Logo
Les Crocos attaquent
Après avoir remporté leurs deux premières rencontres de la saison – et de la jeune histoire du club –, Hugo Cardoso (à g.), André Ribeiro (au centre) et le FTC Yverdon Crocos se sont inclinés 3-6, dimanche dernier contre Saint-Aubin I, pour leur première journée à domicile. © Michel Duperrex

Les Crocos attaquent

4 décembre 2021 | Edition N°3095

Futnet – Après avoir testé la discipline lors d’un tournoi de découverte, une bande de copains d’enfance a décidé de fonder son propre club à Yverdon l’an passé. Et l’équipe s’est lancée à l’assaut du championnat de 3e ligue cet automne.

Un filet de volleyball traverse la salle de la place d’Armes, bien au-dessous de sa hauteur habituelle. Deux poteaux en bois le soutiennent. Le FTC Yverdon Crocos accueille sa première rencontre à domicile, en ce dimanche matin de novembre. Pour recevoir au mieux leur adversaire du jour, Saint-Aubin I, les membres ont fait avec les moyens du bord, mais avec une certaine ingéniosité. Tout n’est pas encore parfait, certes – à l’image du classeur à arceaux retourné qui fait office de panneau pour afficher le score, et ne se révèle finalement pas aussi pratique qu’espéré – mais le club s’est indéniablement appliqué à agencer au mieux la petite salle. Et a même eu droit au soutien de quelques spectateurs, qui ont pris place sur les bancs sortis pour l’occasion.

Si les Crocos ont vu le jour, c’est grâce à un petit groupe d’amis, quasi tous passés par le foot, qui a décidé d’aller tester le futnet lors d’un tournoi visant à promouvoir la discipline. «L’un de mes collègues y jouait, et cela m’a intrigué, car je n’avais jamais vu ce sport, raconte André Ribeiro, président du FTC Yverdon. Comme son club organisait une coupe un peu humoristique, avec pour but d’amener un maximum de gens à tester la discipline, on a décidé d’y participer avec une petite équipe. On a beaucoup apprécié l’état d’esprit, et l’idée de créer un club chez nous a mûri pendant un ou deux mois.» Avant que celui-ci ne voie finalement le jour en juillet 2020, bien que ces membres aient dû attendre près d’une année et demie de plus pour disputer leur premier match de championnat en raison du Covid.

Avec désormais trois rencontres à leur actif, les Crocos ont pu constater que la mentalité qui leur avait tant plu lors de leur tournoi d’essai est la même lors des compétitions plus sérieuses. «J’ai joué au foot pendant vingt ans donc, forcément, je suis impressionné par le fair-play qu’il y a lors des matches de futnet, rigole le vice-président Hugo Cardoso. Il n’y a pas de prise de tête, ni de tension entre coéquipiers, que du fun. Le club qui reçoit organise l’apéro d’après-match, et lorsqu’il y a des points litigieux, on discute avec l’équipe adverse.»

 

«Quand on a testé le futnet, on a beaucoup apprécié l’état d’esprit, et l’idée de créer un club chez nous a mûri pendant un ou deux mois.» André Ribeiro, président du FTC Yverdon Crocos

 

D’ailleurs, lors de la rencontre contre Saint-Aubin I, les Neuchâtelois n’ont pas hésité à accorder un point aux Yverdonnois alors même qu’André Ribeiro, chargé de l’arbitrage, avait annoncé que la balle était dehors. «Non non, c’est bon, elle est dedans», ont-ils tout de suite rectifié, offrant ainsi une balle de match aux Crocos. Qui ont, dans la foulée, remporté leur premier affrontement à trois contre trois de la journée (lire encadré ci-dessous).

Mais alors, si la bonne réputation du futnet est justifiée, pourquoi avoir choisi un animal aux mœurs plutôt sanguinaires? «En championnat, il y a un peu ce modèle à l’américaine, avec beaucoup d’équipes qui ont des noms d’animaux. On en voulait un vert, pour représenter Yverdon, explique André Ribeiro. On a établi une liste avec cinq ou six possibilités, et les membres ont voté.» «Il y a eu une grosse finale entre les Snakes et les Crocos, plaisante Hugo Cardoso. On a ensuite pu faire des maillots avec le logo créé par notre secrétaire Diogo De Sousa, grâce aux cotisations. Mais pourquoi ne pas trouver un sponsor à l’avenir?»

Le club, qui compte actuellement huit membres et une équipe, ambitionne aussi d’élargir son offre. En créant une deuxième formation et, si l’intérêt est là, une équipe féminine. «L’une des missions que la fédération suisse s’est donnée pour ces prochaines années est de développer les possibilités pour les jeunes de pratiquer le futnet. Alors, on pourrait aussi imaginer avoir des juniors», souligne Diogo De Sousa.

En attendant, les Crocos ont des adversaires à croquer. Mais sans pression, puisqu’il n’y aura ni promu, ni relégué dans aucune des ligues à l’issue de la saison, plusieurs équipes s’étant retirées à cause des restrictions sanitaires. De quoi se mettre dans le bain tranquillement.

 

Neuf matches par rencontre

En championnat, les rencontres de futnet – qui allie la technique footballistique aux règles du tennis – se disputent en neuf matches. Les deux équipes adverses s’affrontent lors de trois parties en trois contre trois, trois doubles et trois simples. Une fois le ballon en jeu, chaque équipe a droit à trois passes et deux rebonds (deux touches et un rebond au sol en simple) avant de renvoyer la balle dans le camp adverse. Celle-ci peut être touchée avec toutes les parties du corps, à l’exception des bras et des mains.

«La première touche est primordiale, précise André Ribeiro. Contrairement au foot, on ne doit pas chercher à contrôler la balle et l’arrêter, mais à la donner haute à son coéquipier.» «Les smashes sont particulièrement difficiles à maîtriser, complète Hugo Cardoso. Au début, tu casses trois vitres par entraînement…» La première équipe qui inscrit quinze points remporte le match, et chaque match gagné vaut un point au classement. De quoi pousser à rester concentré jusqu’au bout de la rencontre.

Muriel Ambühl