L’équilibre de l’Orbe en difficulté
20 juin 2025 | Texte: Maude Benoit | Photos: Gabriel LadoEdition N°3962
Les déchets s’accumulent au barrage du Day pour se déverser ensuite jusqu’au lac de Neuchâtel. Une détérioration du cours d’eau qui inquiète l’association Orbe Vivante. Elle a décidé de rencontrer les entreprises concernées et d’amener la problématique devant le Canton.
L’Orbe, rivière caractéristique du Nord vaudois, aussi belle que source de biodiversité, attire les touristes, les animaux et, malheureusement, les déchets. Comme beaucoup d’autres cours d’eau, plastiques et micro-plastiques jalonnent désormais le cours d’eau.
C’est au barrage du Day que s’accumule notamment une masse importante de détritus. Lors des fortes pluies, ils sont entraînés par les crues et se déversent jusqu’au lac de Neuchâtel. En traitant directement les déchets au barrage du Day, la pollution pourrait être drastiquement réduite. C’est le constat que l’association Orbe Vivante a fait ces dernières années. En effet, parmi ses nombreuses activités, l’association organise ponctuellement des journées de nettoyage de déchets. Lors de leur dernière mission en mars 2025, leur constat s’est révélé préoccupant. À tel point que l’association active depuis 1992 a décidé de rencontrer les entreprises exploitantes du barrage du Day et de déposer une interpellation au Grand Conseil.
Rencontrer et discuter
«Ce n’est pas que les entreprises exploitantes du barrage n’ont jamais rien fait, explique Christian Lambercy, co-président de l’association Orbe Vivante et habitant des Clées. Mais leurs actions étaient sporadiques et les entreprises rencontraient des difficultés logistiques.» Ainsi, le nombre de déchets reste préoccupant pour l’association. Christian Lambercy et Christophe Estermann de Lignerolle, l’autre co-président de l’association, ont donc rencontré jeudi matin les deux entreprises concernées pour leur demander de trouver des solutions techniques fiables et efficaces afin de traiter les déchets au niveau du barrage du Day. Et ils se sont présentés avec le cadre légal à l’appui.
En effet, l’art. 41 de la Loi fédérale sur la protection des eaux (LEaux) stipule que «1. Celui qui exploite un ouvrage de retenue a l’interdiction de rejeter en aval les détritus flottants recueillis en amont. L’autorité peut autoriser des exceptions. 2. Il doit recueillir périodiquement les détritus flottant aux abords des installations, conformément aux prescriptions de l’autorité». Ainsi, même si les détritus proviennent majoritairement de Vallorbe et des promeneurs qui se baladent le long de l’Orbe, ce serait donc aux deux entreprises de s’en occuper.
Au sortir de cette rencontre, les deux hommes sont optimistes. Les deux entreprises ont exprimé l’intention d’effectuer des études sur le sujet d’ici à l’automne et d’éventuellement mettre en place de premières solutions techniques et des mesures organisationnelles avant le printemps prochain, soit avant les premières fortes pluies. «C’est une porte qui s’entrouvre», observe Christophe Estermann, avant de souligner qu’entre prises de décisions et réalité, la période d’attente est parfois difficile à estimer.
Plus loin, au Grand Conseil
Si l’association a aussi obtenu quelques avancées favorables, elle souhaite tout de même amener la problématique jusqu’au Grand Conseil. Une interpellation devrait être déposée mardi prochain par le député vert Alberto Mocchi. Car l’association se questionne: «Que veut faire le Canton pour faire appliquer la Loi?» Il faut dire que la problématique ne concerne pas que le barrage du Day. «C’est le plus grand barrage sur l’Orbe et le deuxième plus grand du Canton. Mais il y a d’autre système de retenues hydrauliques dans tout le canton de Vaud. Tous doivent s’occuper de leurs déchets », explique Christophe Estermann. L’association attend donc du Canton que celui-ci clarifie la situation juridique et les directives que les services concernés doivent appliquer.
Valoriser pour protéger
Plus largement encore, l’association souhaiterait qu’une réflexion sur l’Orbe soit engagée, car la rivière possède un attrait touristique et écologique. Selon l’association, il faudrait en faire la promotion, puisque seuls les sites connus bénéficient d’une protection satisfaisante. «Il faut reconnaître la valeur de l’Orbe pour avoir la motivation de la protéger», explique le Lignerollois. Avant d’ajouter: «Il faut toutefois prendre des dispositions pour anticiper les effets négatifs du tourisme».
Infos pratiques
Site internet: lorbe-vivante.ch/