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Les bisons pourraient arriver dans une année

13 octobre 2016 | Edition N°1848

Suchy – Le Plan sectoriel forestier englobant le périmètre destiné à accueillir des bisons d’Europe a été remis au Canton et des séances d’information ont été organisées avec les différents acteurs concernés.

Alain Maibach dans la forêt de Suchy. Cette future terre d’accueil du bison d’Europe (en médaillon) a été choisie pour sa configuration et la diversité des milieux qu’elle propose. ©Carole Alkabes et DR/ Maibach

Alain Maibach dans la forêt de Suchy. Cette future terre d’accueil du bison d’Europe (en médaillon) a été choisie pour sa configuration et la diversité des milieux qu’elle propose.

Alain Maibach, coordinateur scientifique du projet d’hébergement des bisons d’Europe dans la forêt de Suchy, a pris la parole devant une assistance clairsemée, mardi soir à la grande salle du village. L’occasion, pour le biologiste, de communiquer plusieurs nouveaux éléments concrets sur cette initiative de conservation de l’espèce, lancée en 2007. Pour rappel, le préavis favorable donné par le Canton à la fin de l’année dernière allait de pair avec des ajustements, quant à la disposition des parcs, au type de clôture utilisé et à l’accueil du public. Des compléments étaient aussi demandés s’agissant du nombre de bisons envisagé. Les réponses à ces demandes ont été transmises à la Direction générale de l’environnement (DGE), au mois d’août, en même temps que le Plan sectoriel forestier auquel seront soumis les 123hectares concernés par le projet.

Avant la population de Suchy, les services cantonaux et les ONG se sont vus proposer une présentation. Tous ont affirmé leur soutien à la démarche chapeautée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). «La Diana a peur qu’en période de chasse, des animaux en fuite buttent sur les clôtures. Nous allons donc laisser un maximum d’ouvertures dans les parcs non occupés », précise Alain Maibach. L’exposé du spécialiste a aussi comporté plusieurs précisions sur la nature de l’expérience. «Cela ne sera pas Juraparc ni un quelconque jardin zoologique. Aucun accès ni aucune infrastructure ne seront aménagés spécialement pour le public. Il s’agit d’un processus scientifique, avec le maintien de l’affectation forestière», a-t-il relevé.

Une espèce du cru

Présents en Suisse jusqu’au Xe ou au XIIe siècle, les bisons ont vu leur population décliner de manière dramatique partout en Europe, en raison de la chasse et de la modification de leur environnement, si bien qu’il ne restait que 24 individus en captivité en 1924. La Société internationale pour la protection des bisons a alors commencé à travailler d’arrache-pied pour sauvegarder ces animaux que la consanguinité rend particulièrement vulnérables aux maladies.

La création d’îlots de conservation délocalisés comme celui projeté à Suchy permet de contrôler la reproduction de l’espèce afin de développer son patrimoine génétique. «Nous serons, en quelque sorte, des hôteliers pour les bisons. Après avoir généré une descendance, ils retrouveront leur milieu naturel, en Pologne ou en Biélorussie, et seront remplacés par d’autres spécimens. Il n’est pas question de réintroduire ce mammifère en Suisse», a déclaré Alain Maibach.

Dans un premier temps,quatre à six bisons d’Europe vont venir en villégiature à Suchy – «un ou deux mâles et trois à quatre femelles, dont certaines auront déjà eu des petits»-, précise le coordinateur scientifique. Les quadrupèdes éliront domicile dans l’un des trois parcs. L’exploitation forestière, la chasse et les autres activités traditionnellement autorisées pourront se dérouler librement au sein des deux espaces inoccupés.

Le dossier enrichi par les remarques récoltées auprès des différents acteurs concernés sera bientôt transmis aux services cantonaux. Il sera ensuite à nouveau possible de faire part d’observations lors d’une seconde phase de consultation.

La décision finale quant à la validation du projet reviendra à Jacqueline de Quattro, cheffe du Département du territoire et de l’environnement. «On pourra, je l’espère, voir des bisons à Suchy d’ici un an», conclut Alain Maibach.

Des ongulés discrets et peu dangereux
Similaires au gros bétail

Malgré sa stature imposante-un mâle peut peser jusqu’à 920 kilos-, le bison d’Europe ne s’observe pas aisément dans son milieu naturel. Alain Maibach a pu le constater lors de ses visites en Pologne. «Cet animal n’est pas dangereux,sauf en période de rut. Le public pourra d’ailleurs entrer dans le parc, sous sa propre responsabilité, comme c’est le cas dans les pâturages à bétail», commente le biologiste. Quant à l’impact sur l’environnement de cet imposant ruminant, il sera canalisé par son occupation successive des trois enclos selon un tournus.

Ludovic Pillonel