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Les hôtes du TBB peaufinent leur nouvelle création
Sandra Gaudin et ses acolytes, actuellement en résidence au TBB, dévoilent leur dernière création: «Sallinger». Rencontre.

Les hôtes du TBB peaufinent leur nouvelle création

25 février 2016 | Edition N°1689

Yverdon-les-Bains – La Compagnie Un Air de Rien prépare son nouveau spectacle, «Sallinger», qu’elle présentera au Théâtre Benno Besson, puis en Suisse romande. Rencontre avec la metteur en scène.

La metteur en scène Sandra Gaudin se réjouit de présenter ce projet qui lui tient à coeur. © Carole Alkabes

La metteur en scène Sandra Gaudin se réjouit de présenter ce projet qui lui tient à coeur.

L’union entre le Théâtre Benno Besson (TBB) et la Compagnie Un Air de Rien (lire ci-dessous), emmenée par Sandra Gaudin, Hélène Cattin et Christian Scheidt, est sur le point d’accoucher d’une quatrième création, que le public nord-vaudois aura l’occasion de découvrir au début du mois prochain.

Ce nouveau spectacle «Sallinger», de Bernard-Marie Koltès, embarquera le public chez une famille américaine dévastée par un suicide, dans les années 60. Le défunt, dénommé le Rouquin, a décidé de mettre fin à ses jours après avoir appris qu’il ne pourrait pas participer à la guerre du Vietnam. Son personnage revient d’entre les morts pour hanter le quotidien perturbé des siens.

Au bord du gouffre

Les adolescents de l’époque, comme ceux d’aujourd’hui, doivent faire face à un monde où la guerre réapparaît avec fatalité, de manière cyclique.

L’ambition de la pièce proposée par la Cie Un Air de Rien est, précisément, de recnontrer «ces jeunes qui errent, en proie au vertige, au bord du vide», indique la metteur en scène Sandra Gaudin. Aucun d’entre eux ne sortira vivant de ce face-à-face avec l’abîme, laissant les parents seuls en scène.

Sur le fond, le tableau est particulièrement sombre, certes, mais les comédiens en résidence à Yverdon-les- Bains ont souhaité l’interpréter de façon burlesque et décalée, avec l’aide de personnages hauts en couleur. Un recours à l’humour que Bernard-Marie Koltès revendiquait, quand bien même les mises en scène de ses textes n’intégraient, la plupart du temps, que le drame pur et dur.

Légèreté dans le drame

Ce traitement nouveau de «Sallinger» constitue, selon Sandra Gaudin, également une innovation pour la compagnie. «D’habitude, nous insérons de la gravité dans le comique, alors que cette fois-ci, nous prenons le chemin inverse», explique-t-elle.

L’originalité de la démarche n’est, pour autant, pas la seule motivation de la metteur en scène. «La langue de Koltès me fascine. Son écriture est charnelle, instinctive et très rythmique, animale», relève-t-elle. L’animalité de l’être humain, dont le comportement est soumis aux concepts de «violence, de pouvoir et de territoire», est, justement, spécialement mise en avant par l’auteur français décédé en 1989.

«Le spectacle s’appuie sur huit acteurs et un musicien. Il y aura un danseur brésilien et des jeunes issus de l’école de théâtre La Manufacture. Jeanne Moreau assurera la voix off. Ce projet me tient à coeur. Il s’agira d’une sorte de théâtre dans le théâtre, à la Lynch, dans lequel il faut accepter de se perdre», conclut Sandra Gaudin.

«Sallinger», de la Compagnie Un Air de Rien: mardi 1er mars, mercredi 2 mars et vendredi 4 mars, à 20h, ainsi que dimanche 6 mars, à 17h, au Théâtre Benno Besson. Infos sur www.theatrebennobesson.ch

«Le luxe total» selon Sandra Gaudin

La Cie Un Air de Rien se plaît au Théâtre Benno Besson

La metteur en scène de la Compagnie Un Air de Rien ne tarit pas d’éloges sur l’escale de sa troupe au Théâtre Benno Besson. «Nous y sommes en résidence depuis deux ans. Sallinger est notre quatrième création, après Farniente, Vice Versa -un spectacle pour les enfants que nous allons reproposer cette année- et Midi, théâtre!», indique Sandra Gaudin. La cofondatrice de la compagnie apprécie particulièrement le cadre de travail proposé dans l’établissement culturel yverdonnois. «C’est le luxe total. Nous pouvons répéter dans un endroit chauffé, avec une structure technique de qualité et des gens sympas et compétents», tient-elle à souligner.

«Avec Thierry Luisier, nous nous sommes mis d’accord sur une résidence de trois à cinq ans», ajoute Sandra Gaudin.

Le directeur du TBB se dit également satisfait de la «très bonne collaboration. En ce qui concerne la suite, nous ferons une première évaluation après ce spectacle. Un projet est d’ores et déjà prévu avec la compagnie pour mars 2017. Cette dernière joue dans d’autres villes, ce qui est un bon indicateur de la reconnaissance de son travail», indique-t-il.

Ludovic Pillonel