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Les élèves découvrent les métiers de la construction
Les lunettes de réalité virtuelle permettent aux jeunes de s’immerger dans les activités professionnelles. Ils ont particulièrement aimé cette séquence d’information. © Michel Duperrex

Les élèves découvrent les métiers de la construction

11 novembre 2022

La formation professionnelle passe à la vitesse supérieure en matière de communication, en collaboration avec les écoles.

A la veille du Salon des métiers et de la formation, qui se tiendra la semaine prochaine à Beaulieu Lausanne, plusieurs dizaines d’élèves de l’Etablissement secondaire d’Orbe et environs ont bénéficié lundi dernier d’une opération de communication originale, organisée par la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) en partenariat avec la FVMFAC, faîtière des maîtres ferblantiers, appareilleurs et couvreurs, qui a créé le label Experts Maison, et bien entendu la direction de l’Etablissement.

Cette opération est désormais conduite avec un bus de la formation mis à disposition par la FVE et animé par Ylana Giner et Justine Bachmann, employées de commerce de l’institution, qui a fait halte lundi dernier à Orbe.

Durant ce bel après-midi d’automne, les élèves sont venus, par petits groupes, à la rencontre de leurs hôtes. Justine Bachmann, à l’aide de quelques pancartes plus parlantes que d’épais documents, a présenté les nombreux avantages de la formation professionnelle en général, et des métiers de la construction en particulier. Plusieurs écoliers ont ainsi été surpris de découvrir qu’au terme de la formation, un maçon gagne sensiblement plus qu’une employée dans les domaines de la santé ou administratif.

Les deux jeunes communicatrices insistent aussi sur la possibilité qu’offre la formation professionnelle. Elle n’exclut pas définitivement d’autres aspirations, notamment l’accès à des études universitaires. En effet, à tous les niveaux, et pratiquement sans restrictions d’âge, des passerelles permettent de passer à une autre activité.

Et puis, pour découvrir plus spécifiquement les métiers présentés, ils ont passé les lunettes de réalité virtuelle, un dispositif qui leur a manifestement plu, puisqu’il figure au nombre des outils de communication préférés des jeunes.

Pour Patrick Simonin, en charge de la formation à la FVE, cette initiative, déployée sur l’ensemble du territoire cantonal, devrait favoriser l’attrait des professions de la construction auprès des jeunes. La FVE représente 14 métiers et, avec trois associations partenaires, ce sont quelque 23 métiers qui sont enseignés à son centre de Tolochenaz.

L’opération menée avec le bus de la formation a été proposée à 52 établissements secondaires vaudois. Le tiers ont rapidement répondu et de fin septembre, moment où l’opération a été lancée au Pays-d’Enhaut, au début de l’an prochain, près d’un millier d’élèves de dernière année scolaire auront été sensibilisé.

Ce dispositif est à disposition de tous les membres des associations partenaires, pour des événements d’entreprise et autres opérations publiques. Il sera par exemple présent, avec ses animatrices, lors de l’opération portes ouvertes organisée à Tolochenaz le 3 décembre prochain, de 9h à 17h. Cette manifestation est publique et il n’est pas nécessaire de s’y inscrire.

C’est une belle occasion pour les jeunes gens à la recherche d’une formation, et leurs parents, d’obtenir des informations, voire des compléments, sur la lancée du Salon de la formation et des métiers qui se tient la semaine prochaine, lors duquel des milliers d’écoliers vaudois seront accueillis.

«Notre but, et celui de nos partenaires, consiste à éveiller les curiosités. On parle de la formation professionnelle au sens large et on présente ensemble nos métiers», explique Patrick Simonin.

 

Une démarche bien perçue

 

L’opération séduction de la FVE et de ses partenaires est bien notée par le public cible.

La démarche d’information déployée auprès des établissements secondaires du canton par la Fédération vaudoise des entrepreneurs et ses partenaires (suite de la page 21) est très bien perçue par les élèves, quand bien même certains d’entre eux ont déjà choisi une voie de formation professionnelle, ou l’entrée au gymnase dans la perspective de suivre des études supérieures.

«C’est intéressant de découvrir ce qui est proposé, même si, en ce qui me concerne, j’ai déjà fait mon choix», explique Louisa. Et d’ajouter: «J’ai fait un stage dans un bureau d’architecte d’intérieur et cela m’a plu. C’est vraiment ce que je veux faire. Je vais commencer par faire un apprentissage de dessinatrice d’architecture d’intérieur et je prévois d’aller ensuite dans une école à Fribourg, pour devenir architecte d’intérieur.»

Chez cette grande adolescente, le choix est inspiré par un intérêt qui, chez elle, s’est manifesté dès la prime jeunesse: «Depuis toute petite, j’adore faire les plans des maisons et leur décoration. Mon père m’a dit que ce métier existait. Et la suite est venue logiquement.»
Fetie a, elle aussi, déjà fait son choix, ce qui ne l’empêche pas d’avoir été très intéressée par la présentation d’autres métiers: «Je vais faire un apprentissage d’employée de commerce. J’ai trouvé la démarche intéressante parce que sont des métiers dont on ne parle pas très souvent. J’ai aussi été intéressée par la comparaison des salaires. Mais pour moi, le choix est fait. Les cours de droit et d’économie m’intéressent et j’ai des cousines qui sont employées de commerce. Il ne me reste qu’à trouver une place d’apprentissage.»

Quant à Anthony, il est certainement un des rares élèves qui connaît déjà un peu les professions présentées: «Mon oncle est installateur en chauffage. Lors de la dixième année scolaire, j’ai eu l’opportunité de faire une semaine de stage avec lui et j’ai bien aimé. C’était très sympa. Je n’ai pas encore de place d’apprentissage, mais c’est ce que je veux faire. Je dois préparer une lettre de motivation et passer les tests de sélection.»

Le stage d’installateur en chauffage a été déterminant dans le choix opéré par Anthony: «Avant, je voulais faire cuisinier. J’aime bien la cuisine et j’ai beaucoup cuisiné avec ma maman.»

Directeur de l’Etablissement secondaire d’Orbe et environs, Patrick Tharin accorde beaucoup d’importance à cette période charnière au cours de laquelle les élèves doivent choisir une formation: «A part cette opération, ils bénéficient de présentations en classe, notamment du Centre professionnel du Nord vaudois, de l’Ecole technique de la vallée de Joux, ou encore de l’Ecole de soins et santé. Et puis ils se rendent aussi au Salon des métiers et de la formation. On participe aussi au programme LIFT.»

Durant la dixième année, les élèves sont aussi encouragés à effectuer une semaine de stage et le panel des prestations de l’école dans les domaines de l’information et de la sensibilisation est très large. L’école oeuvre aussi en partenariat sur le plan local. «Nous avons beaucoup d’apprentis dans les grandes entreprises, telles Nestlé, Alvazzi et Electroval», explique le directeur de l’Etablissement.

La présence de nombreux artisans et industries dans la région d’Orbe contribue sans doute à dynamiser les relations avec les autorités scolaires. Il faut dire aussi que la formation professionnelle doit assurer son retour en grâce, une démarche lancée alors que la conseillère d’Etat Cesla Amarelle était en charge du département.

La volonté des autorités est clairement de revaloriser cette voie, non seulement pour rééquilibrer les effectifs –trop de jeunes gens choisissent le gymnase sans avoir un vrai projet et reviennent dans le circuit de la formation professionnelle–, mais aussi parce que l’économie manque de professionnels dans de nombreux domaines, en particulier dans celui, très vaste, de la transition énergétique.

Dans cette optique, Patrick Tharin et ses collègues préparent un projet de forum interne à l’école, qu’ils espèrent concrétiser en 2024. L’idée générale est d’inviter des petits patrons à parler de leurs activités et entreprises, mais aussi d’inviter les parents à participer à l’événement, en particulier à la présentation prévue en conclusion.

Membre du comité du SEMO Nord, Patrick Tharin a invité ses collègues à découvrir cette institution, véritable structure de transition, dont beaucoup ignoraient même l’existence.

Partie de l’Etablissement secondaire d’Orbe et environs, cette démarche s’inscrit parfaitement dans les intentions des autorités cantonales, résumées dans la réponse donnée par le Conseil d’Etat à un postulat récent.

Isidore Raposo