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L’entraîneur Jean-Daniel Perroset et Yverdon Féminin divorcent

20 novembre 2013

Football – Le technicien s’en va, après deux saisons et demi à la tête de l’équipe de LNA, pour raison de santé, alors que des divergences de vue existaient entre lui et le comité.

Domicilié aux Mosses depuis quelques temps, Jean-Daniel Perroset parcourait plus de 1000 kilomètres par semaine pour entraîner Yverdon Féminin.

Après deux ans et demi à la tête de l’équipe, Jean-Daniel Perroset a dirigé l’équipe de LNA d’Yverdon Féminin pour la dernière fois samedi dernier, contre Neunkirch (défaite 0-2).

Son départ résulte de sa propre décision et il l’a prise pour raison de santé. Entre autres problèmes, le technicien de 57 ans souffre de calculs rénaux. «C’est la cinquième fois, je commence à connaître, soupire-t-il. A chaque fois, ils sont arrivés lorsque je traversais une période de stress intense.»

Car, au-delà de ses soucis médicaux, Jean-Daniel Perroset et Yverdon Féminin connaissaient une mauvaise passe. Sur le terrain, d’abord, où son équipe n’a pas récolté le moindre point lors des cinq dernières rencontres avant la pause, après un début de saison fracassant (huit matches, vingt points). En coulisses, ensuite, où l’entraîneur aspirait à professionnaliser les structures, sans recevoir, dans sa démarche, le soutien qu’il escomptait de la part du comité.

Manque d’avantages

Son principal grief : le manque d’avantages dont bénéficient les filles de l’équipe de LNA par rapport aux autres joueuses du club, alors qu’elles consentent un investissement supérieur en termes de nombre d’entraînements et de déplacements. «Je me suis par exemple battu pendant deux ans et demi pour qu’on ne leur facture pas de cotisation, affirme-t-il. C’est ainsi que cela fonctionne dans tous les clubs d’élite : la base paie en partie pour la une.» Un point de vue qui n’est pas celui de la présidente, Linda Vialatte. «Un club, ce n’est pas que la première équipe. Le fait que tout le monde soit considéré au même titre est la force d’Yverdon Féminin. Et les filles de la LNA ont des avantages. On fait tout ce que l’on peut pour elles», réagit-elle.

Jean-Daniel Perroset s’est toujours posé en entraîneur professionnel et exigeant, bien qu’officiant en l’occurrence dans un milieu amateur. «Les autres clubs suisses se restructurent les uns après les autres, justifie-t-il. Même les néo-promues de Neunkirch ont été chercher des renforts à l’étranger. A Yverdon, j’ai tiré la sonnette d’alarme : en continuant comme ça, l’équipe sera bientôt en Ligue nationale B.»

«L’objectif prioritaire, ce n’est pas le titre national, même si ce serait magnifique de l’obtenir, rétorque Linda Vialatte. Ce qu’on veut, c’est développer notre formation, pour aligner une équipe composée de nos propres joueuses.» Une différence de perspectives immédiates qui apparaît comme la véritable pierre d’achoppement de la relation qui unissait Jean-Daniel Perroset à Yverdon Féminin.

Trop professionnel ?

Comme dans toute séparation, les deux parties ont des reproches à formuler. «J’étais fatigué d’avoir l’impression de devoir tout faire tout seul», lâche l’ex-entraîneur. «Il s’énervait parfois beaucoup au bord du terrain», relève Linda Vialatte. Mais, d’un côté comme de l’autre, on n’enlève rien à ce qui a été accompli ensemble. Jean- Daniel Perroset était-il, tout simplement, trop pro pour Yverdon Féminin ? «Je ne crois pas, estime Linda Vialatte. Mais son professionnalisme s’exprimait parfois par des choses que je considère comme anecdotiques. Par contre, je suis consciente que tout ce qu’il a fait, c’était pour le bien du club. Ça ne fait aucun doute. En termes d’engagement, de rigueur et d’aspiration à l’excellence pour chacun, nous n’avons jamais eu quelqu’un comme lui.» Au final, d’un côté comme de l’autre, on se dit «soulagé» que le divorce soit désormais consommé. Selon toute vraisemblance, l’ancien assistant de Jean-Daniel Perroset, Christian Leuenberger, sera porté à la tête de l’équipe pour la suite du championnat.

De son côté, celui qui a passé deux saisons et demi sur le banc du Stade Municipal -qui précise rester à disposition du club en cas de besoin- aspire désormais à se rétablir de ses ennuis de santé et à respirer. Un adieu définitif au monde du ballon rond ? «Je suis incapable de le dire», répond ce mordu, qui a commencé à jouer il y a cinquante ans tout juste.

 

Des regrets

Jean-Daniel Perroset avoue qu’il gardera des regrets de cette dernière saison, que son équipe avait commencée en fanfare. «Avec moins de blessées, nous pouvions gagner le titre, compte tenu du groupe que j’avais à disposition», estime- t-il. Yverdon Féminin reste désormais sur cinq défaites et luttera probablement, au printemps, pour les places d’honneur. «Je souhaite sincèrement à l’équipe de bien réussir son parcours en Coupe», conclut l’ancien entraîneur.

Lionel Pittet