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Les «maîtres» ont transmis une partie de leurs secrets
De g. à dr.: Vincent Deluz, Nicolas Stalder, Christopher Hug, Maximilian Sirtl, Chaïm Glück, Florence Cavin, Ulrich Glück et Pierre Jacques ont reçu leur attestation de formation vendredi, au CIMA.  michel duperrex

Les «maîtres» ont transmis une partie de leurs secrets

5 août 2019 | Edition N°2552

Initiée en 2018, une formation en mécanique d’art a réuni huit passionnés en juillet dernier. Un savoir-faire qui pourrait être reconnu par l’UNESCO.

Au Centre international de la mécanique d’Art (CIMA), à Sainte-Croix, il a beaucoup été question de «transmission» vendredi. D’abord celle, mécanique, des mouvements, des cylindres et autres balanciers, mais aussi et surtout celle de la connaissance. Car pour la seconde année consécutive, huit candidats ont suivi une formation en juillet pour toucher du bout des doigts les mystères de la mécanique d’art. Le seul prérequis est d’être patient, un peu habile de ses mains, et avoir envie de découvrir ce monde mystérieux.

Sainte-Croix, 2 août 2019. CIMA, remise des certificats de Formation en Mécanique d’Art. © Michel Duperrex

C’est grâce à des professionnels qui ont accepté de dévoiler par petites touches une partie des secrets de leur profession, que sept hommes et une femme ont réussi à créer une horloge-automate. Une bonne partie des pièces avaient déjà été façonnées par les élèves du Centre professionnel du Nord vaudois, car il aurait été impossible de les manufacturer en aussi peu de temps.

Entre théorie, pratique et visites, les élèves ont concédé 160 heures au montage et réglage de leur pièce-école. Véritable pont entre l’art et la technologie, ces réalisations demandent rigueur, précision et patience, avec pour seule limite l’imagination. Maître horloger, automatier, sculpteur et bijoutière, les enseignants sont tous des artisans actifs.

Lien entre histoire et futur

«Certains candidats ont déjà des connaissances en horlogerie ou en mécanique de précision, mais ce n’est pas la majorité, relève Boris Masur, constructeur en mécanique d’art chez Art15 et enseignant. Il est important que le savoir-faire des maîtres, qui sont des artisans reconnus mondialement, puisse se transmettre aux générations futures. A terme, le but est d’institutionnaliser la formation.»

«Ce savoir-faire est l’ADN de la région et doit être transmis. C’est l’un des fleurons de Sainte-Croix. Plus on partage, plus on s’enrichit. », concluait le syndic Cédric Roten.

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Patrimoine immatériel de l’Unesco

En mars dernier, au terme d’un an et demi de travail pour la constitution du dossier, la Suisse, en collaboration avec la France a déposé une demande d’inscription pour que le savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art soit inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.

Horloges, boîtes à musique, automates, musique mécanique, les pièces exposées au Centre international de la mécanique d’art (CIMA) sont les témoins de cette connaissance. «Cette culture aurait tout aussi bien pu disparaître lors de la crise horlogère des années septante, relève Séverine Gueissaz, membre du comité-pilote des musées et représentante des artisans. Dans les années huitante, le pendulier Dominique Mouret a été l’un des premiers à venir s’installer à Sainte-Croix, attirant par sa seule présence d’autres artisans experts, jusqu’à créer «l’esprit de Sainte-Croix». Ici, les artisans se connaissent et collaborent. C’est l’une des forces de notre réseau et de notre dossier», conclut-elle. Le groupe de pilotage comprend des artisans du grand Besençon, et a été chapeauté par l’Office fédéral de la culture. La décision est attendue  en décembre 2020.

 

Dominique Suter