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Les Docteurs Maboul de la musique

29 novembre 2018 | Edition N°2385

Raphaël Noir et Nicolas Heiniger décomposeront les plus grands titres de la chanson et analyseront les clés de leur succès avant de produire un morceau inédit avec l’aide du public, samedi au Conservatoire.

Avec près de deux millions de vues sur Youtube, le titre du chanteur français Calogero Je joue de la musique fait un carton. Mais pourquoi? Le musicien et coach scénique Raphaël Noir a sa petite idée: «Il a repris des accords de I will survive de Gloria Gaynor, soit une musique de stade de football, dévoile-t-il avec humour. Et pour bien flouer les gens, il a créé un clip dans un univers très rock’n’roll, avec des guitares et des basses dans un hall industriel. Mais en fait, c’est de la musique de mariage que l’on passerait à 3h du matin!»

Drôle et sans chichis, l’ancien chroniqueur de l’émission C’est la jungle! de la RTS décryptera plusieurs titres célèbres avec le journaliste et musicien Nicolas Heiniger, lors de la première masterclass intitulée «Autopsie des tubes», samedi au Conservatoire de musique du Nord vaudois (CMNV), à Yverdon-les-Bains. Un atelier rendu possible grâce à un nouveau don et que le directeur de l’école souhaite voir perdurer.

Ils ne se prennent pas au sérieux et pourtant, Raphaël Noir (à g.) et Nicolas Heiniger ont une sacrée expérience du monde musical. Ils tenteront d’en esquisser les contours avec humour, samedi. © DR

Ils ne se prennent pas au sérieux et pourtant, Raphaël Noir (à g.) et Nicolas Heiniger ont une sacrée expérience du monde musical. Ils tenteront d’en esquisser les contours avec humour, samedi. © DR

Après avoir décortiqué et analysé des chansons et leur clip, ils vont tenter de créer un tube, avec l’aide du public. «Le but, c’est de montrer aux gens comment ils se font avoir par l’industrie du disque et pourquoi on est d’accord de se faire avoir, confie le Champagnoux Raphaël Noir. Car derrière un tube, il y a toujours les mêmes ficelles qui sont utilisées encore et encore.» Après avoir décomposé près de 200 morceaux, les deux passionnés de musique ont découvert les ingrédients magiques du succès. «Pour qu’un titre marche, il faut un certain rythme, une sonorité, un personnage et une histoire derrière tout ça», souligne le Nord-Vaudois. Pour devenir un grand artiste, il faut la maîtrise de tous ces éléments.»

Du vieux remis à neuf

Calogero n’est pas le seul artiste à s’inspirer de ses collègues. Des airs de tango repris dans La Macarena aux titres d’Ed Sheeran, tout le monde se calque sur ce qui a du succès. Et pour les clips, c’est pareil. Il y a toujours les mauvais garçons, les poètes romantiques, les révolutionnaires ou encore les femmes libérées. «C’est comme les cuisiniers qui ont toujours les mêmes ingrédients et qui arrivent pourtant à créer de nouvelles recettes de salade tomates-mozzarella en introduisant le petit élément inédit», image Raphaël Noir, précisant qu’il faut toujours garder une base connue du public pour qu’il puisse s’y raccrocher.

Finalement, selon les deux experts, ce n’est pas tant la nouveauté qui intéresse les auditeurs que l’émotion que la musique procure. «Si on utilise depuis des siècles les mêmes images, c’est parce que c’est ce qui nous titille, ce qui nous touche au plus profond de nous. Et c’est ça la musique, c’est un immense exercice de séduction, car on a besoin de rêver et de s’émerveiller.»

Autopsie des tubes, samedi de 13h à 18h30, au CMNV.  Entrée: 10 francs.

Christelle Maillard