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Les Combiers impatients que le lac gèle

18 janvier 2013

Le lac de Joux gelé est avant toute chose la plus belle des cartes postales de la Vallée, mais pas seulement. Tour d’horizon des enjeux, en attendant que la nature fasse son office.

Le lac de Joux gelé est avant toute chose la plus belle des cartes postales de la Vallée, mais pas seulement. Tour d’horizon des enjeux, en attendant que la nature fasse son office.

Lorsque la glace s’y forme et que le lac de Joux est ouvert au public, il devient une attraction touristique majeure, qui ouvre -au prix de certains efforts- des perspectives économiques, tout en proposant aux autorités un défi important en termes de sécurité. Mais du Pont au Sentier prédomine, chez les Combiers, un sentiment de fierté, celle de pouvoir accueillir et séduire de nombreux touristes simplement attirés par ce dont la nature a doté leur vallée: un magnifique paysage au milieu duquel, parfois, gèle un lac de 9,5 km2.

Cet hiver, cela n’a pas encore été le cas. Mais en 2012, au mois de février, le lac est resté «pédestre» pour une durée exceptionnelle de 21 jours, dont trois beaux week-ends. Du côté de chez Vallée de Joux Tourisme, on relève des retombées positives au niveau médiatique, ainsi que pour les commerces du coin. «Ceci dit, le lac gelé ne génère pas de nuitées», précise le directeur Cédric Paillard.

Tout est possible

Au-delà des commerces, cafés et restaurants situés près des rives du lac et qui profitent naturellement des visiteurs, une mini économie parallèle se développe à même la glace lorsque les conditions le permettent. Louer des patins, boire un coup, manger un morceau: tout est possible.

«Bien sûr que nous gagnons notre vie, mais on ne se fait pas une fortune comme les gens semblent parfois le penser», explique Bertrand Mouquin, qui loue des patins sur le lac les week-ends et dans sa cordonnerie du Sentier la semaine. Par ailleurs, il relève les efforts qu’implique la tenue d’un stand sur la glace. «Nous avons entre 700 et 800 paires de patins, il faut les entretenir, les déplacer, les faire sécher le soir. C’est un sacré travail», assure-t-il, tout en précisant qu’il l’accomplit toujours avec beaucoup de plaisir: «Il ne faut pas voir que le côté financier. Quand le lac est gelé, qu’il y a 10 ou 15 000 personnes dessus, c’est une ambiance incroyable, tout le monde a le sourire.» Personne ne s’y trompe: ses proches se réjouissent systématiquement de participer à l’opération à ses côtés, même si les dimanches n’ont alors plus rien d’un jour de congé.

Sociétés locales et privés

Les autres stands? Ils sont tenus par des sociétés locales ou des privés, essentiellement des gens du coin qui ne craignent pas les pieds-de-nez de Monsieur Météo; une fois que les 400 saucisses sont achetées, s’il ne fait pas beau… Il faut dire qu’en ne percevant pas de taxe auprès de qui désire faire commerce sur le lac, la Commune de L’Abbaye entend privilégier le caractère festif et spontané des journées où il fait bon s’y promener.

Les autorités se concentrent sur un défi essentiel: celui d’assurer la sécurité des visiteurs. «Nous disposons d’une carte postale magnifique, mais qui nécessite du sérieux et de la vigilance, glisse Laurent Nydegger, municipal chargé du tourisme. Par exemple, lorsqu’il fait beau, mais que les conditions ne sont pas réunies pour que le lac soit ouvert, il faut que les indications soient très claires pour que les gens n’y aillent pas.»

Du côté de la Vallée, on est prêt et motivé à exploiter la plus grande patinoire naturelle d’Europe. Ne manque qu’un petit coup de pouce du ciel.

 

Lionel Pittet