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Les courts métrages de «Mus»

26 novembre 2015

Football – Challenge League – Pur produit yverdonnois, Mustafa Sejmenovic a fait son chemin près de chez lui. Sa dernière escale est Neuchâtel. Rencontre.

Mustafa Sejmenovic, un titulaire partout où il passe. © Michel Duperrex

Mustafa Sejmenovic, un titulaire partout où il passe.

Mustafa Sejmenovic est un joueur constant, costaud, fiable, stable et positif. Il est un leader, certainement moins un aventurier. C’est sur ces qualités, tant appréciées des entraîneurs, qu’il a bâti sa carrière, jamais trop loin des siens, d’Yverdon à Neuchâtel, via Baulmes et Bienne.

Indiscutable dans l’axe de la défense d’Yverdon Sport durant de longues saisons, le Bosno-Suisse réalise un sans-faute depuis la relégation de son club formateur: trois ans en tant que titulaire dans le Seeland -dont la dernière saison avec le brassard-, et un statut de patron de la charnière centrale de Neuchâtel Xamax, équipe qu’il a rejoint cet été.

«J’en avais marre de faire les trajets jusqu’à Bienne», raconte le solide gaillard qui n’a jamais quitté la Cité thermale. La promotion des «rouge et noir» a été une aubaine pour le défenseur de 29 ans, dont l’attachement au Nord vaudois est très marqué. Désormais, il n’est qu’à vingt minutes en voiture de la Maladière. «Je ne me voyais pas voyager. C’était soit Xamax, soit un club de 1re ligue de la région.» Entendez Bavois ou Yverdon.

Capitaine à 23 ans

D’aucuns lui font remarquer qu’il aurait dû tenter sa chance ailleurs, qu’il en avait les capacités. Dans les faits, il a toujours eu la possibilité de poursuivre sa carrière en restant à Yverdon. Des contacts ont existé, au Tessin et à Schaffhouse. Mais voilà. Il s’est marié jeune, s’est installé dans la ville où il a grandi, où il a fait sa scolarité, où il a ses amis et sa famille. «J’étais dans un confort. Je me suis toujours senti très bien à YS, où j’étais capitaine à 23 ans. J’ai peut-être fait un peut trop long au Stade Municipal», avance-t-il, avant de souligner que, pour peutêtre évoluer à plus haut niveau, il aurait dû quitter la région entre 21 et 23 ans. «C’est à ce moment que j’aurais pu prendre des risques. Après dix saisons de Challenge League, je n’ai plus envie de faire ce genre de sacrifice. Même si, sur le plan des performances, tout va super bien, je suis plus près de la fin de ma carrière.»

Au bénéfice d’un contrat d’une année avec Xamax, il n’a pas encore décidé ce qu’il ferait la saison prochaine. «On a entamé des discussions pour une polongation, mais je suis ouvert à tout. On verra», glisse-t-il. Dans la balance, il y a le fait qu’il souhaite revenir jouer dans la région en étant encore compétitif.

D’une manière ou d’une autre, il n’est pas près de lâcher le foot. Voilà un petit moment qu’il donne des coups de main au FC Bosna Yverdon, club où il connaît tout le monde. Il a même repris les rênes de la première équipe en mars dernier, la menant à la promotion en 2e ligue. Une fonction qu’il occupe toujours, mais pas seul: en rentrant vers 18h30 chez lui, il peut donner les entraînements, mais n’est pas toujours aux commandes, le week-end.

Il profite de l’expérience pour passer les diplômes d’entraîneur, une voie qu’il se voit suivre à l’avenir, pourquoi pas auprès de jeunes talents. «Mais pour cela, tu ne peux plus jouer en même temps.»

Sur la pelouse des Isles, il fait profiter ses hommes de ses connaissances du haut niveau: «En fait, ce qui change le plus, c’est qu’à Neuchâtel, on est 22, 23 ou 24 pour faire un exercice. A Bosna, on est dix quand tout va bien!» La préparation estivale a été difficile. Avec les vacances des uns et les obligations des autres, seuls deux de ses hommes ont participé à plus de quatre entraînements. Cela s’est ressenti sur le plan comptable, même si les néo-promus ont mené huit fois en onze matches. «La pause hivernale laisse plus de temps pour se préparer, assure l’entraîneur Sejmenovic. On sera meilleurs au second tour.»

A la fois pilier d’une équipe ambitieuse et coach en formation, «Mus» jongle entre ses deux casquettes avec la sérénité qui le caractérise. Mais c’est bien la première qu’il préfère enfiler, mû, au quotidien, par l’ambiance du vestiaire, auprès de ses coéquipiers, auprès des siens.

 

L’ambition de Xamax

Xamax est 3e d’un championnat serré comme jamais. «C’est incroyable, s’exclame Mustafa Sejmenovic, en faisant référence à l’enjeu. C’est super intéressant tant pour les joueurs que pour les suiveurs. Honnêtement, on est bien classés, mais on a eu beaucoup de blessés. Si tout avait roulé, on pourrait être encore mieux.»

A l’autre bout du lac, l’Yverdonnois a découvert un grand club en reconstruction, le plus suivi de Challenge League, avec une moyenne de 3668 spectateurs à domicile. «A Bienne, avant le nouveau stade inauguré cette saison, cela ressemblait à ce que je trouvais à Yverdon: il y avait tout, mais en très ancien. Xamax, c’est un autre calibre. Du point de vue des infrastructures et de l’organisation, très professionnelles, mais aussi des attentes du public. Les gens sont exigeants.» Un des derniers exemples? Alors que les Neuchâtelois mènent 1-0 contre Aarau, les spectateurs ont sifflé une passe en retrait. Des détails dont «Mus» ne se formalise pas: «C’est lié à l’histoire du club. On vit une saison de transition, le premier objectif est le maintien. Des bases solides sont posées, mais je pense que dans une ou deux années, Xamax sera encore plus ambitieux.»

Les Neuchâtelois, qui viennent de fêter trois promotions de suite, ont régulièrement l’occasion de lever les bras à domicile, où leur équipe cartonne. «Le synthétique aide. Dessus, on peut faire des passes qui ne sont pas possibles sur l’herbe: au sol, tout va deux fois plus vite. Quand tu t’entraînes tous les jours dessus, c’est un plus», estime le défenseur central.

Depuis l’arrivée de Michel Decastel aux commandes, les Xamaxiens ont remporté trois matches sur quatre. Ils sont en forme avant le duel de ce dimanche (à 15h à Baulmes), contre Le Mont. «Quand on vient de battre le LS et Aarau, on ne peut que vouloir faire six points avant la pause», prévient Mustafa Sejmenovic.

Manuel Gremion