Les aînés tirent le frein à main
18 septembre 2024 | Textes: Benjamin Ambühl | Photos: Gabriel LadoEdition N°3790
Remonté par l’ajout d’un test neurologique aux examens médicaux de la conduite, François Brélaz a déposé une pétition au Grand Conseil vaudois pour porter la colère et les inquiétudes des seniors du canton.
Le septième examen était celui de trop pour François Brélaz. Bien qu’il l’ait réussi, ce senior de 85 ans a été fâché de découvrir l’ajout d’une partie neurologique en plus des traditionnels examens médicaux et de vue dans le but de conserver le permis de conduire. Des tests neurologiques qu’il trouve aberrants. «On nous demande quelle est la date du jour, ou de reconnaître un rhinocéros sur un dessin. Pour un retraité, je trouve plutôt bon signe de ne pas savoir quel jour on est, sans toutefois empêcher de conduire, et assez offensant de devoir reconnaître de basiques dessins d’animaux.»
La question de la légitimité et de la cohérence du test neurologique se pose parmi les seniors. On peut en effet se demander s’il est réellement opportun de faire marcher une personne âgée de 90 ans sur la pointe des pieds, ou encore évaluer l’utilité de faire réciter le plus de mots commençant par la lettre «f» en moins d’une minute. L’attribution des points fait également débat. Avant la mise en place d’un test neurologique systématique, il était parfois demandé aux seniors d’aller chez leur médecin pour un examen cognitif, ce dernier faisant une rapport complet. Bien loin de la classification en points mise en place actuellement.
Outre les exercices demandés, l’ancien député du Grand Conseil vaudois regrette également une différence de traitement d’une personne à l’autre. «Un médecin qui connaît bien son client ne va pas forcément lui faire passer les nouveaux tests neurologiques, mais lorsqu’il part à la retraite et qu’on doit trouver un autre médecin, on se retrouve avec un nouveau médecin souvent plus jeune qui va souvent être plus strict avec les règles.»
Bien que l’obligation de se soumettre à des examens médicaux tous les deux ans pour conserver son permis de conduire ait été reporté de 70 à 75 ans, la pilule passe mal chez les seniors. Nombreux sont ceux qui ont l’impression d’être poussés vers la sortie par ces examens, là où la plupart estiment qu’ils devraient leur permettre de continuer à conduire en toute sécurité. Car bien plus qu’un hobby, la conduite est un élément crucial pour de nombreux aînés, notamment ceux qui habitent en campagne et disposent de peu d’alternatives.
Le ton est donc donné pour la commission des pétitions, qui devra trancher avant que le Grand Conseil puis le Conseil des États se prononcent sur le sujet.
Des chiffres plutôt stables
La décision d’ajouter une partie neurologique aux examens médicaux pour la conduite ne vient pas d’une hausse massive des accidents des seniors. Les chiffres de la Police cantonale vaudoise montrent que le nombre d’accidents recensés avoisine les 20%, un chiffre qui n’a pas significativement augmenté ou diminué entre 2019 et 2023.