Logo

Les mille anecdotes de Pascal Couchepin

14 mai 2012

L’ancien président de la Confédération est venu spécialement de Martigny pour rencontrer l’Amicale des anciens présidents du Conseil communal d’Yverdon. L’occasion d’en savoir plus sur les coulisses de la politique fédérale. Morceaux choisis.

Pascal Couchepin, au centre de toutes les attentions, avec le municipal Marc-André Burkhard, le syndic Daniel von Siebenthal et l’actuelle présidente du Conseil Valérie Jaggi Wepf.

Jean-Louis Klaus avait promis «un grand président» pour fêter dignement le trentième anniversaire de l’Amicale des anciens présidents du Conseil communal. Autant le dire tout de suite: le président du Conseil, version 1995, a tenu parole, puisque Pascal Couchepin, lui-même, a répondu à son invitation et a donc honoré l’assemblée de sa présence samedi au Refuge de l’Escarbille, à l’heure de l’apéritif matinal!

Plutôt que de se retrouver, comme à l’habitude, dans le caveau de l’Hôtel de Ville, les anciens présidents du Conseil avaient en effet choisi le grand air et le refuge situé dans les bois, entre Cheseaux-Noréaz et Yvonand. Un endroit paisible, propice aux confidences, lesquelles ont été nombreuses de la part de l’ancien président de la Confédération, venu détendu, sans cravate, mais avec toute sa bonne humeur. «Je reconnais que j’ai un peu hésité, mais qui ne l’aurait pas fait en constatant que votre invitation tombait un samedi de printemps? J’ai finalement accepté pour plusieurs raisons. D’abord pour le plaisir de vous rencontrer, mais aussi parce qu’il est important de saluer le risque que vous avez pris, chacun de vous, d’accepter une fonction publique et donc, de passer par les élections. Vous vous êtes mis en danger et cela doit être salué, car un parcours politique est un parcours rempli de fleurs et d’épines.»

Il a raté sa carrière dans les assurances!

Pascal Couchepin a ensuite raconté la première de ses nombreuses anecdotes du jour, qui ont fait le délice de l’assemblée: «Lorsque j’étais au début de ma vie professionnelle, un grand assureur m’a proposé de rejoindre son agence. Si je devenais son collaborateur, il me remettait son agence une année plus tard, et cela valait une petite fortune! J’ai essayé, je me suis battu, mais je n’ai pas réussi à m’adapter. J’ai donc quitté le poste et la petite fortune qui me tendait les bras, pour ouvrir un modeste cabinet d’avocat et entamer ma carrière politicienne à côté. Je dois vous avouer que j’ai vite compris être plus doué pour aller chercher des électeurs que des assurés!» Comme quoi, une carrière politique tient à bien peu de choses.

Trois politiciens corrompus sur mille

D’ailleurs, ce milieu que l’on qualifie volontiers de malsain lui plaisait-il? «Vous savez, les gens qui font de la politique en Suisse le font pour le bien public. J’en parlais avec l’ambassadrice de la Colombie, qui me demandait comment il était possible qu’en Suisse, les élus essayaient par tous les moyens de s’enrichir aussitôt après avoir été élus! J’ai dû croiser mille politiciens dans ma carrière. J’en ai croisé trois qui étaient corrompus. Un, j’en suis sûr. Deux, je les soupçonne fortement. Sur mille, ce n’est pas énorme. En Suisse, nous avons des politiciens qui sont au service de leur pays.»

Le paradis fiscal à l’espagnole

Une pensée de Pascal Couchepin qu’une ministre espagnole a apprise à ses dépens: «Cette ministre me reproche le fait que la Suisse soit un paradis fiscal, ce que je conteste fortement. Je lui soumets des chiffres lui prouvant le contraire, jusqu’à ce que l’ambassadeur espagnol en Suisse ne vienne à mon secours, en expliquant à sa ministre que la Suisse n’était pas un paradis fiscal, mais qu’en Suisse, au moins, le citoyen recevait en retour l’argent qu’il payait à la collectivité, au moyen d’infrastructures de qualité. La ministre n’a pas su lui répondre!»

 

«Si elle veut que je vote pour elle…»

«Cet argent sera le bienvenu pour nous aider à installer une rampe pour les personnes handicapées, afin que celles-ci puissent franchir les quelques marches qui mènent au Jardin Ouvert.» Peter Carp a chaleureusement remercié l’Amicale des anciens présidents pour le chèque de 500 francs qu’il venait de recevoir des mains de Maximilien Bernhard.

Le Jardin Ouvert, créé en 1993 à l’initiative de Marie-Louis Barby, est donc l’heureux bénéficiaire de la générosité de l’Amicale. Son but? Mettre en place une structure de type parents-enfants, anonyme et gratuite, ce qui a fait dire à Pascal Couchepin, sur le ton de la plaisanterie bien sûr, que «le Nord vaudois était en avance par rapport à une ville conservatrice comme Martigny». Pourquoi avec humour? Parce que la responsable de la jeunesse à l’Exécutif de Martigny n’est autre que… sa fille Anne-Laure! «Si elle veut que je vote pour elle aux prochaines élections, elle devra écouter ce que j’ai à lui dire et mettre en place un Jardin Ouvert!»

Timothée Guillemin