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Les efforts n’ont pas porté leurs fruits

26 février 2014

Selon les chiffres de la Régie fédérale des alcools, l’année dernière a été catastrophique pour les distilleries du pays, puisqu’il s’agit du pire exercice jamais enregistré. Le point avec le responsable de la Distillerie Michel, à Cheyres.

La distillerie à façon de Julien Michel, à Cheyres, est l’une des dernières structures en Suisse à pratiquer la méthode charentaise de passe et repasse, qui consiste à effectuer une double distillation.

La distillerie à façon de Julien Michel, à Cheyres, est l’une des dernières structures en Suisse à pratiquer la méthode charentaise de passe et repasse, qui consiste à effectuer une double distillation.

A la tête d’une distillerie familiale transmise de génération en génération, le Cheyrois Julien Michel dresse un bilan très négatif de l’année dernière. «La production a été d’environ 50% inférieure à la normale. C’est en fait la deuxième mauvaise année de suite», constate-t-il. En cause : un printemps pluvieux, favorable à la moniliose (une maladie provoquée par un champignon) et néfaste pour la pollinisation, les abeilles ayant préféré rester dans leurs ruches lors de la période clé de la floraison.

Mettre les fruits dans le même panier face à la conjonction d’éléments défavorables serait toutefois un raccourci. «Les cerises et les coings ont particulièrement souffert. Certaines variétés de prunes ont bien donné et c’est une année moyenne pour la poire. Les fluctuations sont aussi liées aux différentes régions», précise Julien Michel pour lequel les fruits à noyaux représentent environ 60% de la production, contre 40% de fruits à pépins.

Le distillateur avoue ne pas avoir assisté souvent à la succession de deux années de mauvaise cuvée, néanmoins, il relativise le coup du sort dans ce domaine qui correspond à 60% de son activité. «La moyenne se fait sur plusieurs années. Il faut mettre l’argent de côté lorsque cela se passe bien, comme en 2011, où le bilan a été exceptionnel », relève-t-il.

La Distillerie Michel est l’une des dernières représentantes de la région, avec, notamment, la Distillerie Pellet, à Valeyres-sous-Rances et la Distillerie du Risoux, aux Charbonnières, spécialisée dans la gentiane. Dominique Bonny-Honegger, le patron de cette dernière, parle d’une «année convenable» pour ce produit.

Clientèle nord-vaudoise

«Le Nord vaudois est notre principale source de clients», indique le jeune patron de la structure cheyroise, qui observe plusieurs évolutions dans la relation à l’eau-de-vie. «De moins en moins de monde distille. Les jeunes préfèrent d’autres alcools forts, comme le whisky et la vodka, précise-t-il. Il y a 25 ans, lorsque mon père s’occupait de la distillerie, des agriculteurs venaient avec des chars remplis de tonneaux. Aujourd’hui, ce sont essentiellement des privés qui souhaitent faire une petite quantité d’eau-de-vie à partir de leurs arbres fruitiers», ajoute Julien Michel. Un autre changement a trait à la perception des clients sur la marchandise. «De nos jours, les gens accordent plus d’importance à la qualité. Ils préfèrent avoir moins de litres et un résultat optimal», souligne le distillateur.

Selon lui, les compensations écologiques liées à l’attribution des paiements directs dans le milieu agricole pourraient relancer la distillation. En attendant, il ne reste qu’à lui souhaiter de pouvoir bénéficier d’un printemps favorable.

Ludovic Pillonel