Logo

Les Jeux selon Laurence Rochat

6 février 2014

Jeux Olympiques – L’ex-fondeuse combière a encore la flamme, quatre ans après ses dernières Olympiades. Elle suivra attentivement les épreuves de Sotchi à la télévision, avec un peu de recul, mais toujours autant d’amour pour le sport. Rencontre.

Laurence Rochat n’a rien oublié de ses trois aventures olympiques. Des événements empreints de magie.

Laurence Rochat n’a rien oublié de ses trois aventures olympiques. Des événements empreints de magie.

Quatre ans après ses derniers Jeux, à Vancouver, et sa retraite sportive, Laurence Rochat, 34 ans, reste la dernière régionale à avoir participé à des JO. Et surtout à y avoir remporté une médaille. C’était en 2002, en relais de ski de fond, à Salt Lake City.

Aujourd’hui en charge du département hospitality chez Audemars Piguet -l’accueil des visiteurs du monde entier- au Brassus, l’ex-fondeuse de la vallée de Joux est certainement la mieux placée, dans la région pour évoquer les Jeux olympiques et l’engouement qui les entoure.

Les Jeux

En 1988, devant sa télé, Laurence Rochat regardait les JO de Calgary et rêvait, un jour, d’y aller. Issue d’une famille de mordus de ski de fond, elle a fait de ce rêve un accomplissement en 2002, à 22 printemps. Un objectif qu’elle s’était fixé sept ans plus tôt, à son premier titre de championne suisse, aussi parce que son père n’avait pas vraiment pu tenter sa chance, trop occupé par son domaine agricole. «Participer aux Jeux est exceptionnel, car se qualifier est très difficile. Il faut gagner sa place, relève-telle. Et il n’y en a que tous les quatre ans.»

L’ambiance

De ses trois participations, à Salt Lake -juste après le 11 septembre, dans une atmosphère un peu tendue-, Turin et Vancouver, elle garde d’innombrables souvenirs. «Ce sont des expériences uniques et différentes, mais avec une constante : la magie des Jeux», résume-telle. A ses yeux, le rendez-vous canadien reste le plus beau, «car les gens étaient si gentils et si fiers de nous accueillir».

C’est «tout ce qu’il y a autour» qui rend les JO si singuliers. «On est avec les autres athlètes, les autres nations, on porte les mêmes habits que nos compatriotes : tout est différent. La grande famille du sport est réunie. Et même s’il y a beaucoup de pression, l’ambiance est magique.» «Depuis lors, l’impossible n’existe plus pour moi.»

La consécration

Lorsqu’elle évoque sa médaille de bronze, c’est «d’un jour parfait» que Laurence Rochat parle. Si elle s’est atténuée avec le temps -forcément-, l’émotion est toujours vive. «Il fallait que je me pince pour être certaine que c’était vrai. Pleurer de joie, ce n’est pas quelque chose qui arrive mille fois dans la vie, c’était un bonheur intense, un mélange de tout, un petit miracle», lance- t-elle en vrac, douze ans plus tard, avec un sourire qui en dit long.

Un exploit, des sentiments, qu’elle n’a pas gardé rien que pour elle, mais qu’elle a pu partager avec ses coéquipières du relais. «On avait toutes super bien couru ce jour-là. C’était génial.» Ce sont des moments dont elle ne parle pas beaucoup.

Un nouveau statut

Mais il n’y a eu que quatre médailles suisses en fond aux JO. «Alors ce sont les gens qui te les rappellent. C’est quelque chose qui revient tout le temps, c’est pour la vie, confie-t-elle. Tu rentres dans l’histoire.» Les médaillées ont été accueillies à Kloten. Pour Laurence Rochat, cela s’est poursuivi à Yverdon, où se bousculaient près d’un millier de personnes, puis au Lieu, dans une salle bondée.

«J’étais complètement excitée, mais exténuée. Quand je suis rentrée à la maison, il y avait vingt bouquets de fleurs derrière la porte.» Elle venait de changer de statut aux yeux de toute une vallée, de tout un pays. «En ne partant pas favorite, on ne pense pas vivre ça, encore moins recevoir tant de reconnaissance.»

La retraite

La retraite Désormais domiciliée à Jouxtens-Mézery, Laurence Rochat travaille pour la manufacture horlogère Audemars Piguet, au Brassus. Une reconversion préparée avec minutie avant sa retraite sportive, elle qui souhaitait construire une vie après le sport. «J’ai arrêté au bon moment, affirme-t-elle. J’arrivais au bout d’une histoire et Vancouver en a été la dernière pièce. Quatre ans après, je suis heureuse de ce choix, après avoir pu participer à trois Jeux olympiques.»

Elle va aborder ses premiers Jeux en tant que spectatrice depuis longtemps. Une année après son retrait du circuit, lors des Mondiaux de ski de fond à Oslo, elle avait eu de la peine à digérer de ne pas être sur la piste. «Mais j’ai maintenant pris tellement de recul que je me réjouis de suivre ces JO à la télé», lâche-t-elle.

Le ski de fond

Le ski de fond, sa passion, elle ne l’a pas pour autant abandonné. Elle le pratique encore trois ou quatre fois par semaine. «Mais je n’ai plus envie de mettre de dossard, je ne veux plus de compétition», tranche la Combière. Si elle n’a jamais arrêté de skier, les six premiers mois ont été rudes. «Puis je me suis rendu compte que j’avais besoin de ça pour trouver mon équilibre, pour m’aérer. Je fais également beaucoup de vélo.»

Elle garde aussi des contacts avec le milieu et ne manque pas une occasion d’écrire à Dario Cologna, Laurien van der Graaff et les autres, lorsqu’ils en ont besoin. «C’est un petit lien», glisse-t-elle, sans prétention.

Sotchi

Alors qu’elle s’était rendue à Londres en 2012, avec ses nouvelles responsabilités professionnelles, elle ne pourra pas aller à Sotchi cette fois. Les polémiques autour des Jeux, Laurence Rochat, positive, s’en détache. «J’ai régulièrement skié en Russie au cours de ma carrière et les infrastructures n’étaient souvent pas très bonnes, relève-t-elle. Alors, je trouve fantastique pour un pays, pour une région, d’investir autant pour le sport. Des places de travail ont été créées et les réalisations resteront ensuite.» Et d’affirmer que ce ne seront pas les «Jeux de Poutine», comme on l’entend ci et là, «mais ceux de tout le monde, ceux des athlètes».

Les fondeurs suisses

Laurence Rochat croit en les chances des fondeurs suisses de briller face à l’armada russe. Grâce à Cologna, bien sûr, en distance, mais aussi en sprint. «Tant chez les dames que chez les hommes, il y a de bonnes chances d’atteindre la finale. Et donc, pourquoi pas, de décrocher des médailles», glisset- elle, mettant en exergue les sélections internes que devront passer les hommes pour pouvoir s’élancer en sprint. Quelque chose de très inhabituel pour la Suisse.

Le peu de Romands

«J’étais la seule Romande en ski de fond, aux Jeux de 2002 à 2012», rappelle Laurence Rochat. Le problème ne date pas d’hier, les Vaudois -et les Romands en général- envoient peu de monde aux Jeux. «Cela fonctionne aussi par vague, relève la Combière. On a du monde jusqu’à 16 ans et après beaucoup moins. Fait-on moins d’efforts ? Je n’en sais rien.»

L’absence de Combier

Après les Cuendet, Freiholz ou Rochat, cela fait longtemps qu’il n’y avait plus eu un seul Combier aux Jeux d’hiver. «Pourtant, juste de l’autre côté de la frontière, ils sont au moins une dizaine», pointe Laurence Rochat, sans identifier les raisons de cette différence.

«Le système suisse oblige de faire des choix. Les jeunes ne se rendent peut-être non plus pas compte de l’immense investissement nécessaire pour y arriver. J’ai tout misé sur le sport plutôt que sur les études. Je ne veux surtout pas critiquer, peut-être que, simplement, tout le monde n’est pas prêt à le faire.»

 

 

JO – Snowboard freestyle – L’éclairage de Lucas Baume

Un petit dernier nommé slopestyle

Lucas Baume

Lucas Baume

Le slopestyle fait sa grande entrée dans les Jeux olympiques aujourd’hui déjà, à la veille de la cérémonie d’ouverture, avec les qualifications des snowboarders. Spécialiste de la petite dernière des disciplines olympiques, le jeune Combier Lucas Baume n’a pas réussi à se qualifier cette année, pas franchement aidé par une opération pour une appendicite arrivée juste avant la première épreuve de Coupe du monde à son programme.

Pas d’urgence, le rider de la vallée de Joux a encore tout le temps devant lui pour participer, une fois au moins, aux JO. Eclairage sur les épreuves de slopestlye, une discipline qui consiste à enchaîner différentes figures sur des modules -sauts et railsdans un snowpark.

La Région : Quelles sont les chances des snowboarders suisses en slopestyle à Sotchi ?

Lucas Baume : Chez les hommes, je pense que Jan Scherrer a les moyens d’atteindre la final. Tandis que chez les dames, Isabel Derungs, Sina Candrian et Elena Könz peuvent toutes les trois viser un top-10, et pourquoi pas une médaille, même si cela va être compliqué.

Y a-t-il une autre option de médaille que Iouri Podladtchikov (half-pipe) en snowboard freestyle ?

C’est clairement lui la meilleure chance de décrocher une médaille. Je suis même presque certain qu’il va en faire une. Il est tellement concentré là-dessus et il en a clairement le niveau. Depuis deux ans, ses entraînements sont basés sur sa progression pour être au top aux Jeux olympiques. Il a tout mis en place pour être sur le podium. Gagner, même. Pour les autres, cela devrait être plus difficile, mais Ursina Haller peut réaliser un bon résultat.

Vous entraînez-vous de temps à autre avec les skieurs freestyle ?

On est souvent aux mêmes endroits, lors des camps, et ce sont tous des copains, mais on ne s’entraîne pas forcément avec eux.

On entend dire que le jeune Kai Mahler a les moyens de créer la surprise en ski slopestyle…

Cela fait trois ans qu’il est sur le podium du big air des X-Games. Alors il s’est mis au slopestyle pour les Jeux, ce qui est quand même un exercice différent. Mais il a réalisé de très bons résultats en Coupe du monde, alors oui, je pense qu’il est capable de créer la surprise. On a souvent ridé ensemble et c’est quelqu’un de très talentueux, qui apprend super vite. Je dirais que c’est un skieur imprévisible, capable de réussir une nouvelle figure la première fois qu’il l’essaie. Je connais moins bien les skieurs que les snowboarders présents à Sotchi, mais si tout se déroule bien pour lui, il sera parmi les cinq meilleurs.