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Les betteraviers sucrent Travys

11 janvier 2017 | Edition N°1910

Nord vaudois – Une vingtaine de producteurs ne chargeront plus leur marchandise dans les gares de Baulmes, Vuiteboeuf et Essert-sous-Champvent, mais à La Poissine.

Les betteraves ne prendront plus le train à la gare de Baulmes. ©Duperrex-a

Les betteraves ne prendront plus le train à la gare de Baulmes.

Les dernières betteraves ont peut-être bien été chargées sur la ligne Yverdon-Sainte-Croix, cet automne. Cette année, les plus de 5500 tonnes de tubercules acheminées habituellement dans les gares de Baulmes, Vuiteboeuf et Essert-sous-Champvent ne seront plus transportées par les trains de la société Travys. Une vingtaine de producteurs situés entre Giez et Baulmes participent à un projet pilote d’optimisation des transports. Pour rejoindre la sucrerie d’Aarberg, leurs betteraves seront chargées sur le rail depuis la gare de Cand-Landi, à La Poissine.

Alors qu’aujourd’hui le producteur était responsable des betteraves jusqu’à la gare, voire jusqu’à l’usine, ce nouveau projet permet de déléguer le transport de la marchandise à un groupement d’agriculteurs et va jusqu’à dispenser le producteur de gérer le transport de sa marchandise. «Les betteraves seront prises en charge au bout du champ. Mais l’agriculteur qui souhaite participer au transport de la marchandise jusqu’à la gare de chargement pourra continuer à le faire et sera rémunéré par l’association », explique Nicolas Pavillard, producteur à Orges et responsable de l’organisation des transports pour son groupement, qui pense que cette démarche va dans le bon sens.

Une question de coûts

Une étude du Canton de Vaud présentée l’an dernier par Philippe Leuba, dont l’objectif est d’économiser jusqu’à sept francs par tonne de betteraves acheminées, montre que le transport entre les gares et les sucreries peut être amélioré. Le petit groupe de producteurs de ce projet pilote demandera dorénavant à Cand-Landi d’assurer les manœuvres de chargement sur le rail de leurs tonnes de betteraves. «Nous sommes sous pression à cause du prix de la betterave. C’est économiquement plus avantageux d’aller charger un train complet de 17 wagons à Grandson, alors qu’il fallait transporter trois wagons de betteraves par trois en utilisant la ligne ferroviaire de la société Travys», explique Nicolas Pavillard.

Une décision qui n’inquiète pas la société de transport nord-vaudoise, qui précise que la totalité du transport de marchandises, sans compter la ligne Chavornay-Orbe, ne représente qu’un pour cent de son chiffre d’affaire.

Le trafic marchandises remis en question

Le transport des betteraves sur la ligne de chemin de fer Yverdon-Sainte-Croix a un poids considérable dans les activités de transports de marchandises de la société Travys.

En effet, près de la moitié des wagons marchandises qui transitent sur cette ligne transportent ces racines destinées à la production de sucre (120 wagons en 2016 sur 242). La décision de ne plus acheminer les betteraves par le train remet donc en question l’exploitation du transport de marchandises sur cette ligne ferroviaire. La société Travys se dit «en réflexion» sur ce sujet et précise qu’aucune décision n’a été prise pour l’heure.

«Nous n’avons pas encore été informés officiellement et aucune date n’a été arrêtée, mais nous savons que le transport de marchandises ne pourra plus être assuré d’ici les trois à cinq ans à venir, explique le syndic de Baulmes, Julien Cuérel, dont la Commune utilise le rail pour transporter son bois. La priorité a été donnée à la mobilité des personnes avec la cadence à la demi-heure, ce qui ne me déplaît pas.»

Sainte-Croix utilise également la voie ferroviaire pour transporter 3500 tonnes de bois communal et privé par an (ce qui correspondrait à 170 transports par camion), mais également pour acheminer environ 800 tonnes d’ordures ménagères par année (ce qui équivaudrait à 90 transports par camion).

«Nous avons demandé à Travys de conserver le transport de marchandises, indique le municipal Philippe Duvoisin. Si cette offre est abandonnée, nous aurons des problèmes d’augmentation de trafic des poids lourds entre Yverdon-les-Bains et Sainte-Croix.» «C’est vraiment important que cette offre reste. Le transport par camions est trop cher pour le bois d’industrie et ce n’est pas une solution écologique», déplore Alain Cochet, de L’Auberson, qui gère une entreprise de débardage.

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Muriel Aubert