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Les maraîchers locaux font grise mine

6 août 2014

Les producteurs de légumes subissent de plein fouet les conditions climatiques défavorables qui perdurent. Aperçu dans le Nord vaudois.

Roger Martin, basé à Montagny-près-Yverdon, déplore une perte de 40% pour ses brocolis.

Roger Martin, basé à Montagny-près-Yverdon, déplore une perte de 40% pour ses brocolis.

Décidément, les représentants des métiers de la terre ne sont pas épargnés par les caprices de la météo en cette période estivale. A l’image des agriculteurs et des arboriculteurs (lire La Région du 10 juillet dernier), les maraîchers souffrent le martyr sous la fraîcheur et l’humidité.

«En cinquante ans, je n’ai pratiquement jamais vu ça», affirme Roger Martin, un représentant de la profession de Montagny-près-Yverdon. «Les dégâts sont importants sur les salades et les brocolis.
La qualité n’est pas bonne et la perte conséquente. Les maladies se développent car on ne peut pas traiter avec ce temps. Il pleut quasiment tous les jours», déplore-t-il. La météo l’empêche, en outre, de mettre en terre ses plantons, qui deviennent trop gros et la fraîcheur nocturne nuit à ses concombres sous serre.

Christian Matter, qui exploite des serres à Ependes, évoque les difficultés à assurer l’échelonnement des plantations. «Il y a des trous dans la récolte et, par conséquent, l’offre n’est pas régulière.» Le vice-président de l’Union maraîchère suisse relève que les répercussions de ce contexte chaotique se font sentir sur le marché. «Il y a déjà des demandes d’importation de salades. C’est inhabituel car la consommation est moins importante durant la période des vacances. Les prix sont en hausse d’environ 20%», observe-t-il.

Le mildiou profite des conditions humides pour s’attaquer aux salades.

Le mildiou profite des conditions humides pour s’attaquer aux salades.

Max Baladou, conseiller technique en légumes de plein champ de l’Office central vaudois de la culture maraîchère (OCVCM), le souligne, les aléas climatiques ne touchent pas que les légumes à feuilles. «Les racines qui baignent dans l’eau sont privées d’air et pourrissent. Les carottes, oignons, choux, épinards, mais aussi les radis, bref, tous les légumes sont mal en point.»

Les différentes zones géographiques sont elles aussi logées à la même enseigne : «Par la durée et les quantités de pluies déversées, nous nous retrouvons dans des conditions proches de la mousson équatoriale. Même les régions qui s’en sortent habituellement mieux que d’autres en raison de leur sol filtrant, comme la plaine du Rhône, souffrent», déclare Max Baladou.

Il signale que, dans ce contexte, les cultures abritées tirent leur épingle du jeu, mais le canton de Vaud en compte 55 hectares. Une proportion dérisoire au regard des 1200 hectares exposés aux humeurs de dame météo. «Et dire qu’au mois de juin, certains craignaient de revivre la sécheresse épouvantable de 1976», rappelle le conseiller technique de l’OCVCM.

Les tomates boudées par les consommateurs

Si les salades cultivées par l’entreprise yverdonnoise Stoll Frères «repiquent un peu du vif», ses tomates subissent le désamour des consommateurs. «Nous réalisons de très mauvaises ventes, alors qu’à cette période de l’année, les tomates représentent 40% de notre chiffre d’affaire. Elles ne peuvent pas se stocker longtemps, il y aura des pertes. La situation est identique au niveau européen, déplore Roland Stoll, directeur commercial. «Le prix est très avantageux pour les consommateurs. Il a baissé de 30 à 40%», ajoute-t-il. Selon lui, ce phénomène est imputable aux conditions climatiques défavorables à cet hôte indissociable des repas estivaux. «Les gens font moins de grillades, qui sont fréquemment accompagnées de salades de tomates. Les terrasses des restaurants qui en proposent sont aussi boudées. J’ai l’impression que beaucoup de personnes sont parties pour fuir le temps maussade », indique-t-il.