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Les Jeux du Castrum aux soins palliatifs

13 novembre 2015

Yverdon-les-Bains – La manifestation trentenaire qui, depuis plusieurs mois, se cherche un nouveau souffle pourrait ne pas avoir lieu, sous sa forme actuelle, l’année prochaine. Au profit d’un «volet culturel» intégré aux Numerik Games.

En quête de modernisation, l’avenir de la manifestation, plus que trentenaire, est des plus incertains. © Jacquet -a

En quête de modernisation, l’avenir de la manifestation, plus que trentenaire, est des plus incertains.

Ironie du sort, si, au rayon des manifestations yverdonnoises, l’année 2015 restera comme celle de la renaissance de la Braderie de la Plaine, grâce à l’impulsion du comité des Brandons, elle sera peut-être aussi celle qui aura vu mourir les Jeux du Castrum, sous leur forme actuelle; cette véritable institution de la Cité thermale qui, depuis 1979, à l’initiative du syndic Pierre Duvoisin, offrait, tous les deux ans, un festival des arts vivants gratuit au cœur de la vieille ville, afin «de redonner au milieu urbain sa vocation sociale originelle», ainsi que l’avait rêvé l’ancien édile.

Exit Dahlia Production

En effet, selon nos informations, Dahlia Production -entité formée par le scénographe David Deppierraz et la comédienne Laurence Iseli- à qui il incombait, depuis 2007, d’assurer la programmation des Jeux du Castrum s’est vu signifier, par le Service de la culture d’Yverdonles-Bains, la fin de son mandat. Un simple processus de renouvellement nécessaire afin d’offrir un nouveau souffle à la prochaine édition, prévue, selon le calendrier initial, en 2016? Une édition pour laquelle, d’ailleurs, il existe une ligne de crédit de 60 000 francs au budget 2015.

Peu probable, hélas. Puisque, toujours selon nos informations, les programmateurs n’auraient pas été remplacés et c’est donc bel et bien la décision «de faire évoluer» cette manifestation plus que trentenaire qui aurait été prise, quitte à faire l’impasse sur l’édition de l’été prochain. Une mue dont l’origine remonterait à plusieurs mois, le chef du Service de la culture de la Ville, notamment, ayant alors fait part de sa volonté de voir la manifestation se moderniser -ceci, par ailleurs, à juste titre, selon bien des avis.

Mais voilà, la bonne idée peine, semble-t-il, à venir et finit par se concrétiser, mais pas au bon endroit. Puisque, quasi simultanément, au début du printemps dernier, et alors que dans les «couloirs» de la culture yverdonnoise on parle, de plus en plus, d’un projet de «Jeux du Castrum 2.0», la Maison d’Ailleurs, soutenue par la Municipalité, annonce la création d’une manifestation à la consonnance tout aussi moderne: les Numerik Games, dont le teaser a eu lieu, avec succès, sur la place Pestalozzi, le 5 septembre dernier.

Pourtant complémentaires

De quoi faire suffisamment d’ombre aux Jeux du Castrum? Tout porte à croire que oui, étonnamment. Puisque, selon nos sources, le Service de la culture, sous condition d’une «programmation» dans laquelle il pourrait se reconnaître, aurait, depuis, proposé une partie du budget initialement dévolu à la manifestation trentenaire pour que soit intégré un volet culturel aux Numerik Games l’été prochain. Un festival qui, pour rappel, n’a pourtant pas pour vocation première d’être un événement culturel, mais aspire à «offrir une plateforme originale et unique en Suisse pour les entreprises, ingénieurs, créateurs et artistes qui prennent en compte dans leurs activités les nouvelles possibilités ouvertes par le numérique». Bref, une manifestation pluridisciplinaire, mêlant, certes culture, mais avant tout, technologie, inovation, économie, recherche et formation. Et, donc, bien plus complémentaire que concurrente aux Jeux du Castrum. Et ceci, d’autant plus, que la réalisation des Numerik Games n’a jamais dépendu d’un éventuel financement de la part du Service de la culture yverdonnois et qu’il est donc, a priori, financièrement envisageable de faire co-exister les deux manifestations.

Aussi, faut-il donc en déduire que la tenue de deux festivals de cette taille, à quelques jours d’intervalle, à la fin de la belle saison, aurait été jugée trop ambitieux pour la Cité thermale? -ce qui, même avec les seuls Numerik Games, sera pourtant bien le cas avec la venue, en 2017, de la Schubertiade d’Espace 2. Ou alors, bien mieux, que l’abandon des Jeux du Castrum sous leur forme actuelle trahit l’annonce future d’un nouveau format? D’une toute nouvelle manifestation dans la Cité thermale? Les paris sont ouverts.

Raphaël Muriset