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Les nocturnes d’Yverdon mises à mal

7 octobre 2014

Par manque de dialogue, un recours avec effet suspensif a été déposé, hier, par Unia, au Tribunal cantonal. Les horaires accordés aux commerçants avant les fêtes de Noël ne respecteraient pas le règlement communal.

L’idée de retarder l’heure de fermeture durant deux samedis, en plus d’une soirée de nocturne ne plait pas à Unia. © Duperrex -a

L’idée de retarder l’heure de fermeture durant deux samedis, en plus d’une soirée de nocturne ne plait pas à Unia.

La solution semblait trouvée pour les nocturnes d’Yverdon-les-Bains. La Municipalité a, en effet, accordé aux commerçants d’ouvrir jusqu’à 19h, au lieu de 17h, les samedis 13 et 20 décembre et de proposer une soirée de nocturne le 22 décembre jusqu’à 22h (voir La Région Nord vaudois du mardi 2 septembre). Le dossier s’est pourtant transformé en véritable sac de noeuds. Comme le révélait, hier, le journal 24 Heures, le syndicat Unia attaque en justice l’extension des horaires des deux samedis. Il a envoyé, hier, un recours au Tribunal cantonal avec effet suspensif.

«Nous avons mandaté un avocat externe, car la décision prise enfreint le règlement communal», indique Talissa Rodriguez, en charge du dossier des nocturnes d’Yverdo chez Unia, avant d’expliquer l’interprétation du syndicat de la réglementation. Il y est stipulé qu’en règle générale, les commerces sont ouverts jusqu’à 18h30 et qu’il est possible d’organiser deux nocturnes lors de la période de Noël. Le syndicat considère qu’il y en aurait trois d’organisés avec la planification actuelle.

«Historiquement, les nocturnes se déroulent durant la semaine, lorsque nous n’avons pas le temps d’aller faire les magasins. Nous avons déjà toute la journée pour faire nos achats le samedi, nous ne comprenons pas pourquoi la Municipalité a accepté cette proposition, indique Talissa Rodriguez, qui a appris la décision de la Municipalité en lisant les journaux, alors qu’elle attendait de recevoir une proposition de date de rencontre de la Société Industrielle et Commerciale Yverdon-Grandson et environs (SIC) pour en discuter, comme demandé par la Municipalité. De plus, c’est un grand sacrifice des employés que de travailler le samedi. En terminant plus tard ces jours-là, ils n’auront plus de weekend durant cette période stressante de l’année.»

Unia ne dit pas vouloir bloquer la situation, mais souhaite discuter avec la SIC. «Nous avons attendu le dernier moment pour déposer le recours, en espérant pouvoir rencontrer les membres de l’association, explique Talissa Rodriguez. Nous ne souhaitons pas ne pas avoir de nocturnes, mais nous voulons qu’elles soient conformes au règlement.»

Le dialogue est bloqué

Depuis juillet dernier, la Municipalité attend qu’Unia et la SIC se mettent d’accord sur une proposition d’horaire pour les événements précédant Noël. Ne recevant aucune proposition, la Ville a fini par trancher.

«J’ai demandé à être le représentant des commerçants pour aller négocier, mais c’était hors de question, explique le président de la SIC, Laurent Gabella. L’association ne parle pas au nom de la branche économique et les commerçants ne reconnaissent pas la légitimité d’Unia. Notre interlocuteur est la Municipalité, si elle veut faire intervenir d’autres personnes c’est son droit, mais les commerçants ne veulent pas parler à Unia.»

La Municipalité tranche

Pour les commerçants, les nocturnes n’ont plus autant de succès qu’à l’époque, si bien qu’ils souhaiteraient rester ouverts plus longtemps le samedi soir. «Nous pensions avoir trouvé la bonne formule, même le personnel se disait acquis », explique le confiseur Yves Schneider, également membre du comité de la SIC.

Dans cette situation, la Municipalité joue le rôle de l’arbitre. «Nous essayons de réunir ces deux partenaires, mais la SIC ne souhaite pas parler avec Unia. Nous avons donc tranché en choisissant de faire les nocturnes le 22 décembre au lieu du 23, comme le demandait le syndicat, et d’octroyer deux prolongations d’horaire les samedis, comme proposé par les commerçants, précise le syndic Daniel von Siebenthal. Ce qui ne plait à personne, mais tant qu’ils ne discuteront pas, nous continuerons à prendre des décisions.»

Discuter pour avancer

Vendredi dernier, alors qu’Unia menaçait de déposer son recours, une réunion de crise a été organisée au dernier moment, mais aucun membre de la SIC n’était présent. «J’ai reçu un email jeudi matin m’indiquant qu’une rencontre entre la Municipalité et Unia était organisée en fin de semaine. Le message n’était pas clair, nous n’avons pas compris que nous y étions conviés», déplore Laurent Gabella, qui était à Paris.

«Nous espérons ne pas arriver dans une situation de blocage, qui causerait des dommages économiques aux commerçants», explique le municipal Jean-Daniel Carrard, qui n’envisage pas de terminer l’année 2014 sans nocturnes à Yverdon-les-Bains. Bien que le recours soit déjà déposé, Unia précise que la possibilité de la retirer existe, en fonction de l’issue trouvée après une discussion avec la SIC, ou d’un retour sur la décision de la Municipalité.

Muriel Aubert