitants savaient qu’on venait au village. Ils étaient très accueillants, nous demandaient si on allait bien et si notre voyage s’était bien passé.»

Les élèves ont alors pris part à plusieurs actions pour venir en aide à la population locale, relativement pauvre. «Dans notre camp, on avait l’eau courante et l’électricité, alors que certaines familles n’ont que l’accès à un petit puits.» Ils ont par exemple aidé une école en apportant des pupitres et des bancs et en repeignant les volets. «On a aussi planté des arbres fruitiers en sensibilisant les enfants à leur entretien.»

L’expédition a également inauguré deux puits et distribué des habits récoltés préalablement en Suisse. Tout du long, les élèves ont pu apprendre à connaître la culture locale et créer des liens avec la population. «On allait chez les gens pour cuisiner avec eux et jouer avec les enfants. Un jour, on a rencontré des joueurs de foot et de basket locaux. On a même échangé nos numéros et on discute encore ensemble aujourd’hui.»

Puis, un jour, tout s’est terminé. Le 30 avril, les élèves sont rentrés, mettant fin à une aventure longue de plus de deux ans. «C’était horrible. On était tous tristes», se souvient Maya Duperrex, pour qui le choc était dur à encaisser: «J’étais comme en dépression, c’était un choc émotionnel.»

Malgré tout, l’adolescente revient avec beaucoup de souvenirs positifs, mais aussi une vision différente de sa propre situation. «J’ai pris conscience de la valeur de l’eau. Je prends des douches de seulement deux minutes maintenant. On a découvert des gens ouverts et chaleureux. Ils n’ont pas autant de barrières que nous, dans notre société. En Suisse, tout est très formaté entre le travail, la maison, le sommeil. Là-bas, ils sont beaucoup plus calmes et moins réglés.»

En attendant, il faut faire le bilan de cette aventure. Quelques réunions sont encore prévues et un film devrait être réalisé par les élèves.

De son côté, à peine rentrée, Maya n’a déjà qu’une idée en tête: y retourner. «J’aimerais bien pouvoir rester dans l’association et repartir comme accompagnante.» Si tout se passe bien pour elle, le prochain voyage se fera donc avec la prochaine volée du CO, dans trois ans. Comme quoi, les voyages forment vraiment la jeunesse!

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