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«L’envie de rassembler»
© Michel Duperrex

«L’envie de rassembler»

17 novembre 2022

Ce samedi, la salle de l’Etoile, à Yverdon, accueillera musiciens et choristes pour un concert intitulé Le Temps d’une respiration. Quinze jeunes enfants du Nord vaudois participent à cette aventure éphémère et se produiront en compagnie du Chœur mixte le Chêne, basé à Gland. La Région a interrogé la directrice du projet, Bérengère Penel (photo), auteur-compositrice-interprète et enseignante domiciliée à Montagny.

Une interview de Robin Badoux

Pouvez- nous parler de la genèse du projet? Qu’est-ce qui a motivé cette aventure?

Plusieurs choses à vrai dire. Pour commencer, en tant que directrice du chœur mixte de Gland, je dois choisir chaque année un nouveau programme, et après la pandémie nous voulions nous diriger vers quelques chose qui rassemble. En ce sens, je voulais réaliser un spectacle intergénérationnel qui réunit les jeunes comme les moins jeunes. Ensuite, je nourrissais l’envie de faire le lien entre mes différentes activités.

A ce propos, quelles sont vos principales activités, actuellement?

En plus de diriger un chœur mixte, j’enseigne la musique aux enfants, mais aussi aux personnes âgées. J’ai beaucoup de plaisir à transmettre. Je compose également des chansons pour jeune public et j’organise des concerts pour enfants dans la région depuis déjà 2017. Après, je dis toujours que ce sont des concerts «pour les petits et les grands enfants». Pour les adultes qui ont une âme d’enfant ça marche aussi (rire) ! Par la suite, je me suis dit que ce serait très chouette de réunir ces différentes facettes, mon travail avec les enfants, la composition et la direction d’un chœur d’adultes dans un même concert.

Vous avez mentionné la pandémie. Le Covid a-t-il beaucoup influencé votre travail de directrice?

Oh oui! Imaginez diriger un chœur en visioconférence! C’était une période difficile pour nous, comme pour beaucoup d’autres personnes qui se sont retrouvées seules. C’est pourquoi nous voulions revenir avec un programme rassembleur, qui parle aux grands comme au petits.

Qu’est ce qui vous a motivée à former votre propre chœur d’enfants ?

A la base, pour ce projet, nous pensions chanter, nous, des chansons entre adultes, tandis qu’un chœur d’enfants déjà existant nous accompagnerait. Mais on s’est rendu compte qu’au niveau organisation c’était très difficile de mêler deux entités différentes de cette manière. On s’est donc dit: pourquoi pas former un nouveau chœur pour l’occasion? Surtout que c’était un rêve pour moi depuis bien longtemps de pouvoir diriger des enfants.

Pourquoi réunir un chœur mixte de Gland avec des enfants de la région d’Yverdon ?

J’ai la chance d’habiter près d’Yverdon depuis plusieurs années. J’y enseigne également la musique et c’est avec les enfants de la région que j’ai le plus de liens désormais.

Vous dirigez une quinzaine d’enfants parfois très jeunes pour ce projet. Comment s’est passée l’expérience avec eux jusqu’ici?

Effectivement, mon chœur rassemble des enfants de 6 à 11 ans. Mais de manière générale, tout se passe très bien. Je cherche notamment à canaliser leur énergie durant mes cours. On ne reste pas assis pendant trois heures à apprendre la musique. J’associe beaucoup de mouvements à l’apprentissage des chansons et nous utilisons plusieurs accessoires pour rendre le tout plus ludique. Ils sont tous très joyeux et ont très envie d’apprendre. Pour tout vous dire, ces enfants se sont inscrits volontairement. J’avais distribué des flyers et posté des messages sur les réseaux sociaux et quinze enfants se sont spontanément inscrits au stage de musique. Ils sont donc très motivés.

Combien de temps avez-vous travaillé avec ces enfants?

Nous nous sommes rencontrés lors d’un stage durant la deuxième semaine des vacances d’automne. Nous avons fait ensemble une demi-journée le mercredi 26 octobre, une journée entière le jeudi et une autre demi-journée le vendredi.

C’est relativement peu, non?

Oui c’était très dense. Mais j’ai également composé leurs chansons en connaissance de cause. Ce sont des morceaux courts et non des pièces de quatre minutes. Et j’ai également l’énorme avantage de pouvoir composer moi-même et de transmettre sans intermédiaire. C’est une facilité parce que ça va très vite ainsi. Enfin c’est une sorte de défi. On dit qu’il faut des années pour apprendre à jouer d’un instrument mais en se donnant des objectifs dans un laps de temps très court on se force à apprendre et à être performant à un moment et pour un objectif précis.

Comment vos protégés perçoivent-ils l’idée de se retrouver sur scène pour un concert ?

Pour certains, c’est le trac. Quelques-uns pratiquent déjà la musique de leur côté tandis que d’autres pas du tout. Mais c’est surtout une chose nouvelle pour eux, quelques chose d’inconnu. Ils doivent apprendre à chanter en groupe et il n’y en a pas beaucoup qui sont déjà montés sur scène.

Parlons un peu de vos chansons. Est-ce vous qui les composez entièrement?

Oui. Je compose la musique et les paroles. En tout cas pour celles des enfants. Le chœur d’adultes qui va les accompagner le 19 novembre va interpréter des grands noms de la chanson française, comme Barbara, Maxime Le Forestier, Guy Béart, Julien Clerc ou Pierre Perret, pour ne citer qu’eux.

Une de vos chansons a donné son nom au concert : Le Temps d’une respiration. Est-ce là le thème de la rencontre?

Tout à fait. Mais on peut l’interpréter de différentes manières. Aller à un concert, à un spectacle ou à un évènement c’est de toute façon, pour le public, un petit moment de pause où on oublie le quotidien, où on prend le temps de s’évader. C’est important pour nous que les gens puissent venir passer un moment agréable. D’un autre côté, la respiration est un symbole de vie. Un lien entre le passé, le présent et le futur, ce qui fait parfaitement sens dans un concert intergénérationnel comme le nôtre. Le temps est d’ailleurs le thème principal de ces chansons. Elles parlent du temps qui passe, des liens qui se tissent grâce à lui, de la famille, des arbres généalogiques ainsi que notre propre rapport au temps.

Quels sont vos autres projets pour la suite ? Allez-vous continuer à travailler avec ces enfants?

J’aimerais bien! Mais initialement c’est un projet éphémère. Ces enfants et moi nous nous sommes rencontrés pour réaliser ce concert unique. Après, c’est une idée personnelle, mais je me dis pourquoi pas aller dans des EMS pour y reprendre ces chansons avec ces enfants, à l’occasion de Noël, par exemple. Autrement, j’ai d’autres concerts prévus en 2023 avec le chœur mixte. Je rêverais de pouvoir à nouveau chanter avec ces enfants mais eux ils vont continuer à avancer et vivre leur vie de leur côté.

Rédaction