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Les nouvelles armes de Laure Nicodet

5 décembre 2013

Patinage artistique – L’Yverdonnoise retrouve la compétition dès demain avec les Championnats suisses élite, après sa première longue blessure. Retour sur ces mois difficiles et sur tout ce qu’elle a pu retirer de cette situation.

Laure Nicodet (ici à Yverdon) n’a rien perdu de sa grâce, et encore moins de sa motivation à se dépasser en compétition.

Laure Nicodet (ici à Yverdon) n’a rien perdu de sa grâce, et encore moins de sa motivation à se dépasser en compétition.

Le chemin de la guérison est parfois long et fastidieux. Laure Nicodet l’a appris à ses dépens cette année. Mais l’Yverdonnoise va faire son retour à la compétition, dès demain, aux Championnats suisses. Neuvième l’an dernier, c’est la deuxième fois qu’elle se frottera à l’élite du patinage artistique national. «On a hésité longtemps à m’inscrire, raconte la talentueuse Nord-Vaudoise.

Ça ne fait que deux ou trois semaines que je peux m’entraîner presque normalement.» Mais voilà, les douleurs diminuant enfin et l’appétit de la compétition grandissant, la championne suisse juniors d’il y a deux hivers se sent prête. Même si reprendre lors d’un tel rendez-vous est un pari osé, c’est aussi ce qui la pousse : «J’aime cette adrénaline», dit-elle, se réjouissant de pouvoir prouver que, malgré sa longue absence, elle est toujours là, capable de présenter de belles choses.

C’est en juillet que les ennuis ont commencé, au deuxième jour après la reprise sur la glace. «Je me suis fait une méchante entorse à la cheville droite lors de petits pas, raconte-t-elle. Les ligaments étaient touchés. Un était même à la limite de la rupture. La nouvelle était dure à encaisser, mais j’ai essayé de rester positive, de garder le moral.» Quelques semaines de béquilles et deux mois sans mettre les patins plus tard, elle retrouvait la glace.

Passer des barrières

Ce n’était que le début des complications. En s’appuyant sur sa jambe gauche, elle a réveillé une vieille douleur de ce côté aussi. A droite, la gêne a persisté au talon d’Achille. Souvent, elle a pu s’entraîner quelques jours, avant de devoir faire une pause, se tourner vers les anti-inflammatoires et les soins. «J’ai eu beaucoup de hauts et de bas, mais j’ai été bien soutenue par mon entourage. Finalement, ce n’est qu’une petite partie de ma carrière», commente-t-elle.

Laure Nicodet a essayé d’écouter son corps : «Je ne me sentais pas sûre. Devaisje prendre le risque d’essayer des choses ou devais-je attendre ? J’ai dû passer des barrière, les unes après les autres.» Elle a notamment profité du soutien d’une psychologue du sport, à Neuchâtel, où elle patine et étudie, pour surpasser ses peurs. La spécialiste lui a demandé de visualiser les sauts dans sa tête, image par image. Un labeur qui a porté ses fruits. A la mi-octobre, l’Yverdonnoise repassait ses triples.

Si ces moments lui ont permis de se concentrer sur d’autres choses, comme la souplesse et ses chorégraphies, la blessure l’a contrainte à renoncer à deux compétitions internationales. A 16 ans, c’est la première fois qu’elle a dû s’astreindre à une si longue pause, faire face à tant de frustration.

«Mais tous les sportifs passent par-là», philosophe- t-elle. Cette blessure lui a appris la patience et la gestion d’une telle situation. Laure Nicodet a non seulement pris dix centimètres en deux ans (elle mesure à présent 1m65), mais elle a certainement aussi gagné en maturité ces derniers mois. Ce qui constituait déjà l’un de ses atouts.

En devant faire l’impasse sur les stages estivaux, elle a aussi manqué des sélections. Plus que vers ces Championnats suisses, elle projette ses ambitions plus tard dans la saison. Sans avoir encore patiné, il ne lui sera pas facile de convaincre pour pouvoir se rendre aux Mondiaux juniors ou aux Européens élite. «J’espère au moins pouvoir participer à quelques compétitions internationales.»

A La Chaux-de-Fonds, elles se produira sur de nouveaux programmes, pour lesquels elle n’a donc aucune référence devant un jury. «J’ai beaucoup travaillé l’aspect artistique, afin de faire évoluer mes mouvements », glisse-t-elle. Quant à ses sauts, où elle excelle, elle présentera cinq triples, mais pas le lutz, dont le départ, piqué, la fait encore souffrir. Bien sûr, c’est celui-ci qui rapporte le plus de points… C’est donc avec de nouvelles armes que Laure Nicodet tentera de séduire.

 

Avec Pisa et Cuérel aussi

La patinoire des Mélèzes accueille les Championnats suisses élite 2014 (sic) de patinage artistique dès demain, pour les programmes courts. Les libres auront lieu samedi.

Elles seront une trentaine de participantes chez les dames, tandis qu’ils ne seront que six chez les hommes. Les catégories réservées aux couples et à la danse sur glace sont aussi à l’affiche.

Trois Nord-Vaudois seront engagés à La Chaux-de-Fonds. Laure Nicodet (Yverdon/CP Neuchâtel) et Déborah Pisa (Grandson/CP Genève) dans la compétition féminine, ainsi que Vincent Cuérel (Yvonand/CPA Yverdon) côté masculin.

Manuel Gremion