Les menaces du web

L’association yverdonnoise Black Alps a réuni plusieurs centaines d’experts, chercheurs et entreprises, la semaine dernière à La Marive, pour une série de conférences autour de l’enjeu toujours plus crucial de la cybersécurité.

«La question, aujourd’hui, n’est plus de se demander si on va subir une cyberattaque. L’enjeu est de savoir: quand…»

Le message avait le mérite d’être clair. Avec la multiplication des menaces sur le net, même les PME, et plus seulement les grandes multinationales, sont désormais susceptibles de subir des attaques de la part de pirates informatiques.

Ces menaces, ainsi que leurs potentielles solutions, constituaient l’enjeu de la rencontre organisée par l’association Black Alps à La Marive récemment. Parallèlement à l’événement principal, qui s’est étalé sur deux jours avec des conférences très techniques, une soirée nommée «événement d’entreprise» a été organisée pour les entreprises et experts locaux, attirant environ 80 personnes.

Ce Corporate Event a été l’occasion de parler de cas concrets d’attaques informatiques, comme celle subie par Sandra Feal, de la Fondation les Oliviers, basée à Lausanne. «Nous avons subi un blocage complet du réseau informatique pendant deux mois. Il était même devenu impossible de verser les salaires. Il a ensuite fallu une année pour reconstruire l’ensemble du réseau», témoigne-t-elle.

Les experts présents ont alors énuméré quelques recommandations, car, comme l’explique Mathias Payer, de l’EPFL, «il y a 100% de chance de se faire attaquer un jour. Il faut donc profiter du temps que nous avons pour se préparer au mieux.»

Quelques conseils simples existent pour se prémunir d’une attaque. Garder ses logiciels à jour, utiliser des mots de passe complexes et uniques et supprimer les comptes anciens inutilisés permettent déjà de réduire le nombre de failles potentiellement exploitables par un pirate informatique. «Les attaquants sont souvent paresseux. Il suffit parfois de faire mieux que son voisin pour éviter de se faire pirater», résume pragmatiquement Sylvain Métille, de la Faculté de droit à l’Unil.

«Il peut être bon également de réfléchir aux conséquences d’un blocage informatique. Et de se demander comment son entreprise peut s’en sortir si son réseau ne fonctionne plus, si elle n’a plus ni e-mails ni ordinateurs», met en garde Olivier Crochat de l’EPFL.

Black Alps, quésaco?

L’association Black Alps a été créée à Yverdon en 2017, mais ses activités dans le domaine de la sécurité numérique remontent à 2011. Elle se donne trois missions: promouvoir la cybersécurité en Suisse et au-delà, partager les savoirs et les expériences sur le sujet et réunir la communauté au moyen de divers événements.

La rencontre organisée en novembre a pour but de discuter des dernières avancées et des dernières menaces liées à la cybersécurité.

Black Alps reçoit en outre le soutien de la HEIG-VD et d’Y-PARC Swiss Technopole SA.

Yverdon à l’avant-garde

Près de 600 participants se sont réunis lors de l’événement principal organisé à La Marive par Black Alps, les mercredi 6 et jeudi 7 novembre. Il s’agissait notamment de divers profils techniques venant d’entreprises liées à la cybercriminalité, comme Compass Security ou Cheops Technology.

De portée internationale, l’ensemble des conférences, d’ailleurs très techniques, étaient proposées en anglais. «Le programme de cette année a, comme tous les ans, été décidé par un comité neutre ouvert à l’international, explique Sandy Wetzel, membre du comité de Black Alps. Ils ont reçu 117 soumissions venues de cinq continents, mais seulement quinze ont été retenues. Cela montre bien que cet événement n’a pas qu’un impact régional. Les conférences étaient très techniques, mais l’ambition de Black Alps est aussi de créer un événement convivial qui invite à réseauter.»