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Les bérets verts concoctent un anniversaire explosif
De g à dr: le chef de site François Pelet, le colonel Patrick Huber, le lieutenant-colonel Sébastien Rouge. © Michel Duperrex

Les bérets verts concoctent un anniversaire explosif

9 mai 2019 | Edition N°2494

Pour célébrer dignement les 40 ans de la caserne, les militaires ont prévu une panoplie de démonstrations e t d’activités, samedi. à quelques heures d’accueillir près de 10 000 visiteurs, c’est le branle-bas de combat.

«Le scénario: on se trouve devant un village et, un petit peu plus loin, il y a un édifice protégé par l’armée. Tout à coup, un véhicule arrive et lance une attaque sur les villageois. Il y a un échange de tirs entre l’armée et les terroristes, puis une prise d’otages dans un bâtiment. Là, le Détachement d’action rapide et de dissuasion (Dard) de la police cantonale arrive en hélicoptère. Il entre dans la maison en explosant une porte et libère les otages.» La scène que raconte le lieutenant-colonel EMG Sébastien Rouge, de Champvent, n’est pas le pitch d’un futur film d’action hollywoodien mais le script de l’une des démonstrations prévue samedi à Chamblon.

Depuis le mois de septembre, il travaille avec le commandant de l’école d’infanterie 2, Patrick Huber, et le chef de site, François Pelet, pour organiser une grande fête pour les 40 ans de la place d’armes. Et les bérets verts n’ont pas fait dans la dentelle pour marquer le coup: fouille de maison, tir à balles réelles, contrôle de check-point par les unités spéciales de la police militaire, engagement d’un Super Puma ou encore escorte d’un VIP. «On a voulu montrer  toute la palette de ce que l’on fait ici, sur le site de Chamblon, confie le colonel EMG Patrick Huber, qui précise que certaines de ces démonstrations n’ont jamais été présentées au grand public. Ce qui est génial, c’est que ce sont les miliciens qui seront à pied d’œuvre, encadrés par mes cadres professionnels.»

Une caserne aux multiples facettes

Bâtie en 1979, avec un budget de 85 millions de francs, la place d’armes de Chamblon n’a pu traverser les âges qu’avec des appuis extérieurs et, surtout, celui des politiciens d’antan. «Mon but était d’intégrer tous nos partenaires lors de la fête, car si la place existe, c’est aussi grâce à toutes ces collaborations, note Patrick Huber. Pour la journée des familles (ndlr: elle a lieu demain pour les proches des recrues et des autorités), nous avons invité 70 syndics et tous les municipaux des communes voisines (ndlr:Treycovagnes, Suscévaz et Chamblon), qui étaient en fonction en 1979.» Et Sébastien Rouge de renchérir: «Tous les élus de Suscévaz de l’époque vont venir à la fête!»

Pour compléter le vaste programme de festivités (lire encadré), les militaires ont aussi convié plusieurs de leurs partenaires. Outre les gendarmes, la protection civile et les douaniers qui participeront aux démonstrations, les sapeurs du Service de défense incendie et secours du Nord vaudois mettront le feu à des installations avant de déployer leur lance cobra. Les agriculteurs qui gèrent les prairies de la colline apporteront leurs machines de travail et quelques animaux pour le plus grand bonheur des petits visiteurs. Quant aux membres du programme Nature Paysage Armée, qui veillent à sauvegarder la biodiversité, ils expliqueront les mesures mises en place à Chamblon. «Ils vont essayer d’attraper des vipères ou des tritons pour créer une sorte de vivarium», dévoile François Pelet. Le «super intendant», comme les gradés s’amusent à l’appeler, se réjouit d’assister à cette grand-messe des bérets verts. «Mon premier travail, quand je suis arrivé à Chamblon en 1989, a été d’organiser les 10 ans de la place d’armes», se rappelle-t-il. Trente ans plus tard, il orchestre l’installation des infrastructures du 40e anniversaire du site. «Pour l’anecdote, lors de l’inauguration de la caserne, alors que tout le monde écoutait les discours, les toilettes étaient en feu. C’est là qu’on a réalisé que les tuyaux des pompiers n’étaient pas assez longs pour éteindre l’incendie!» Même si l’auteur de l’attaque a été retrouvé et, qu’aujourd’hui, il réside au Canada, le colonel EMG a pris les devants pour parer à tout incident: «Cette fois, on est parés à tout, du visiteur déshydraté au crash d’un hélicoptère. Mais je touche du bois!»


Un mélange d’histoire, de nature et d’éthique

«Depuis que je suis arrivé à Chamblon, on me parle des cinq places d’instruction: Calven, Morgarten, Neuenegg, Giornico et Grandson. Mais je n’ai jamais su pourquoi on les avait baptisées comme ça, confie le commandant Patrick Huber. J’ai mis deux lieutenants, qui ont un bachelor en histoire, sur le coup pour qu’ils préparent une signalétique. Mais on ne sait toujours pas pourquoi ces batailles-là, plutôt que d’autres, ont été choisies pour nommer ces sites.» Si le mystère reste entier, il n’empêche que les deux officiers ont pu synthétiser quelques éléments clés à présenter au public. Pour compléter ces données, le colonel a demandé à l’aumônier et à des biologistes de présenter, à leur tour, les spécificités éthiques et naturelles du site de Chamblon. Car il y a bien des trésors de la faune et de la flore qui se cachent sur la colline, comme des orchidées et des tritons rouges, mais aussi des vipères. Tout un parcours didactique, accessible au public le week-end, a ainsi été créé. Il sera inauguré, samedi.  C. Md


Riche programme en vue

Le public est invité à découvrir l’univers militaire, samedi dès 9h. L’évènement débutera dans un village historique, avec 25 artisans de la région, suivi d’un concert de la fanfare militaire dès 9h30. Le commandant Patrick Huber prendra la parole à 10h, juste avant le premier coup de canon donné depuis la place Giornico (d’autres résonneront toutes les deux heures). Diverses démonstrations se suivront, de 10h à 16h30, avec une pause entre 11h45 et 12h, le temps du show d’un Super Puma. La manifestation se clôturera avec un concert de la fanfare militaire, à 16h30. Le repas de midi sera offert par l’armée, qui a investi 25 000 francs pour que la fête soit belle.  C. Md

Christelle Maillard